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Billet de blog 31 août 2010

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Tea party : objectif Obama

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Tea party. Pour les Français, cela évoque de charmantes ladies sirotant leur nice cup of tea, le petit doigt levé. Pas pour les Américains. La Tea Party a fait irruption dans le vocabulaire politique américain, il y a quelques années. Elle représente un rassemblement des adversaires les plus acharnés et les plus réactionnaires du président Obama. L’expression fait référence à une révolte des libertaires de Boston, en 1773, qui jetèrent à la mer une cargaison de thé britannique, pour protester contre la vente de thé sans taxe dans les colonies de la Couronne. Un événement emblématique de la révolution américaine contre la monarchie anglaise au XVIIIe siècle.

Quel rapport avec le mouvement populaire actuel, dont la devise est : “moins de taxes, moins de gouvernement”. Une habile récupération par les néo-conservateurs d’un vieux réflexe libertaire contre le gouvernement fédéral de Washington. Le mouvement est parti au moment de la crise financière de 2008, quand Obama a fait voter un plan de relance de 787 milliards de dollars. Les ultras du conservatisme américain proclament qu’ils veulent renouveler la droite.

Samedi dernier, des dizaines de milliers de Teapartisans se sont rassemblés à Washington, devant le monument Lincoln, au même endroit et le même jour que la fameuse proclamation de Martin Luther King, en 1963 : “I have a dream”. Une provocation délibérée du célèbre présentateur de la chaîne ultra conservatrice Fox, Glenn Beck : “Nous récupérons le mouvement des droits civiques”, devant des partisans enthousiastes et leur idole, Sarah Palin, l’ancienne candidate républicaine à la vice-présidence.

Le Tea Party déteste les impôts, le gouvernement fédéral et par-dessus tout, Barack Obama. Le mouvement a de puissants relais dans les médias et parmi les Républicains. Sa haine viscérale va bien au-delà des clivages politiques. La chaîne Fox et les sites d’informations conservateurs accusent le président d’être un Nègre-Américain, qui porte un prénom musulman donné par son père, un Kenyan musulman, et dont l’acte de naissance, à Hawaï - un Etat américain - a été trafiqué pour cacher ses origines !

La Tea Party est le dernier avatar du populisme américain radical. Le New York Times rappelle ses ancêtres : l’American Liberty League qui a fait campagne, en 1934, contre le New Deal de Roosevelt, ou la John Birch Society du sénateur Barry Goldwater qui a mené l’assaut contre Kennedy. Dans un éditorial brillant, “Les milliardaires qui financent la Tea Party”, le quotidien éclaire la face cachée du mouvement néo-conservateur. On savait déjà que le magnat tout-puissant Rupert Murdoch, propriétaire de Fox, avait le carnet de chèques généreux. Mais on connaît moins les frères David et Charles Koch, “dont la fortune combinée n’est dépassée que par celles de Bill Gates (le patron de Microsoft) et de Warren Buffet”(l’investisseur-vedette de Wall Street). Ils ont fait fortune dans le pétrole, la pétro-chimie, le textile et la pâte à papier notamment. Leur groupe industriel emploie 70 000 personnes dans 60 pays et réalise un chiffre d’affaires de 100 milliards de dollars.

Ces milliardaires et leurs amis sont, bien sûr, de généreux donateurs du parti républicain. Ils financent aussi des institutions philanthropiques et culturelles et d’autres fondations dont les buts sont d’empêcher toute augmentation d’impôts et toute loi qui pourrait gêner leurs affaires. Les Koch Family Foundations auraient dépensé, de 2005 à 2008, 5.7 millions de dollars pour financer des campagnes politiques et 37 millions pour du lobbying direct en faveur de l’industrie pétrolière. Sans compter 1.3 millions de dollars, en 2009, pour financer les lobbies politiques. De généreux donateurs, on vous dit. Qui ont dû payer aussi des millions de dollars d’amendes pour violations répétées de l’environnement.

La Tea Party qui veut "revenir aux sources du système politique américain” , en menant une guerre acharnée contre le président Obama, est donc financée par des milliardaires réactionnaires tout-puissants qui pèsent de tout leur poids sur l’administration et le Congrès.

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