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Billet de blog 9 novembre 2020

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Vaccin - la Bourse exulte

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La société pharmaceutique Pfizer vient de réussir un coup fumant. Avec son associé, le laboratoire allemand BioNTech, elle a annoncé qu’à la suite d’un premier test,  son vaccin contre la Covid était à efficace à 90 % et qu’il pourrait être distribué à la fin de cette année, si les autorités sanitaires donnent le feu vert. Du coup, les actions de la société ont explosé de 15 % à la Bourse de New York. Tous les marchés boursiers du monde ont sauté de joie : à Paris, le CAC 40 a pris plus de 7 %. À Francfort, l’indice Dax a gagné plus de 5 %. Air France a bondi de 30 %, Ryanair a grimpé de 16 % à Dublin, le baril de pétrole a pris 8,5%. Ça se passe comme ça à la Bourse, selon le bon vieux slogan : "un Mars, et ça repart !"

Bien sûr, le boss de Pfizer exulte : "c’est un grand jour pour la science et pour l’humanité". On dirait Neil Armstrong posant le pied sur la lune ! Il n’a pas osé dire que c’était surtout un grand jour pour ses actionnaires. Doucement, ne vous précipitez pas chez votre pharmacien, le vaccin contre le virus n’est pas pour demain ! Bien sûr, les résultats des tests du vaccin sur 44000 volontaires sont encourageants. Le vaccin serait aussi efficace que celui contre la rougeole. Pfizer a pris la tête des laboratoires qui recherchent frénétiquement, à coup de milliards, un vaccin contre la Covid. Enfin, après des mois de recherche, un espoir pour lutter contre un virus qui a tué plus d’un million de malades dans le monde. Le directeur général de l’OMS a jugé « encourageante » la nouvelle. 

À chaque fois qu’un laboratoire lance une nouvelle sensationnelle, les bouchons de champagne pètent sur les marchés financiers. L’annonce de Pfizer tombe à point, quelques jours après la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle américaine. Bien sûr, la société a affirmé que le timing n’a pas été influencé par l’élection, une simple coïncidence ! Quand il y a des milliards enjeux, les communicants savent toujours y faire. Mais les spécialistes restent prudents. Pfizer avait déjà annoncé que son vaccin serait prêt pour le mois d’octobre. La société a fait cette annonce sensationnelle dans un communiqué de presse, pas dans une revue médicale et elle n’a pas donné de détails sur le nombre de patients qui ont eu des effets secondaires. La prochaine étape sera cruciale : les essais vont continuer jusqu’à ce que le laboratoire puisse évaluer si le vaccin les protège bien. Les autorités sanitaires américaines vont poser des questions pour savoir si le vaccin est sûr et comment la société va fabriquer et vendre des millions de doses. Tout cela va prendre des semaines. En espérant que le virus ne mute pas entre-temps.

Le New York Times rappelle que Trump avait annoncé au mois de juin que Pfizer allait trouver un vaccin et que son administration avait décidé d’en commander des millions de doses. Big business et Big Politics marchent toujours ensemble ! Mais il ne suffit pas que le vaccin soit autorisé par les autorités sanitaires. Encore faut-il pouvoir le fabriquer et le distribuer à grande échelle. C’est un sacré défi logistique : les doses doivent être conservées au congélateur, il faudra les transporter et les administrer aux malades, qui devront recevoir une deuxième injection trois semaines après la première. Enfin, la plupart des experts estiment qu’il faudra plusieurs traitements et plusieurs vaccins pour enrayer la pandémie. Encore faudra-t-il que le vaccin soit accepté. Selon les derniers sondages, une personne sur deux seulement serait prête à se faire vacciner.

Pendant la féroce campagne électorale, le vaccin a été pour les deux candidats un argument électoral majeur. L’annonce de Pfizer est un rayon de soleil pour le président élu, Joe Biden. Donald Trump est sorti de son silence pour proclamer : « La Bourse est en forte hausse, un vaccin arrive bientôt ». De méchantes langues affirment qu’en réalité, Donald Trump est fou de rage : si Pfizer avait annoncé sa découverte du vaccin une semaine plutôt, il serait encore président des États-Unis.

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