Vous avez certainement vu cette pub de la Caisse d’Epargne : deux jeunes “écureuils” amoureux qui s’enlacent sur un lit quand le conseiller de la banque intervient et leur propose une carte de crédit avec ce slogan enchanteur : “Avec la Caisse d’Epargne, vous avez de la chance d’être jeune”. L’offre s’appelle Futéo, elle est réservée aux 18-25 ans et elle est gratuite pendant deux ans. Un compte de dépôt, une carte bleue, une garantie d’achat, des assistances rapatriement, accidents et juridique et même des découverts autorisés, pour pas un euro. Que du bonheur !
On ne sait pas combien de jeunes “écureuils” ont craqué pour Futéo. En France, 40% des paiements sont réalisés avec des cartes de crédit, mais 20% des transactions sont réglées par chèque - encore une exception française. Même si la fraude aux cartes de paiement a atteint 342 millions, l’an dernier. C’est beaucoup d’argent mais ça ne représente que 0.072% des paiements.
En France, on ne sait pas combien de jeunes s’endettent avec leur carte bleue. Mais on sait que le crédit facile pour les fringues, la voiture, les vacances, l’iPhone fait exploser les dettes, dès 18 ans. La pub est racoleuse : Besoin d’un crédit ? A chaque besoin son crédit. Simulez gratuitement en ligne ! L’endettement fait partie de la consommation des jeunes. Et les sociétés de rachat de crédit font leur miel du surendettement, dans une France frappée par le chômage de masse et la letter-spacing: 0px">, et qui vit à crédit.
En France, malgré les cris d’alarme des associations de consommateurs, le crédit, sous toutes ses formes - surtout le crédit revolving - a encore de beaux jours devant lui. Il paraît qu’il est indispensable pour stimuler la consommation et relancer l’économie : on ne prête qu’aux pauvres !
Aux Etats-Unis, le paradis des cartes de crédit, un lycéen sur deux a au moins quatre cartes. Et 17% seulement peuvent honorer leurs dettes, qui atteignent en moyenne 3000 dollars (environ 2300 euros), selon une étude de 2009. Pire encore, un lycéen sur dix obtient son diplôme avec une dette de 10 000 dollars (environ 7600 euros). Ces dettes n’ont rien à voir avec le coût élevé des études, dans les colleges américains. Mais elles sont créées par le style de vie des lycéens : on emploie sa carte, comme en France, pour commander une pizza, payer son portable, s’acheter des vêtements et compléter sa collection de CD.
Le problème, c’est que quand on a 3000 dollars de dépenses sur sa carte de crédit, il faudra 36 mois pour rembourser, si on paie 100 dollars par mois, au taux d’intérêt de 18%, courant pour un lycéen. Cela veut dire que vos dettes vont manger votre revenu, quand vous trouverez votre premier job. Vous avez déjà un loyer, des factures et l’essence de votre voiture à payer, sans compter votre prêt étudiant. Le site www.about.com donne aux jeunes Américains quelques conseils de bon sens : ne prenez pas votre carte de crédit au college, choisissez plutôt une carte de débit, faites un budget, limitez vos dépenses et laissez votre voiture à la maison. Mais qui a envie d’écouter des conseils quand on a 18 ans et plein d’envies ?
About.com explique que les étudiants sont “le rêve réalisé des sociétés de cartes de crédit”. Pourquoi ? Parce qu’elles savent que leurs parents paieront votre facture s’ils sont à sec. Les étudiants ont devant eux une longue vie de crédit, c’est à dire des années d’intérêts à payer. Le Congrès américain a voté l’an dernier une loi - le Credit Card Act - qui protège les consommateurs et limite les abus des banques et des sociétés comme American Express ou Visa. Comme les intérêts de retard prohibitifs, les hausses des taux d’intérêt ou les frais abusifs. Cette loi a aussi fixé des règles pour l’octroi de cartes de crédit aux étudiants. Avant 21 ans, il faut la signature d’un parent ou la preuve d’un revenu suffisant pour honorer ses dettes. Visa, Amexco et les autres ne peuvent plus vendre leurs cartes sur les campus, en offrant des sandwichs et des T-shirts gratuits.
Bien sûr, les banques et les vendeurs de cartes de crédit ont trouvé d’autres astuces pour contourner la loi. Mais aux Etats-Unis, les “écureuils” de la Caisse d’Epargne n’auraient pas la vie aussi facile qu’en France. Ils ne pourraient pas vendre une carte de crédit à un garçon ou à une fille de 18 ans en les persuadant qu’ils ont“la chance d’être jeune”.