Dear Andrew, old chap, je suis enfin de retour at home après mes vacances de Pâques 2021. J'ai profité de la fin du confinement, je me suis fait vacciner contre le virus. Je suis allé passer deux semaines en France et en Italie. Il faut que je te raconte mes aventures en Europe. J'avais pourtant voté pour le Brexit. Mais ce stupide Johnson n'a pas été foutu de conclure un fair deal avec les Européens. Résultat, en Europe, on m'a traité comme un Pakistanais chez nous.
Avant de partir, j'ai changé mes bonnes livres anglaises contre des euros : elles valaient 20% de moins qu'il y a trois ans. J'avais déjà mon nouveau passeport bleu, qui remplace mon ancien à couverture rouge de l'Union européenne. J'ai aussi dû payer £ 6.30 pour obtenir un ETIAS, un visa électronique. Un visa de touriste pour 3 mois. En attendant d'entrer dans le tunnel sous la Manche, j'ai regardé les files de camions parqués à Sevington en attendant les formalités douanières. Deux heures au moins. "Une frontière intelligente pour des conducteurs avertis", comme l'avait annoncé la douane française. J'ignorais que les Français avaient aussi le sens de l'humour ! 10 000 camions par jour. Les habitants du Kent, qui ont voté pour le Brexit doivent s'en mordre les doigts !
En sortant de l'Eurostar, j'ai dû passer par la file No-UE, avec les Suisses, les Norvégiens et les Africains. On m'a demandé mon passeport britannique, mon attestation ETIAS, quel était le but de mon séjour en France : Business or Tourism ? Est-ce que ma carte EHIC d'assurance maladie était toujours valable ? Sinon, il me faudrait payer de ma poche si je vais consulter un médecin à Paris ou me faire soigner à l'hôpital à Florence. Notre idiot de Prime Minister n'a pas réussi à négocier un deal avec Bruxelles.
En regardant le Channel, depuis le port de Calais j'ai vu les deux navires de notre Royal Navy qui surveillaient ces foutus pêcheurs français qui voulaient continuer à piller nos réserves de poissons sans payer. "Rule Britannia, Britannia rule the waves". Boris Johnson a raison : "Jamais les Britanniques ne seront esclaves". J'ai aussi vu les kilomètres de camions européens qui attendaient les contrôles douaniers. Evidement, les immigrés cachés dans les broussailles n'attendent que ça pour percer les bâches et se cacher dans les camions. Alors, il y a des retards. C'est pour ça que mon garage n'a plus de pièces détachées pour ma Honda et que le beurre de Normandie a disparu chez mon épicier. Le gallon d'essence a augmenté, on ne trouve plus certains produits chez Harrods. D'ailleurs, tout a augmenté chez nous, depuis qu'il y a des droits de douane sur tout ce qui vient de l'Europe. Et mon patron est noyé sur la paperasse et les déclarations à remplir pour vendre nos fromages, le stilton et le cheddar, en France et en Allemagne. Il faut des certificats de sécurité, il faut payer la TVA, qui est différente en France, en Autriche ou en Italie. Ces glandeurs de la Commission de Bruxelles ont préparé des listes de contrôle à l'intention des négociants, une information pour les constructeurs de transport routier. Toujours des règlements ! Une bonne chose, quand même : j'ai pu acheter deux bouteilles de Glenmorangie écossais à la boutique duty free, puisque je suis non-EU.
J'ai voulu appeler mon épouse. Un message m'a averti : "des frais de roaming sont appliqués". Shit ! ils avaient été supprimés dans l'Union européenne, mais je n'étais plus un citoyen européen. Vodaphone m'a averti que ma limite était de £ 45 par mois. Moi qui adore surfer sur la Toile et visionner des séries TV sur mon smartphone !
Quand je suis allé chez Hertz pour louer une voiture, l'employé m'a demandé si j'avais une carte verte. J'ai montré mon permis de conduire britannique. Mais il a secoué la tête. Sorry Sir, vous devez avoir un permis international. Ça coûte £ 5.50. Sinon, vous devrez passer un test de conduite. Moi, qui conduis sans accident depuis 25 ans !
En sortant du parking de Hertz, j'ai failli emboutir une vitre française. J'avais oublié que ces mangeurs de grenouilles roulaient à droite. Je me suis souvenu de ce que disait notre dramaturge Douglas Jerrold : "Entre la France et l'Angleterre, la meilleure chose est la Manche".
Take care. Your Allistair.