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Billet de blog 4 décembre 2020

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Giscard dit d'Estaing

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Valéry  Giscard d’Estaing était un faux noble. Tout le monde le sait, mais la charité chrétienne retient la vérité, au moment de la mort ! C’est un spécialiste de la noblesse qui me l’a révélé, il y a des nombreuses années. Le Dr Dugast Rouillé, un ancien médecin, passionné de généalogie, publiait un annuaire de la noblesse française, le Nobiliaire de France, qui se vendait très cher. Ses recherches l’avaient fait découvrir une vérité que l’ancien président aurait préféré cacher.

Les Giscard étaient des notables auvergnats, qui avaient fait fortune dans les affaires : industries, caoutchouc, import-export, Banque d’Indochine. Ils menaient une vie de château, mais sans en avoir le titre. La noblesse n’a plus d’existence légale en France depuis 1871. Mais la République, bonne fille, reconnaît les titres accordés avant la Révolution de 1789 par les rois, par Napoléon 1er et Napoléon III. Le père de Valéry s’était mis en tête d’avoir droit à une particule. Mais, dans sa famille, personne n’avait jamais porté de titre. 

L’astucieux homme d’affaires et haut fonctionnaire avait découvert une particularité de la loi française. On peut relever un titre, si le noble décède sans héritier et si l’on peut prouver des liens de filiation. Heureux hasard, une vieille dame, descendante de l’amiral Charles Henri d’Estaing, guillotiné à la Révolution, était décédée sans héritier. Les Giscard n’avaient aucun lien avec elle. Mais ils avaient racheté son château de la Varasse, à Chanonat, dans le Puy-de-Dôme. La filiation était douteuse. Mais cela n’avait pas empêché Jean Edmond Lucien Giscard de présenter un dossier au Conseil d’Etat. Les membres du Conseil étaient partagés. C’était la voix du président qui allait trancher. Par un heureux hasard, le président du Conseil d’Etat était… Jean Edmond Lucien Giscard. C’est donc lui qui s’est attribué le titre de noblesse !

Le bon Dr Dugast Rouillé m’avait raconté cela en jubilant. Je l’avais rencontré pour préparer une émission de télévision sur la noblesse française. Je lui avais demandé si la noblesse des Giscard ne venait pas de l’épouse de l’ancien président, Anne-Aymone, née Sauvage de Brantes. Il avait rigolé : en droit français, la filiation se fait par les hommes, pas par les femmes ! Le père d’Anne-Aymone avait été anobli par le pape Léon XIII en 1868 et il avait obtenu par décret le droit d’ajouter « de Brantes » à son nom. Toute cela fait des Giscard d’Estaing une noblesse plutôt récente et contestable !

Le généalogiste m’avait raconté d’autres histoires savoureuses. Le baron Olivier Guichard, ministre et « baron du gaullisme »? Hélas, après la bataille de Sedan, en 1870, Napoléon III n’avait pas eu le temps de signer le décret. Des faux marquis, de prétendus barons, la France en compte des milliers. Le ministère de la Justice, gardien du livre des sceaux, a recensé 3200 nobles authentiques. Il ne suffit pas de porter une particule. Encore faut-il qu’elle soit authentifiée. Dominique Galouzeau de Villepin, Patrick Poivre d’Arvor, Inès de la Fressange sont des roturiers, même s’ils prétendent le contraire. 

Mais j’avais rencontré d’authentiques nobles qui la jouaient modeste. Comme l’historien nantais Armel de Bloquel de Croix, baron de Wismes. Il m’avait ouvert une vieille malle pour me montrer ses titres. J’avais repéré un parchemin portant une couronne ducale. Je lui avais dit : mais vous êtes duc ? Il m’avait répondu avec une moue : c’est un titre récent. Dans notre famille, nous sommes barons depuis le XIIIe siècle. Dans sa propriété du Pas-de-Calais, ses fermiers l’appelaient encore « Monsieur notre maître », comme sous l‘ancien régime ! 

J’avais rencontré, au château de Thoiry, Paul de La Panouse, qui gérait le célèbre parc animalier. Ne vous moquez pas, c’est l’une des plus anciennes familles nobles de France, dont l’origine remonte à 1257. Au fond de la Bretagne, j’avais été au marché avec un producteur de beurre et de lait, qui m’avait montré son titre de baron. J’avais suivi la chasse à courre avec le marquis de Brissac, fils du duc, dans la propriété de son château de Cossé, dont la famille est noble depuis le XVe siècle. Le plus étonnant personnage était un contremaître d’une usine dans le centre de la France. Depuis quinze ans, il menait des recherches dans les registres de paroisse pour préparer son dossier pour faire reconnaître son titre de noblesse. Sur la table de sa cuisine, il avait étalé son arbre généalogique. Je lui avais demandé s’il le dirait à son patron et à ses collègues si son titre de noblesse était reconnu. Mais son épouse, en colère, lui avait interdit de raconter ça à la télévision ! Cette fascination des Français pour la noblesse m’a toujours interrogé. Les Français ont coupé la tête de leur roi, ils ont renversé deux empereurs et proclamé cinq Républiques. Mais les particules authentiques ou fausses les impressionnent toujours. Le célèbre journaliste François de Closets m’a expliqué pourquoi : il m’avait affirmé que sa famille était noble, alors qu’elle fait partie de la bourgeoisie champenoise, mais, selon lui, la particule était bien utile pour réserver au restaurant ou au théâtre ! Selon que vous serez noble ou manant…Mais, contrairement à ce que vous croyez, la particule n’est pas un titre de noblesse. Elle signifie seulement que vous êtes né quelque part,  comme le chantait Brassens. Je connais un baron et un comte authentiques, qui ne portent pas de particule et qui ne se vantent pas de leur noblesse. 

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