Sophocle affirmait : « Les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre ». Aux dieux antiques, le philosophe grec ajouterait aujourd’hui le virus Covid. C’est lui qui fait perdre la raison à certains dirigeants, à certains médecins et à un peu tout le monde, sur les réseaux sociaux. Parmi les politiciens les plus gravement atteints, le président brésilien Jair Bolsaro, le premier ministre britannique Boris Johnson et le président américain Donald Trump. Tous les trois ont nié que le virus était mortel et ils n’ont pas pris de mesures pour l’enrayer. Résultat : le virus a tué des centaines de milliers de malades au Brésil, en Grande-Bretagne et aux USA.
« J’ai toujours voulu minimiser l’épidémie. Je veux toujours la minimiser parce que je ne veux pas créer de panique ». L’aveu de Trump est stupéfiant de cynisme. En mars, il avait avoué à Bob Woodward, le grand journaliste américain qui avait révélé le scandale du Watergate : « Il suffit de respirer l‘air et c’est comme ça que ça circule. C’est une question très délicate. C’est aussi plus mortel qu’une grippe intense ». Donc, le président des Etats-Unis savait et il a menti. Il a affirmé pendant des mois que la grippe tuait plus que le Covid, que le virus allait disparaître miraculeusement, que le port du masque était inutile. Bravache, Trump proclamait : « Il fallait montrer du leadership, de la confiance ». Ce « leadership » a probablement coûté la vie à plus de 100 000 Américains, selon le New York Times. Mais 43% des électeurs sont prêts à voter pour lui !
Au Brésil, Jair Bolsaro a toujours nié le danger du virus. Il a été rattrapé par la « grippette », mais il a déclaré : « Nous avons fait tout notre possible pour sauver des vies. Nous regrettons toutes les morts, on va atteindre les 100 000, mais la vie continue ». Selon lui, c’est la faute aux gouverneurs et aux maires qui ont pris des mesures de confinement. Le président brésilien n’a jamais été aussi populaire ! A Londres, Boris Johnson n’avait pas préparé son pays à la pandémie, qui l’a aussi frappé. Pas assez de masques ni de tests, des messages contradictoires, un plan de déconfinement confus. Plus de 40 000 morts. Mais 55% des Britanniques approuvent son action ! Macron n’y comprend plus rien. Lui qui avait déclaré la guerre au Covid, qui a tué plus de 34 000 malades. Lui qui avait confiné les Français pendant des mois, 66% des Français estiment qu’il n’a pas été à la hauteur.
Le virus a contaminé plus de 27 millions de gens, 900 000 en sont morts. Il a provoqué la plus grave crise économique depuis près de cent ans, avec des millions de chômeurs, des faillites en cascades et la misère sociale. Il a aussi révélé que les hommes politiques élus pour leur compétence, leur expérience et leur vision de l’avenir ont été incapables d’enrayer la pandémie. Ils n’ont rien vu venir, ils ont affirmé que les hôpitaux étant prêts, que les stocks d’équipements étaient suffisants, que leurs experts leur donnaient les meilleurs conseils. Ils savaient que c’était faux. La plupart des dirigeants ont caché la vérité, ils ont engagé la guerre au virus sans stratégie, sans communication claire. En alternant la litanie des malades et des morts et des messages rassurants, comme Macron : « Nous sommes en guerre…nous surmonterons cette épreuve ». Ils ont gouverné par décrets en mettant de côté les Parlements élus. A coup de protocoles incompréhensibles, de mesures autoritaires de confinements. De milliards d’aides publiques qui ont creusé les déficits. Le dieu Covid a aussi révélé l’incroyable fragilité de nos sociétés si fières de leurs technologies. Deux mois de confinement et les économies s’écroulent. Les géants du pétrole, de l’automobile et du transport aérien vacillent. Le tourisme est moribond. L’enseignement est paralysé. La violence s’exacerbe contre les contraintes. Mais, comme les dirigeants ne peuvent plus rien cacher, la parole publique et celle des médias sont discréditées. Les réseaux sociaux ont pris le relais de l’information et diffusent, dans l’anonymat, les discussions de café du commerce et les opinions de ceux qui sont persuadés que le virus est une arme pour asservir les peuples.
Au secours, Sophocle ! Les dieux nous sont tombés sur la tête et ceux que nous avons élus naviguent dans la tempête avec une boussole détraquée !