Dans le billet d’aujourd’hui, j’aimerais vous parler du parti qui devrait représenter la droite « républicaine » : Les Républicains.
Car, en effet, depuis quelque temps déjà, les ténors de ce parti semblent de plus en plus se rapprocher de la droite réactionnaire, et l’aiguillage politique du parti tend à se décaler toujours davantage vers la droite. Économiquement, pas de souci, Les Républicains sont fidèles à eux-mêmes. Ils suivent une politique libérale, pro-entreprises, avec peu d’intervention de l’État sur le marché. Surtout pas d’impôts supplémentaires pour les plus riches, qui subissent déjà un enfer fiscal et de grandes difficultés administratives. Il faut, au contraire, soulager les entreprises pour les inciter à investir le plus possible et relancer la croissance française ; elle en a bien besoin.
Cure d'austérité
Paradoxalement, pour cette droite là, il faut aussi de l’austérité. La France accroît sa dette d’année en année, et 3 000 milliards, c’est trop, vraiment trop. Alors, comme on ne veut pas augmenter les impôts, il faut faire des coupes budgétaires : moins d’argent pour les universités, moins pour les hôpitaux, moins de prestations sociales. Bref, au revoir l’argent magique et bonjour la rigueur. On l’a bien vu avec Michel Barnier en octobre, lorsque le budget a été présenté : le mot d’ordre, c’était « ECONOMISONS ». Sur ce point-là, on ne peut rien reprocher à la droite : chacun a sa propre opinion de la politique économique que devrait suivre le pays, et à droite, le libéralisme économique a toujours été roi sous la Ve République.
Pour autant, c’est sur un autre terrain que la pente glisse. En effet, plus les années passent, plus « Les Républicains » critiquent la République. Mais prenons donc quelques exemples, et pas des moindres. Il ne s’agit pas ici d’attaquer la droite sur quelques éléments minimes parmi une masse d’opinions et d’idées respectables, ni de faire du cherry-picking. À travers ces exemples, l’objectif est simplement d’attirer l’attention sur différents faits qui montrent et prouvent que les figures les plus iconoclastes de la droite républicaine actuelle sont, à leur tour, tombées dans la sphère de la post-vérité et de l’extrême droite.
Le pouvoir à tout prix : Les cas Valérie Pécresse et Eric Ciotti
Commençons par l’exemple le plus simple, mais aussi le plus parlant : Éric Ciotti. Car oui, avant la dissolution surprise d’Emmanuel Macron et le résultat des européennes, le président des Républicains, c’était lui. Cela montre les accointances que peuvent avoir certains élus LR avec les idées de l’extrême droite. Car, même si Éric Ciotti l’a fait contre l’opinion de son camp et sans prévenir personne, certains députés LR l’ont tout de même suivi dans son alliance avec Marine Le Pen.
Mais certains diront que beaucoup, chez LR, ont protesté. Et nous avons d’ailleurs tous en tête cette fameuse scène où Valérie Pécresse retrousse ses manches et tente d’aller déloger le traître enfermé dans les locaux de son propre parti.
Pour autant, ceux qui, à l’époque, ont protesté ne sont pas vraiment mieux. Par exemple, rappelons que cette même Valérie Pécresse, qui était contre un rapprochement avec l’extrême droite, avait elle-même déclaré lors de l’un de ses meetings pour la présidentielle de 2022 : « Ni au grand déclassement, ni au grand remplacement ».
Même si la rime est belle et la formule bien trouvée, la validation de la thèse du grand remplacement par un parti censé être un parti « de gouvernement » est grave. En effet, rappelons que le grand remplacement est une théorie xénophobe créée de toutes pièces par l’écrivain Renaud Camus, et qui ne se base sur aucune donnée statistique ou ethnographique. Faire ainsi appel à cette thèse lors d’une campagne présidentielle, c’est flirter sans couverture avec l’extrême droite et la post-vérité.
Mais le pire, c’est qu’Éric Ciotti et Valérie Pécresse ne sont pas les seuls piliers de la droite à flirter avec des thématiques et des idées qui, justement, ne sont pas « républicaines ».
Le duo de choc anti état de droit
En effet, Bruno Retailleau, ancien président du groupe Les Républicains au Sénat et actuel locataire de la place Beauvau, est lui aussi un bon exemple de ces Républicains qui se disent gaullistes, alors qu’il n’en est rien.
Vous demandez des preuves ? Tenez-vous bien, il y en a une kyrielle.
Premièrement, la petite phrase de Bruno Retailleau lors de ses débuts au sein du gouvernement Barnier : rappelez-vous, « l’État de droit n’est ni intangible ni sacré », avait déclaré le ministre. Une sortie de route qui en a choqué plus d’un, mais qui n’est pas grand-chose face à ses déclarations sur le voile dans le sport. En effet, alors que les débats étaient houleux il y a quelques semaines, le ministre avait déclaré calmement, lors d’un rassemblement contre l’islamisme à Paris, la phrase suivante : « Vive le sport et à bas le voile ». Des propos qui, une nouvelle fois, n’ont pas manqué de faire polémique.
Pour finir, pourquoi ne pas parler du collègue devenu concurrent : Laurent Wauquiez. En effet, l’homme aux mille diplômes perd chaque jour de plus en plus de soutiens dans la course à la présidence des Républicains et tente alors de faire parler de lui. C’est ainsi que, la semaine dernière, on pouvait lire en une du JD News : « Enfermons les OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon ». Petite phrase signée Laurent Wauquiez. En plus de mépriser au possible les habitants de la petite île, on se doute qu’une idée pareille défie plus d’un article de la Constitution. De plus, on sait que ce n’est loin d’être la première sortie de route de Laurent Wauquiez. Lors de la loi immigration de janvier 2024, par exemple, qui avait été en grande partie censurée par le Conseil constitutionnel, il avait dénoncé un « coup d’État de droit », tout en pestant contre l’existence d’un « gouvernement des juges ».
Avec tout cela, je ne sais pas s’il y avait vraiment besoin d’autres preuves pour pouvoir affirmer que les idéaux de la droite républicaine se rapprochent dangereusement de ceux de l’extrême droite.
Il faut dire que la fenêtre d’Overton est aujourd’hui tellement décalée vers la droite que plus rien ne semble choquant à nos yeux.
Mais attention, que ce soit clair : je ne fais pas cette chronique dans le but de dénoncer la droite en disant que ce n’est pas là qu’il faut voter. Ici, j’essaie seulement de montrer que la droite que l’on appelait, et que l’on continue d’appeler, républicaine n’a plus grand-chose de cela, et qu’elle se rapproche chaque jour un peu plus des idéaux de l’extrême droite réactionnaire.