Françaises, Français, l’heure du déni a sonné. Nous voilà face à un mégalomane narcissique qui souhaite gouverner le pays coûte que coûte sans, d’ailleurs, prendre en compte l’état de sa légitimité démocratique.
Oui, et c’est déjà la troisième fois en un an (Michel Barnier ayant été nommé le 4 septembre 2024), Emmanuel Macron a nommé un Premier ministre issu d’un groupe minoritaire à l’Assemblée. Mais peu importe, tant qu’il mène sa politique à lui, pas de problème.
En effet, Lecornu est le dernier des séides, surtout depuis le départ d’Alexis Kohler. Il roule en Macronie depuis 2017 et a survécu à 7 remaniements, une étrange stabilité qui ne peut s’expliquer que par le dévouement total de ce dernier au chef de l’État.
Mieux encore, il aurait des accointances avec l’extrême droite et jouerait le rôle du messager entre Bardella, Le Pen et Macron. Un peu comme Michel Barnier, puis comme Bayrou, finalement.
Pour la troisième fois, nous voilà ainsi repartis pour le bal des consultations hypocrites. Lecornu saura-t-il proposer une petite ouverture à gauche pour appâter les socialistes ? Ou alors un tournant assumé vers la droite pour s’assurer le soutien du RN ? C’est ce que nous verrons.
Pour l’heure, et comme d’habitude, le Rassemblement national et le PS semblent prêts à discuter, comme toujours. Mais inexorablement, si Lecornu ne change pas (ne serait-ce qu’un tant soit peu) la ligne politique macroniste reconduite ad nauseam depuis 8 ans, il s’expose évidemment à une nouvelle censure.
Au final, il ne reste qu’un homme et des partis qui ne comprennent rien. Ce n’est pas en répétant éternellement les mêmes actions que quelque chose changera. Si l’on décide de censurer la politique macroniste, il faut garder une ligne claire et la censurer à chaque fois. Macron renomme un de ses vieux briscards ? Censure ! Censure ! Et re-censure, jusqu’à ce que le borné comprenne que seule une autre stratégie est possible.
Autre solution : les partis pourraient aussi décider de s’accorder sur le long terme, de prévoir un pacte de non-censure avec des clauses bien définies et un objectif de réduction du déficit public raisonnable, qui ne mettrait pas en danger le service public, qui, honnêtement, l’est déjà bien assez.
Finalement, et si aucune des deux autres solutions n’advient, nous pourrions nous pencher sur une grande révision constitutionnelle capable de résoudre la petite crise de régime que nous traversons. Par exemple, cette révision pourrait modifier l’article 8 et obliger les parlementaires à nommer eux-mêmes un Premier ministre en votant. Cela redonnerait un peu de pouvoir à l’Assemblée et déliterait en partie un régime devenu trop présidentialiste.
Mais voyez-vous, comment réfléchir à tout cela sans faire de politique politicienne ni ne voir qu’à travers le prisme de 2027 ? C’est cette question qui se pose à un président et à des partis qui semblent aujourd’hui tomber dans le déni politique, le même déni qui attend, jour après jour, l’arrivée d’un homme providentiel capable de gouverner seul et venant débloquer la crise politique française.