Scribe16

Abonné·e de Mediapart

1 Billets

0 Édition

Billet de blog 13 novembre 2013

Scribe16

Abonné·e de Mediapart

Nous français, tous des Nadine Morano

Scribe16

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Oui, nous français, voulons tous être des "Christiane Taubira". Il en va de notre honneur. Notre appartenance nationale nous le permet et nous y encourage. Nos principes constitutionnels, fruits de notre culture et de notre histoire, nous garantissent ce droit de se revendiquer comme telle. L'article 1 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen nous protège de nous même en proclamant que "tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits", tandis que d'aucun souhaiteraient annihiler le concept même de racisme en supprimant le mot race de l'article 1er de la constitution qui "assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion". Au regard de ces solides principes, garantis par le Juge Suprême, nous avons tous le droit de se vouloir être émotionnellement des  "Christiane Taubira".

Or, sans le vouloir toujours consciemment, du moins pour la majorité d'entre nous, nous français sommes tous viscéralement des "Nadine Morano". Quand je dis "tous" j'entends bien tous pris individuellement, et tous formant un "tout national". Vous qui lisez ces lignes, vous qui en parlerez demain au café, vous qui souhaiterez me répondre, vous qui accepterez d'y réfléchir, vous qui resterez dans le déni, comme moi vous ne vous avourez jamais à vous même que c'est agaçant ces jeunes en survêt qui portent la casquette à l'envers ...  Rien ne nous en empêche, voir tout nous y invite ...

Dans un article du 15 octobre dernier, Mediapart nous invitait à porter un regard neuf sur la question urgente du racisme en nous présentant un ouvrage étudiant l'impact du racisme sur ceux-là même qui le perpétuent, en posant la question de la blanchité. Ce n'est pas à Christiane Taubira ou à Harry Roselmak de parler du racisme en France. Le récit de leur expérience ne peut avoir aucune utilité sociale, sauf à permettre à certains d'entre nous d'apaiser nos tourments par un phénomène d'empathie envers les victimes. En revanche, se regarder "dans le blanc des yeux", se penser et se dire, en raison de notre "blanchité" vecteurs de la violence systémique raciste, nous grandiraient individuellement et en tant que Nation. Les allemands et et les américains le savent. Les allemands ont construit des digues juridiques de protection contre eux-même. Les américains ont  du se regarder en face et laisser leurs artistes, tels que Tarantino dans son film Django, exhorciser les douleurs.

Si cette prise de conscience reste encore à faire, elle ne dépend que de nous et n'a rien à attendre, ni de la plainte des victimes, ni de la garantie des pouvoirs publics. De cette prise de conscience dépendra l'avenir du Droit et de la Démocratie. Il est temps. Car les digues du non-dit ont lâché. Il ne reste plus rien.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.