Un professeur est décapité par un jeune terroriste islamiste tchétchène. Parce qu’il avait montré à ses élèves des caricatures moquant Mahomet, au nom de liberté d’expression et de la laïcité. La France horrifiée semble découvrir que de jeunes musulmans appellent au djihad et assassinent au nom d’un Islam radical. Surfant sur l’émotion nationale devant ce crime odieux, le président y va de son couplet martial : "La peur va changer de camp. Les islamistes ne doivent pas pouvoir dormir tranquilles dans ce pays". Il promet "très rapidement des actes concrets".
On croirait revivre un mauvais feuilleton. À chaque assassinat terroriste, c’est le même coup de menton des présidents de la République et de leurs ministres de l’Intérieur : après l’assassinat du gendarme Beltrame, en mars 2018, après celui des trois officiers de police en octobre 2019. Depuis des dizaines d’années, la liste des victimes s’allonge. C’est devenu un rituel républicain : après chaque attentat terroriste, journée d’hommage, appels à la fermeté du Rassemblement national et des Républicains. Bien sûr, le ministre de l’Intérieur a vite réagi. La police a arrêté une dizaine de suspects de la mouvance islamiste parmi les proches du terroriste. Et elle va enquêter parmi la myriade d’organisations musulmanes. Le ministre promet d’expulser 231 étrangers fichés pour radicalisation. On a ressorti du placard un projet de loi contre le séparatisme - bel euphémisme, qui évite de dire communautarisme islamique - qui prévoit de donner aux préfets la possibilité de dissoudre certaines associations. Pour faire bon poids, le gouvernement menace de régenter les réseaux sociaux, qui diffusent de messages et des vidéos prêchant la haine. Alors que tout le monde sait que ce sont Facebook, Twitter et Whatsapp qui décident seuls ce qu’ils laissent passer.
Des lois contre le terrorisme, l’Assemblée nationale en a déjà voté plusieurs, depuis une trentaine d’années. La première en septembre 1986, la dernière est entrée en vigueur en novembre 2017. Le problème, c’est qu’elles ne sont pas appliquées parce que les organisations de défense des droits de l’homme les contestent devant les tribunaux, au nom de l’atteinte aux libertés constitutionnelles. Les islamistes peuvent encore dormir tranquilles !
Plus l’enquête avance, plus on découvre avec effarement que les services de renseignement ont, une fois de plus, ignoré les signaux de radicalisation de l’assassin de l’enseignant. Ce jeune Tchétchène avait un titre de séjour, il était "inconnu des services de renseignement". Mais il avait créé en juin un compte Twitter, sous le pseudonyme Al-Ansar@tchetchene_270, où il avait publié pour sa centaine d’abonnés radicaux 400 messages avec des extraits du Coran et des attaques contre les "mécréants". Il avait même publié récemment une vidéo montrant une simulation de décapitation.
Qu’ont fait les services de renseignement, lorsque ce compte Twitter a été signalé sur la plateforme Pharos qui surveille les contenus illicites sur Internet ? lIs ont transmis à la direction du renseignement intérieur DGSI, qui n’a rien communiqué à la police nationale ! Toujours la guerre des services. On ne partage pas les informations.
Le renseignement territorial n’a rien compris non plus aux vidéos diffusées sur Facebook par le père d’une élève de l’enseignant assassiné appelant à l’exclusion du professeur. Les peu zélés fonctionnaires n’ont pas réalisé le rôle joué par un activiste propalestinien et antisioniste radical dans cette campagne de haine. Des milliers d’internautes avaient vu ces vidéos, qui ont certainement encouragé un jeune terroriste à faire 100 km pour décapiter un enseignent qu’il ne connaissait pas. Et contre lequel une fatwa avait été lancée. Ils ont aussi vu la vidéo macabre postée par le terroriste, qui avait filmé la tête de sa victime ! Lorsque la presse les interroge, la réponse des pandores du renseignement est toujours la même : on n’a pas assez de policiers pour surveiller tous les excités radicaux qui surfent sur les réseaux sociaux.
Si le malheureux professeur est mort, c’est peut-être parce qu’il était au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est la faute à pas de chance !
Billet de blog 19 octobre 2020
La faute à pas de chance
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.