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Billet de blog 4 mars 2021

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Games of Thrones à Buckingham

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Comme moi, vous vous foutez éperdument de la saga des Windsor qui déchire la monarchie britannique. Franchement, les malheurs de Meghan, duchesse de Sussex, ou les aigreurs d’Elisabeth II, reine d’Angleterre, ça ne m’excite pas. Que ça passionne les Britishs, je comprends. Mais moi qui ne suis pas sujet de Sa Majesté, je n'en ai rien à faire !

Pourtant, après avoir vu la célèbre série TV "The Crown", je savais bien qu'il y avait quelque chose de pourri au royaume d'Angleterre. Elisabeth II n'est pas cette gentille grand-mère à chapeaux qui règne à Buckingham. C'est une redoutable femme de pouvoir qui élimine façon puzzle toutes celles qui lui résistent. Elle a eu la tête de sa belle-fille Diana. Elle veut maintenant "se faire" l'épouse de son petit-fils Harry, duc de Sussex. A 94 ans, la plus vieille souveraine du monde règne d'une poigne de fer depuis 69 ans sur les 15 Etats du  Commonwealth. Quinze premiers ministres se sont inclinés devant elle. Ce n'est pas une petite Américaine, de couleur et divorcée, choisie par son stupide petit-fils Harry, qui va lui en remontrer. 

C'est vrai que Meghan Markle est une vraie tête de bois. Une comédienne à succès dans une série TV, divorcée près deux ans de mariage, qui a mis le grappin sur un membre de la famille royale britannique, il y a de quoi se faire du souci. Au lieu de se plier au protocole imposé par la reine, voilà que cette effrontée se lamente dans les médias. Elle qui vit dans le luxe grâce aux deniers publics, voilà qu'elle incite son époux à contester l'autorité royale. Et les Sussex poussent la provocation jusqu'à renoncer à leurs privilèges et à leurs fastueuses allocations. Et ils annoncent à son de trompe qu'ils préfèrent quitter le royaume pour vivre leur vie en Amérique. Oh, ne pleurez pas sur leur triste sort : le prince a une fortune évaluée à 35 millions et la belle Meghan touche un demi-million de royalties pour son rôle dans la série Suits, selon l'expert ès monarchies, Stéphane Bern. La reine a fini par accepter cette trahison, après avoir négocié durement les termes du divorce. Ils ne sont plus Altesse royales, ils ne représenteront plus la reine et ils seront privés de la manne royale. Et Harry devra rendre ses médailles militaires. Bye bye love ! Mais la duchesse de Sussex est du genre teigneuse. Quand les journaux britanniques la harcèlent, elle les poursuit en justice. Le Mail on Sunday en sait quelque chose : il a été condamné à payer 450000 £ à Megan pour avoir publié un lettre privée à son père. Et le Lord Justice a interdit au journal de faire appel. Et voilà que les tourtereaux étalent leur vie privée et leurs griefs contre la reine dans les médias ! Harry pleurniche que la presse "détruit sa santé mentale"et qu'il s'exile pour protéger sa famille. Et l'impudent se fait interviewer dans un bus pour touristes à Los Angeles, comme une star d'Hollywood. Mettez-vous à la place de sa royale grand-mère. Il y a des claques qui se perdent ! Mais le pire reste à venir : Harry et Meghan se font interviewer sur CBS par la papesse de la TV américaine, Oprah Winfrey. En bons communicants, ils diffusent quelques moments croustillants de l'interview qui sera aussi diffusée à Londres par la chaîne privée ITV. Ils vont révéler tout que qu'ils ont enduré sous la férule de la reine. Et Meghan accuse le palais de "perpétuer des mensonges".

Elisabeth II ne pouvait pas laisser passer l'affront. Elle n'a pas l'habitude de répondre dans les médias aux attaques contre Buckingham. Cette fois, la guerre des trônes se livrera à mains nues. Comme par hasard, quelques jours avant la diffusion de la sulfureuse interview, le Times publie une méchante attaque contre Meghan : la duchesse aurait viré deux assistants et harcelé une troisième, en 2018. Ce qu'elle conteste vigoureusement. Par un pur hasard, cette accusation surgit 18 mois plus tard. Et là, appréciez la subtilité de la riposte royale. Buckingham Palace annonce benoîtement qu'il "est clairement très préoccupé par les allégations du Times et qu'il ne tolère pas le harcèlement à la place de travail". Une enquête a été ouverte et les employés sont invités à témoigner confidentiellement sur leurs expériences quand ils étaient au service de Meghan. Bref, vous l'avez compris, à Londres et à Los Angeles, on a sorti les fusils. Er les tabloïds anglais, les pires fouille-merde du journalisme, s'en pourlèchent déjà les babines. The Sun : "DEMODE - "Meghan a eu de furieuses disputes avec des assistants du Palais à propos de cadeaux de vêtements de marques" ; The Daily Mail : "Annulez le cirque Oprah". Pour parodier le célèbre film américain, "The will be blood - il y aura du sang. Dimanche sera une dure journée pour la reine. A 94 ans, alors que son époux de 99 ans est à l'hôpital, elle va affronter une des pires tempêtes médiatiques de son règne. Mais elle peut compter sur sa popularité : plus de 70% des Britanniques l'aiment. Alors que 32% seulement ont une bonne opinion de Meghan, selon un récent sondage du Daily Express. Elisabeth II a survécu à tant de crises et de scandales qu'elle s'en sortira probablement encore. En 1989, elle disait : "Comme toutes les meilleures familles, nous avons notre part d'excentricités, de jeunes impérieux et capricieux et de désaccords familiaux."

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