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Billet de blog 20 mars 2025

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Municipales 2026, vae victis - malheur aux vaincus

Les municipales sont surement loin d'être les élections les plus attendues par les français. Pour autant, celles de 2026 risquent de nous apporter bien des surprises notamment car elles vont engendrer une kyrielle d'alliances et de trahisons. De plus, elles constituent une simulation politique pour 2027.

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S'il y a bien une échéance politique majeure avant la prochaine présidentielle, c’est bien sûr les élections municipales de 2026. Pour la première fois depuis très longtemps, les deux scrutins se retrouvent plus que proches et, même si dans le fond les deux élections n’ont rien à voir, la première déterminera une dynamique qui jouera potentiellement sur la seconde.

Changement d'époque et polarisation politique 

Mais alors, quels sont les principaux enjeux de ces élections ? Pour commencer, on se doit de rétropédaler un peu, car figurez-vous que les dernières élections municipales datent de 2020, l’année du confinement et du COVID. Forcément, cela avait pesé sur la campagne et sur la présence des électeurs aux urnes. Les statistiques avaient d’ailleurs révélé un taux d’abstention record : 55 % au premier tour et 58 % au second.

Pour l’année prochaine, ce sera bien différent. Tous les partis comptent s’impliquer entièrement dans ces élections et ont le temps de réfléchir à une stratégie bien rodée qui pourra satisfaire aussi bien à l’échelle locale que nationale. C’est ainsi que les partis politiques français, atomisés comme ils le sont, vont se lancer dans un imbroglio électoral d’alliances et de trahisons. Car en effet, en 2025, la donne a changé. Les partis politiques les plus lourds à l’échelle nationale, à l’instar du Rassemblement national, de Renaissance et de La France insoumise, sont complètement inexistants dans les mairies et conseils municipaux, largement dominés par des maires LR, PS ou écolos. Pour autant, ces partis comptent bien rentrer dans la course.

2026, la nébuleuse électorale 

D’abord, La France insoumise qui, même après l’échec cuisant du député Louis Boyard aux élections municipales anticipées à Villeneuve-Saint-Georges, compte présenter des listes dans plusieurs grandes mairies, y compris celles où le PS est en tête. Cette rupture s’inscrit dans la volonté de La France insoumise de gagner quelques bastions, de s’implanter localement, mais aussi d’entrer au Sénat, qui, on le rappelle, est le résultat du vote des élus locaux. Cette participation insoumise va même se répercuter dans de plus grandes villes, comme à Marseille et Roubaix, où les députés Sébastien Delogu et David Guiraud peuvent compter sur de nombreux soutiens. Cette participation insoumise dérange et désordonne la gauche.

Les écologistes, grands gagnants des municipales de 2020, notamment dans les villes de Lyon, Strasbourg et Bordeaux, se retrouvent alors dans une position délicate. En effet, même s’ils disposent pour la première fois des avantages des élus sortants, ceux-ci vont forcément se retrouver à devoir choisir leur camp. Conscients qu’ils doivent plusieurs de leurs mairies à une alliance avec le Parti socialiste, ils doivent ménager leurs relations avec le parti à la rose tout en prenant en compte la puissance électorale insoumise. Dans certaines villes, il serait bon pour les écolos de faire liste commune contre le PS, et c’est là tout l’enjeu de cette élection.

Pour Les Républicains, il y a aussi de l’enjeu. Le parti, qui connaît certes un regain de popularité nationale grâce à sa participation au gouvernement, reste en voie d’extinction, notamment en termes de volontaires pour participer aux listes des conseillers municipaux, en particulier dans les petites communes de campagne. Les Républicains ne souffraient jusque-là d’aucun problème d’implantation locale, mais, en vue de la déliquescence de leur parti, peu populaire chez les jeunes, relever le niveau pour les municipales a tout d’une gageure. Heureusement, il y a peut-être une solution : celle de l’alliance avec les autres partis du très instable « socle commun ». Les Républicains pourraient en effet partager leurs listes avec celles de Renaissance et des partis du centre, ce qui leur permettrait de contrer une potentielle alliance écolos-insoumis ou écolos-PS. Pour autant, au vu des relations complexes qu’entretient le socle commun, comme par exemple lors de la consigne de vote donnée aux députés LR à propos de la candidature de Richard Ferrand, rien n’est encore décidé. Chacun doit savoir se distinguer des autres et surtout du bilan de Macron pour préparer 2027.

Concernant le Rassemblement national, qui souffre depuis toujours de sa très faible implantation locale et de son inexistence au Sénat, l’enjeu est double. D’abord, s’implanter dans des conseils municipaux et des mairies pour montrer que son succès n’est pas seulement européen et national. Ensuite, les résultats des municipales jouent le rôle d’un simulateur pour 2027 : il sera grand temps de prendre la température. En effet, il va falloir faire mieux que les petites victoires de 2020, comme à Perpignan où Louis Aliot a été élu au second tour.

La loi PLM en PLS

Pour finir, un autre événement vient bouleverser l’élection : la potentielle modification de la loi PLM. Pour aller au plus simple, la loi PLM, adoptée en 1982, instaure des règles particulières pour les élections municipales à Paris, Lyon et Marseille, les trois villes les plus peuplées de France. Les électeurs votent par arrondissement ou par secteur (qui sont des regroupements d’arrondissements) afin d’élire leurs conseillers. Un tiers de ces élus siègent au conseil municipal. Le maire, quant à lui, est élu par les conseillers municipaux. Et, pour finir, les conseillers d'arrondissement ou de secteur qui ne siègent pas au conseil municipal ne participent pas à l'élection du maire.

Voilà donc le mode de scrutin selon lequel les élections municipales se déroulent dans les trois plus grandes villes de France. Mais depuis quelque temps, quelques personnalités politiques s’attardent à défendre une modification de la loi. C’est le cas de François Bayrou, par exemple, qui, on le rappelle, est aussi maire de Pau. Évidemment, tout cela est vu comme de la magouille électorale, car la loi est en vigueur depuis le premier septennat de Mitterrand et n’a jamais été modifiée depuis. Mais comme le chef du gouvernement y tient beaucoup et qu’il dispose d’un socle commun à l’Assemblée ainsi que de l’article 49.3, on ne sait pas vraiment ce qui peut se passer.

En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’on ne va pas tarder à parler de ces fameuses municipales, en particulier parce qu’une victoire en 2026 est une condition sine qua non pour un bon résultat en 2027.

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