Vous avez cru faire œuvre de salut public en finançant le documentaire "Hold-Up, retour sur un chaos", qui devait dénoncer "une entreprise de manipulation globale", à propos de l'épidémie du virus. Vous avez cassé votre tirelire pour apporter votre contribution. Grâce à vos 240 000 €, versés à la société de participation Ulule, 3 millions de gogos ont avalé les infos douteuses et les gros mensonges de ce film.
Ulule, à qui vous avez envoyé vos précieux picaillons, est une "plate-forme de financement participatif, qui permet à des projets originaux, créatif, solidaire et innovant de se faire financer par leur communauté. Elle a réuni plus de 2 millions d'enthousiastes. Son slogan :"Donnez vie aux bonnes idées"." Noble ambition, qui a permis de financer 33625 projets : des courts-métrages, des odyssées écolo, des enregistrements d'album, des jeux vidéo, des missions humanitaires ou des produits high-tech. Si vous donnez vos sous, vous recevrez un DVD, un livre ou une rencontre avec l'auteur. Ulule se prend une commission de 8%. Le producteur Christophe Cossé et le réalisateur Pierre Barnérias du film ont habilement berné Ulule pour vendre leurs projets comme un "documentaire d'investigation". En réalité, leur film est truffé de manipulations grossières et de contrevérités.
Selon le magazine suisse en ligne Heidi news, le projet "Hold-Up" a été présenté au mois d'août, comme "un film très critique sur la gestion gouvernementale" de la pandémie. Mais, très vite, la plate-forme s'est rendu compte que ce documentaire était "un défenseur de thèses complotistes très éloignées de ce que l'on défend sur Ulule". Trop tard, l'argent était versé, la production était lancée, grâce à votre généreuse contribution. Pour se refaire une vertu, Ulule a décidé de verser la commission perçue à une association de défense de l'information. Vous voilà les dindons de la farce !
Le crowdfunding, en français le financement participatif, est une nouvelle forme de financement largement utilisée par des particuliers ou des entreprises pour trouver de l'argent pour des projets que les banques n'acceptent pas. Le financement solidaire aurait atteint 330 millions d'euros en 2018. Ce n'est pas la première fois que ce système est détourné de ses buts. Les gilets jaunes ont vite compris que la finance altruiste ne sert pas seulement à financer un projet d'intérêt général. En janvier 2019, les gilets jaunes ont habilement constitué une cagnotte pour financer leur campagne en vue des élections européennes. Interdit par la loi ! L'ancien boxeur qui avait agressé deux gendarmes à Paris pendant une manifestation a récolté plus de 117 000 € sur la plateforme Leetchi pour financer "ses frais de justice". La plateforme a bloqué les versements.
Les arnaques fleurissent dans le domaine du financement participatif. Ce n'est pas la première fois que Ulule est impliqué dans un scandale. En 2012, le site finance le jeu de société Massilia. Mais son auteur ne peut pas produire le jeu, il disparaît et dépose le bilan. Deux ans plus tard, une autre société reprend le projet, mais beaucoup de généreux donateurs n'ont jamais été remboursés.
Aux États-Unis, en 2012, Éric Chevalier lance sur le site Kicksarter une idée de jeu proche du Monopoly. Il espérait 35 000 $, il en récolte plus 122 000. Un an plus tard, il annonce : le projet est terminé, le jeu est annulé, et il disparaît avec la caisse ! La plate-forme Kickstarter déclare que ce sont les cochons de payants qui doivent vérifier si les projets sont fiables ! En France, pour limiter la casse, un décret fixe à 1000 € maximum la participation à un projet de financement participatif.
De petits malins ont eu une autre idée : créer une cagnotte en ligne pour aider des personnes en difficulté. Depuis l'épidémie de COVID-19, Leetchi a collecté 18 millions d'euros dans 10000 cagnottes pour venir en aide aux soignants. Mais, parfois, au moment de recevoir l'argent, la cagnotte avait disparu ! Sa directrice a expliqué que les fonds avaient été bloqués parce que des personnes malintentionnées avaient voulu récupérer le magot.
Vous voilà prévenus. Quand vous donnez de l'argent pour financer un projet généreux ou audacieux, les risques sont pour votre pomme. Si ça marche, vous recevrez un disque ou un T-shirt. Si ça foire, un petit malin empochera votre argent. La plate-forme de financement n'est pas responsable. Comme on dit au Gabon : l"'argent est comme un visiteur, il arrive aujourd'hui et demain il repart"
 
                 
             
            