Le Comité international de la Croix-Rouge a publié à la mi-juin un communiqué intitulé : “Blocus de
Gaza : pas une année de plus”. Le CICR nʼa pas pour habitude de lancer un appel public aux
gouvernements. Au contraire, il a toujours affirmé que la discrétion est le garant de son efficacité.
Le CICR a comme mission dʼaméliorer les conditions de vie des victimes des conflits, en
garantissant le respect des conventions humanitaires. Lʼorganisation préfère agir en coulisses :
lorsque ses délégués constatent que des civils sont massacrés ou que des prisonniers sont
maltraités, ils en informent les autorités militaires et les gouvernements. A la différence dʼautres
organisations humanitaires, comme Médecins sans frontières ou la britannique Oxfam, le CICR
incarne une autorité morale. Son communiqué est donc une exception spectaculaire à sa
discrétion.
Il faut rappeler que le CICR, fondé en 1863 à Genève par Henri Dunant, nʼest pas une quelconque
ONG, qui distribue des sacs de riz ou des couvertures. Cʼest une organisation humanitaire
indépendante et neutre, financée par les gouvernements qui ont signé les conventions de Genève,
les sociétés nationales de la Croix-Rouge, la Commission européenne et des donateurs publics ou
privés. Elle intervient dans le monde entier pour venir en aide aux populations touchées par la
guerre, la famine ou la violence. Cette année, elle a prévu près dʼun milliard de francs suisses
(environ 717 millions dʼeuros) pour ses dix principales opérations, dont 62 millions de francs
suisses (environ 45 millions dʼeuros) en Israël et dans les territoires occupés, dont Gaza.
Dans son communiqué, le CICR rappelle que « le blocus a des effets dévastateurs sur le million et
demi de personnes qui vivent à Gaza. Cʼest pourquoi nous demandons instamment à Israël de
mettre fin au bouclage et appelons tous ceux qui peuvent influencer la situation, y compris le
Hamas, à faire tout leur possible pour venir en aide à la population civile de Gaza. Il faut quʼil y ait
un juste équilibre entre le droit quʼa Israël de prendre des mesures pour répondre à ses
préoccupations légitimes en matière de sécurité et le droit des Palestiniens de mener une vie
normale et digne. »
Le constat est dramatique : en maintenant un blocus à Gaza, Israël manque à toutes ses
obligations internationales de puissance occupante : il nʼy a plus que 80 types de marchandises
qui peuvent entrer à Gaza (la liste nʼest pas publique), lʼagriculture est à lʼabandon, la pêche est
durement touchée, les réserves dʼeau potable sont menacées, le système de santé périclite. Israël
nʼest pas seul coupable. Le Hamas ne veut pas coopérer avec lʼAutorité palestinienne, il refuse
depuis cinq ans de permettre au caporal Shalit tout contact avec sa famille. Dans tous ces
domaines, le CICR collabore avec la société du Croissant-Rouge palestinien pour venir en aide
aux civils palestiniens durement touchés par les hostilités ou la violence armée.
Mais la mise en garde publique à Israël est claire : “lʼassistance humanitaire à elle seule ne suffit
pas pour sortir Gaza de la situation alarmante dans laquelle elle se trouve. Le blocus imposé à la
bande de Gaza sʼapprête à entrer dans sa quatrième année et empêche toute véritable possibilité
de développement économique. Les Gazaouis continuent à se débattre contre le chômage, la
pauvreté et les effets de la guerre, tandis que le système de soins de santé est au plus mal.”.
LʼEtat hébreu, déjà soumis à de fortes pressions de lʼUnion européenne et des Etats-Unis se voit
rappelé aux obligations quʼil a acceptées en signant les Conventions de Genève du CICR. Il ne
pourra pas sʼy soustraire en rappelant la formule de Staline sur le Vatican : “La Croix-Rouge
internationale, combien de divisions ?”