Pour la seconde fois, à Besançon, j’ai participé à la manifestation de ceux que les médias appellent « les anti-pass ». Pour ma part, je ne suis pas capable de compter mais je suis capable de comparer. En nombre, ces deux manifestations n’étaient pas aussi nombreuses qu’en 1995, ou lors des mobilisations contre les lois sur les retraites, mais elles étaient particulièrement solides, significatives, et ceci pourtant en plein pendant les vacances. Ce n’était pas des « manifestations-cérémonies », moroses, déjà défaites, pour le principe, mais au contraire des manifestations qui grossissaient au fur et à mesure qu’elles avançaient dans les rues.
Lorsque nous passions, les automobilistes jouaient du klaxon pour signaler leur solidarité ; des gens sur leur balcon ou depuis une terrasse de café applaudissaient le cortège, et les manifestants s’en réjouissaient. Manifestation colorée où chacun retrouvait une complicité, une solidarité avec les autres, ouvrait spontanément la discussion avec d’autres manifestants pourtant inconnus. Chacun portait un carton sur lequel on pouvait voir des slogans inventifs, des déclarations réfléchies, des cris de colère : « Je n’ai pas le Covid mais j’ai la rage ! », « Nous ne sommes pas de la chair à pognon », « QR code, non au traçage et au flicage », « Un peuple prêt à perdre un peu de liberté pour plus de sécurité finit par perdre les deux », et bien d’autres que je n’ai pas eu le temps ou l’occasion de photographier. Ces manifestations carnavalesques et combatives, je suis prêt à parier qu’elles ne cesseront de grossir et de s’étendre.
Les médias de masse s’emploient déjà à dénigrer ce qu’ils sont bien obligés de constater : encore une fois, malgré un matraquage incroyable qui n’a pas cessé depuis désormais près de 18 mois, la majorité du corps social est en sympathie avec ce mouvement populaire qui dit le vrai : les mots d’ordre criés étaient clairs et nets : « Manu, ton pass sanitaire on n’en veut pas ! », « Liberté ».
Et cette vérité se retrouve dans ces éléments désormais établis :
1) NON, le virus du Covid 19 n’a pas le caractère tragique du virus Ebola. Aucune surmortalité en 2020 pour la population qui a entre 0 et 65 ans. AUCUNE ! On ne meurt pas DU Covid, mais AVEC le Covid, le corps déjà usé par l’âge et la maladie. Encore faut-il ajouter que la surmortalité des plus de 65 ans reste extrêmement mesurée. Désormais tous le savent, NOUS LE SAVONS, nous qui marchons en ce moment tous les samedis dans la rue, tous ceux qui nous applaudissent comme tous ceux qui nous dénigrent. La gravité de cette crise ne justifie pas l’abolition de la démocratie, au contraire. Et les manifestants crient : « Liberté ! ».
Et 2) dès lors le « scénario catastrophe » qui justifie l’actuelle dictature sanitaire doit céder la place à une discussion raisonnée, dans une enceinte démocratique restaurée, et dans laquelle chacun reste à sa place, car le corps social n’a pas voté pour un médecin, pour un Arnaud Fontanet ou une Karine Lacombe, et nous n’avons pas à subir le paternalisme infantilisant et anti-démocratique de ces crétins sanitaires qui hantent les plateaux télé à la rescousse d’une entreprise de dépossession de nos consciences et de nos corps.
3) La volonté des pouvoirs des gouvernements technicistes, de vacciner 6 milliards d’individus avec des vaccins trop rapidement faits, et qui génèrent de trop juteux bénéfices, ne peut que susciter une méfiance légitime dans une très large fraction de la population. Car c’est un choix idéologique-techniciste et non pas scientifique-médical, qui s’accompagne, à cause même de son ampleur inouïe, d’une foi proprement religieuse dans le Dieu Innovation et le Dieu Industrie. Mais ce projet fou s’accompagne aussi, compte tenu de son impossibilité même, d’une coercition inouïe.
Le passe sanitaire constitue deux populations, menace honteusement les emplois et les salaires, fait porter sur les jeunes et même sur les enfants, de fait, un apartheid injustifiable. Partout la démocratie est bafouée, alors même que c’est avec plus de démocratie que la mobilisation de chacun pourrait être utile et se constituer dans un cadre raisonnable, incluant des traitements médicaux précoces, des pratiques effectivement scientifiques (et non proclamatoirement scientifiques, comme le masque obligatoire dans la rue par exemple).
Et contre cette coercition injustifiée, injustifiable, les manifestants crient : « Manu, ton pass sanitaire, on n’en veut pas ! », ils écrivent sur leurs panneaux : « Non à la vaccination obligatoire ».
La vérité est dans ces cortèges. La gauche finira-t-elle par s'en apercevoir, et à appeler à rejoindre ces manifestations, à appuyer ces manifestants, à faire le travail démocratique qu'elle a déserté depuis tant de mois ?
La gauche finira-t-elle par s'en apercevoir, et à appeler à rejoindre ces manifestations, à appuyer ces manifestants, à faire le travail démocratique qu'elle a déserté depuis tant de mois ? Laissera-t-elle encore ces cortèges passer, comme elle a laissé passer les cortèges de Gilets-Jaunes, en exigeant, infatuée d'elle-même, une pureté politique qu'elle n'a précisément pas contribué à construire ?