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Billet de blog 31 décembre 2020

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Vaccin : la grande pagaille

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vous avez adoré le joyeux bazar de la distribution des vaccins en France ? Et bien, sachez que ce n'est pas mieux ailleurs ! Aux États-Unis, 14 millions de doses livrées, 2,6 millions seulement injectées. À ce rythme là, il faudra des années, pas des mois, pour protéger tous les Américains. Pourtant, tous les chercheurs sont d'accord : le vaccin est le meilleur moyen de freiner l'épidémie.

Comme pour les masques, la France est championne de la lenteur : une centaine de vaccinations dans les maisons de retraite. L'Allemagne a déjà vacciné plus de 40 000 personnes, le Royaume-Uni  800 000 et le Canada 60 000. Le Conseil scientifique français tire le signal d'alarme : après les fêtes, il est possible qu'il y ait une reprise incontrôlée du virus. Le ministre de la santé ne veut pas le savoir, il ne veut pas agir dans la précipitation : "on n'est pas parti pour un 100 m, mais pour un marathon". Comme chacun le sait, en France, on n'a pas de pétrole, mais on a des protocoles ! Dans sa grande sagesse, l'administration française a pondu un de ses protocoles sanitaires que le monde nous envie.

On va commencer par vacciner les vieux, pour tester le dispositif. Le ministère de la Santé a préparé un guide de la phase 1 à destination des EHPAD : un document de 45 pages. Les soignants auront un peu de lecture pour les fêtes ! La vaccination n'est pas obligatoire, il faut que le médecin s'assure que son patient veut bien être vacciné puis, quatre jours plus tard, la première injection, qui pourra être tracée via le site vaccin Vaccin Covid hébergé par l'assurance-maladie. Puis, trois semaines plus tard, la seconde injection. Dès le 18 janvier, on va vacciner le personnel de santé, puis les Français âgés, qui ont des pathologies graves, ensuite, toute la population. Enfin, ceux qui voudront bien. Plus compliqué, on ne sait pas faire ! À ce rythme là, les Français risquent d'être encore confinés en 2022 !

Comme moi, vous vous dites que le gouvernement français est tombé sur la tête. Les nouveaux vaccins sont efficaces à 95 %, plus de 4 millions de gens ont été vaccinés dans le monde, et les effets indésirables sont peu importants. Alors, pourquoi attendre ? Bon d'accord, transporter et distribuer le vaccin n'est pas si facile. C'est un sacré défi logistique. Mais depuis des mois, les laboratoires ont prévenu qu'ils allaient livrer des millions de doses de vaccin, financé par les pouvoirs publics, avec l'argent des contribuables. On avait largement le temps de s'organiser. Eh bien non ! On sait donner de l'argent pour la recherche, mais quand les vaccins sont là, on n'est pas fichu de les distribuer rapidement. Vous n'avez rien compris : le problème, c'est que la majorité des Français ont peur des vaccins et refusent de se faire vacciner. 91 % des Chinois sont pour, 81 % des Britanniques, 66 % des Américains aussi, et seulement 42 % des Français. 

Et alors ? Si le gouvernement était vraiment convaincu que la vaccination est efficace contre le virus, il avait tous les moyens pour lancer une campagne d'information pour convaincre les Français. Aux États-Unis, les dirigeants politiques donnent l'exemple, en se faisant vacciner en public. Pas en France ! Le gouvernement a certainement peur qu'on lui reproche de réserver le vaccin à "ces princes qui nous gouvernent". La peur du vaccin et l'inefficacité sourcilleuse de l'administration sont les deux mamelles de la France.

Aux États-Unis, la distribution des vaccins, c'est aussi le bazar. Le président élu Joe Biden avait promis que 50 millions d'Américains seraient vaccinés lors des 100 premiers jours de son mandat. On n'en est à un peu plus de 2 millions. Alors, où est-ce que ça coince ? Partout. Certains Etats traînent les pieds parce qu'ils n'ont pas reçu le financement du gouvernement fédéral. Les hôpitaux en sont encore à s'organiser pour stocker les vaccins à basse température. Et il a fallu attendre que l'administration fédérale trouve un accord avec les chaînes de pharmacie pour injecter les vaccins. Le vaccin contre le virus est devenu un bras de fer entre Trump et Biden. En France, la vaccination est réglée par l'administration, tout est décidé à Paris. Aux États-Unis, ce sont les Etats qui décident. Mais ils attendent que Washington leur donne de l'argent pour distribuer et administrer le vaccin. Avant de quitter la Maison-Blanche, Donald Trump a fait tout ce qu'il a pu pour embarrasser son successeur. Il a fallu que Joe Biden recourt à une loi votée lors de la guerre de Corée pour forcer l'industrie à produire suffisamment de matériel pour les vaccins. 

L'année 2020 nous laissera sûrement des souvenirs impérissables. On a vécu la farce des masques. En 2021, on aura la saga des vaccins. Dans une joyeuse pagaille, sans concertation, les gouvernements ont été incapables de s'organiser pour distribuer les précieux vaccins. Comme pour les masques, ils avaient, tous en  chœur, promis que dès que les vaccins seraient là, on pourrait enfin maîtriser ce sacré virus. Ils pourraient aussi lever ce confinement qui tue l'économie et qui limite nos libertés. Comme l'affirme le dicton : les promesses rendent les fous joyeux.

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