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Billet de blog 20 février 2025

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Omerta écologique, le réchauffement climatique est-il démodé ?

Malgré l'urgence climatique, voilà plusieurs années que le réchauffement de la planète est marginalisé. A la télé, les images des catastrophes l'emportent sur leur origine et les déclaration climatosceptiques se multiplient. Les médias et le pouvoir préfèrent s'attarder sur leur nouveau mantra, l'intelligence artificielle. Mais, quelles en sont les conséquences pour la planète ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’écologie est un gros sujet. Voilà maintenant des années que l’on nous bassine avec l’effet de serre, le réchauffement climatique, le tri des déchets et tout le toutim. Des années que des experts se réunissent à l’instar du GIEC pour prévenir des divers risques et dérives qui nous attendent si on ne fait rien. Pour le réchauffement de la planète, n’en déplaise aux climatosceptiques et consorts, le constat est plus que limpide, il y a un consensus scientifique clair sur l’importance du phénomène et sur son origine anthropique.

De plus, la Terre ne cesse de nous envoyer des signes : d’abord, l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée. Avec 15,10 degrés Celsius de température moyenne mondiale, elle dépasse 2023 de 0,12 degré en moyenne, alors même que ladite année était déjà la plus chaude jamais enregistrée. Pour autant, et comme le souligne de manière très claire Lise Barnéoud dans un article du dossier « éclats de sciences » sur Médiapart, 2024 a été une année de la malchance où différents phénomènes naturels ont ajouté du réchauffement au réchauffement. Mais peut-on pour autant dire que 2025 ne sera pas une année à record ? Rien n’est moins sûr.

Chaos climatique et mauvaise foi

Attardons nous maintenant sur les dernières traces qu’a laissées le climat dans l’actualité. D’abord, avec les inondations sans commune mesure qui se sont produites en automne dernier dans l’Est de l’Espagne, dans la région de Valence. Des inondations d’une telle ampleur qu’elles n’ont laissé que des villages détruits, des vies brisées et un deuil national.

Une grosse vague de pluie et on nous dit que la planète se réchauffe ? Voilà bien qui prouve que les scientifiques disent n’importe quoi. En fait, c’est tout le contraire, c’est le réchauffement climatique qui a entraîné ces inondations. Le phénomène dispose même d’un nom : la goutte froide. Un épisode de pluie qui resurgit chaque année à l’automne. Or, comme l’expliquent les climatologues, les gouttes froides de cette année n’ont été ni plus fréquentes ni plus longues, mais les pluies qui les accompagnent ont été bien plus torrentielles, car l’atmosphère est très chargée en humidité en raison du réchauffement climatique.

Notez aussi les récents incendies à Los Angeles, survenus il y a un peu plus d’un mois. Des incendies en plein mois de janvier et qui ont servi à Donald Trump pour expliquer que des écologistes qui voulaient protéger un poisson ont empêché l’eau de circuler correctement, ce qui a inévitablement provoqué des incendies. Vous l’aurez deviné, le président américain a menti, les feux sont eux aussi liés au réchauffement climatique. Comme le détaille Davide Faranda dans le journal Le Monde : « Le changement climatique a aggravé la sécheresse et les températures élevées, deux facteurs qui favorisent les feux ».

Pour finir avec le cyclone Chido, qui a durement touché Mayotte en décembre dernier, il est difficile d’établir un lien de causalité direct entre ce phénomène climatique, qui est naturel, et le réchauffement de la planète. Pour autant, certaines études ont tout de même démontré que le réchauffement global de l’océan Indien avait pu jouer un rôle dans la formation d’un cyclone de cette ampleur.

Trois événements climatiques majeurs en quelques mois, tous exacerbés par le réchauffement de la planète, la nature nous parle mais nous ne l’écoutons pas, disait Victor Hugo. Des propos peut-être encore d’actualité ?

intelligence artificielle et climat, vers le technosolutionnisme ?

Mais pour aller plus loin, car ce n’est évidemment pas la première année pendant laquelle les catastrophes climatiques s’enchaînent, parlons un peu du sujet à la mode, et qui fait d’ailleurs beaucoup plus parler que l’écologie. L’intelligence artificielle. Pfff le réchauffement climatique, tout le monde s’en fiche de ça, on en parlait à l’époque où cela intéressait les gens qui regardent la télé. Maintenant, on préfère occuper l’espace médiatique mainstream avec ChatGPT et autres IA génératives, quand on ne parle pas d’immigration bien sûr.

Mais concrètement, dans le domaine écolo, est-ce qu’elle va nous servir cette IA ? Bien sûr, enfin d’après certains, et c’est ce qu’on dénomme plus communément le technosolutionnisme : trouver des solutions au réchauffement de la planète et à l’accumulation du CO2 grâce au progrès technique. Après l’argent magique, voilà l’intelligence magique qui nous sortira peut-être du pétrin dans lequel nous sommes. Et c’est une théorie à prendre au sérieux, car personne ne connaît vraiment les limites de l’IA, mais n’est-ce pas un peu contre-productif ?

Oui, nous avons besoin de l’IA et c’est indéniable, elle fera partie intégrante du monde du futur dans lequel nous serons contraints de vivre. Le problème, c’est d’abord que l’IA est aujourd’hui utilisée pour tout, mais pas pour trouver des solutions au réchauffement climatique. En effet, les pays, entreprises et chefs d’État la convoitent avant tout pour rester compétitifs, productifs et pour améliorer la technologie militaire. Un point important certes, mais qui montre que nous ne sommes pas prêts d’utiliser l’IA pour résoudre la question climatique.

Mais le point le plus important, c’est que ce n’est pas le problème majeur de l’IA. La pierre angulaire du sujet, c’est que l’intelligence artificielle pollue, et pas qu’un peu. À titre d’exemple, une demande à ChatGPT utilise en moyenne 10 fois plus d’électricité qu’une recherche Google. En fait, les cerveaux géants des IA sont stockés dans d’immenses data centers qui se mettent en marche dès qu’un utilisateur fait une quelconque requête. Ces data centers sont premièrement constitués de minéraux rares, comme le souligne le Média Vert dans un article intitulé : « On a tenté de mesurer l’empreinte écologique de ChatGPT ». L’extraction de ces minéraux, à l’instar du cuivre, du lithium ou du cobalt, entraîne des conséquences terrestres et humaines dramatiques, en particulier dans les pays où l’on trouve ces ressources.

Malgré tout cela, Emmanuel Macron, néophyte du sujet, s’est empressé d’annoncer un grand sommet sur l’IA à Paris, réunissant tout le gotha du monde des nouvelles technologies. Visionnaire, il s’est comme à son habitude montré très souriant devant les professionnels de la tech, même en l’absence d’Elon Musk, qui avait pourtant été invité. Et tenez-vous bien, le chef de l’État a annoncé un investissement privé de près de 109 milliards d’euros pour l’intelligence artificielle dans les années à venir. Une somme colossale, qui nous rappelle l’existence et l’importance du deux poids, deux mesures face aux problèmes écologiques.

Pour terminer, je voudrais achever cette chronique en évoquant les mots d’un certain Bernie Sanders : « En ces temps difficiles, le désespoir n’est pas une option », dit-il. J’ajouterais que malgré la situation politique mondiale et l’état actuel de la planète, nous ne pouvons nous satisfaire de l’atonie écologique et nous devons continuer à lutter contre le climatoscepticisme et le climatodénialisme.

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