Donald Trump avait raison : la Covid 19 n'est qu'une grippette dont on guérit en trois jours, si l'on a un bon médecin qui vous prescrit le bon médicament. Regardez sa bonne mine. Il a perdu l'élection, mais il a vaincu le virus. Regardez les sourires de ses amis politiques Giuliani, Ben Carson et Christie, tous guéris.
Voilà une bonne nouvelle qui va certainement consoler les familles des 290 000 morts américains, qui n'ont pas eu la chance, la notoriété et l'argent pour éviter le cimetière ! Dans le New York Times, l'avocat personnel du président, Rudy Giuliani, confirme candidement ce qu'on savait : "Parfois quand vous êtes une célébrité, on s'inquiète s'il vous arrive quelque chose, on vous examine plus attentivement et on fait ce qu'il faut". Face au virus meurtrier, certains sont plus égaux que d'autres. Il y a ceux qui ont droit à l'anticorps du laboratoire Eli Lilly et au cocktail magique d'anticorps développé par Regeneron, qui avaient été administrés à Trump. Et il y a les malheureux qui n'ont pas les bonnes relations, le bon médecin et pas assez de dollars pour s'en sortir. La bande à Trump a pu faire pression sur l'administration pour obtenir une autorisation d'urgence pour des patients atteints de manière "légère à modérée" et à haut risque de complications justifiant une hospitalisation. Ces trois illustres malades ont contracté le virus parce qu'ils ont refusé de se protéger et de porter un masque.
Il ya certainement aux Etats-Unis des centaines de milliers de malades qui pourraient bénéficier de ce traitement. Selon ces critères, la moitié des malades du Covid pourraient recevoir les médicaments miracle. Malheureusement pour eux, le Département de la Santé n'a accordé ce traitement qu'à "un pourcentage du nombre de cas confirmés et de patients hospitalisés durant une semaine". On ne pourra pas sauver tout le monde parce qu'il n'y a pas assez de doses. Le Secrétaire à la Santé a précisé : 278 000 doses pour tout le pays, alors qu'on a diagnostiqué 220 225 nouveaux cas en une seule journée ! La Californie en a reçu 17 760 pour 31 782 nouveaux cas.
Aux autorités locales de santé et aux hôpitaux de se débrouiller pour distribuer les médicaments. Parfois, ce sera une loterie, comme au Colorado. Les malades qui ont les bons contacts dans les bons hôpitaux seront évidemment traités en priorité. Si vous n'êtes pas une célébrité, si vous habitez une zone rurale, si vous êtes Noir ou Hispanique, vous risquez d'attendre longtemps. Un homme d'affaires, qui a préféré rester anonyme, a raconté au New York Times qu'il s'est battu pour obtenir le traitement, après avoir été testé positif. Grâce à ses amis à la direction et parmi les sponsors de l'hôpital, il a pu se faire injecter le médicament et il se sent beaucoup mieux.
Il faut se souvenir que les Etats-Unis ne connaissent pas la Sécu, l'assurance-maladie est souvent payée par l'entreprise. Les assurances privées coûtent les yeux de la tête. 28 millions d'Américains ne peuvent pas se payer d'assurance-maladie et n'ont pas droit à l'aide médicale pour les pauvres. Ils ont le choix : s'endetter pour se soigner ou renoncer. Des milliers d'Américains n'ont pas eu les moyens de se faire tester, le gouvernement vient d'autoriser des kits payants pour se tester soi-même.
Le scandale des médicaments réservés aux "happy fews" préfigure probablement ce qui va se passer lorsque les vaccins seront autorisés. Il voudra mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade ! Le virus a déjà contaminé plus de 15 millions d'Américains et en a tué près de 290 000. Mais Trump a d'autres priorités : contester les résultats de l'élection jusqu'à la Cour suprême, collecter des millions pour son avenir politique, c'est plus urgent que de prendre enfin des mesures pour lutter conter la Covid-19.