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Billet de blog 6 octobre 2010

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Voiture électrique : les vessies et les lanternes

Quel choeur touchant : les fabricants automobiles se sont convertis à la voiture électrique. A les croire, c'est l'avenir, la recette miracle qui va sauver une industrie en perte de vitesse et qui va relancer les ventes déprimées par la fin de la prime à la casse.

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Quel choeur touchant : les fabricants automobiles se sont convertis à la voiture électrique. A les croire, c'est l'avenir, la recette miracle qui va sauver une industrie en perte de vitesse et qui va relancer les ventes déprimées par la fin de la prime à la casse. Ecoutez-les : Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan : "Je suis sûr que la voiture électrique sera un succès". Il parie que dans dix ans, au niveau mondial, une voiture vendue sur dix sera électrique. PSA annonce qu'il sera le premier constructeur à commercialiser une voiture électrique de série. Plus modestement, il table sur une part de marché de 4 à 5%. L'industrie automobile a enfin trouvé son Business-Model : le tout-électrique. Cocorico, l'avenir s'annonce radieux pour la bagnole !

Les mauvais esprits ont de la mémoire. Ils se souviennent que la première voiture électrique date de 1891 aux Etats-Unis, qu'en 1966, le Congrès américain recommandait de construire des véhicules électriques pour réduire la pollution, qu'il a fallu attendre 1997 pour que Toyota lance la Prius, la première voiture hybride fabriquée en série. Pourquoi ? Parce que les constructeurs et les pétroliers ont tout fait pour tuer la voiture électrique.

Aujourd'hui, après deux ans de crise et des ventes soutenues à bout de bras par les gouvernements (primes à la casse et aides publiques), les constructeurs ont retourné leur veste. Ils n'ont pas vraiment le choix. Mais ils essayent de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. "Roulez 100% électrique, Zéro émission de CO2". Et le Mondial de l'automobile de Paris nous présente toute une série de modèles plus sensationnels les uns que les autres, sous des carrosseries de science-fiction et des noms de "Guerre des étoiles" : EX1, E-Cell, Dezir, Infiniti, 9-3 ePower. On croit rêver !

On rêve, en effet. Comme Nicolas Sarkozy, qui déclarait sans rire aux dirigeants de l'industrie automobile : "Vous étiez vécus comme ceux qui polluaient, grâce au Grenelle et à la façon dont vous avez su réagir, l'automobile est devenue l'industrie qui s'est adaptée le mieux, le plus rapidement, avec de meilleurs résultats, aux contraintes écologiques". Les constructeurs n'ont pas le choix, Monsieur le président : le marché automobile stagne, les analystes prévoient que, sans l'aide massive des gouvernements, les automobilistes américains et européens achèteront 10% de voitures en moins, au cours des dix prochaines années. Alors, pour convaincre les futurs acheteurs, PSA, Peugeot, Hyundai, Ford, GM et les autres s'écrient en choeur : vive la voiture électrique !

Mais les faits ont la tête plus dure que le président et les fabricants. Selon une étude récente, 18 modèles de voitures électriques arriveraient sur le marché d'ici à trois ans. Mais à quel prix et pour quels acheteurs ? Personne n'en sait rien. Il y a un an, le gouvernement misait sur 2 millions de voitures électriques en 2020. Selon une chronique de France Info, l'an dernier, les ventes en France se sont élevées à ...14 véhicules ! Il y a encore de la marge.

Pourquoi ? Parce que les automobilistes ne sont pas tous idiots. Avant de passer commande, ils voudraient savoir si la Citroën C-Zéro, la Peugeot iOn ou la Mitsubishi i-Miev leur rendront les mêmes services que leur voiture actuelle. Franchement, les constructeurs nous font prendre des vessies pour des lanternes : 140 km d'autonomie ? En réalité, moins de 100 km. si vous mettez la clim et que vous écoutez la radio dans les bouchons. Une voiture économique ? D'accord, si vous acceptez de débourser 30 000 euros - prime gouvernementale de 5000 euros déduite . Hors de prix, la voiture électrique, ou réservée aux stars d'Hollywood, comme la Tesla - 450 km. d'autonomie pour 150 000 dollars. La banque HSBC prévoit que les ventes de voitures électriques passeront de 5000 en 2009 à 8,65 millions d‘ici à 2020. Mais il faudra que des millions d'aide publique - c'est à dire nos impôts - s'investissent avant que les voitures électriques rapportent de l'argent aux constructeurs.

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