Ils ne sont pas souvent en pleine lumière, mais pourtant, ils en connaissent un rayon sur le soleil. Je parle des autoconstructeurs de fours solaires et autres bricoleurs d'appareils low-tech. Cette petite communauté rêve d'un monde nouveau et le construit en matériaux recyclés. Coup de projecteur sur une subculture qui fait sensation sur les réseaux sociaux.
Notre avenir s'écrira avec l'Internet des objets, la voiture sans chauffeur, l'intelligence artificielle (IA) et la conquête spatiale. C'est inéluctable. C'est en tout cas ce que nous susurrent les professionnels du marketing. Ils voient dans l'émergence de ces technologies de futurs marchés très juteux. En écoutant leurs promesses, on pense aux Chroniques martiennes de Ray Bradbury. Nous sommes à bord d'une fusée pour Mars, à la conquête d'un nouvel Eldorado. Il y a en aura pour tout le monde ! Mais ces nouvelles - magnifiques au demeurant - appartiennent à un genre littéraire bien précis : la science-fiction. De plus, à la fin de ce recueil, les humains reviennent sur Terre. Est-ce un signe annonciateur ?
Anticipation
Malgré cet avenir ultra-connecté et radieux qu'on nous vend, il existe une contre-culture qui rêve d'un autre futur et le balbutie. Le plus drôle dans tout ça, c'est que ses membres sont, eux-aussi, technophiles. Ce sont des autoconstructeurs de fours solaires, des bricoleurs de pompes bélier, des concepteurs de bicymachine et des adeptes du réchaud à bois à double paroi. À l'heure de l'IA et des objets connectés, cette minorité parle low-tech et partage gratuitement ses trouvailles sur Internet ou lors de rassemblements, comme celui de l'association Les amis du Padre Himalaya (1) à Sorède, dans les Pyrénées-Orientales, où se retrouvent les passionnés de cuisine solaire.
Cas concret : le Solar'cycle
Durant ces ateliers open source, on rencontre des autoconstructeurs comme Sylvain, le concepteur du Solar'cycle. Ce passionné de vélo a recyclé deux jantes de vélo de 700 pouces pour réaliser le support et le système d'élévation de cette parabole solaire DIY (voir nos photos ci-dessous). Les rayons, insérés dans des couvercles de bocaux, permettent de fixer le réflecteur à la structure. Le repose-plat est réalisé avec un porte-bagage usagé. Non seulement cet appareil permet générer des températures dépassant les 200°C, ce qui permet de faire cuir à peu près tout, mais il est également assez esthétique.
Loi de Say ?
Il est vrai que, pour le moment, cette nébuleuse de bricoleurs reste marginale. Mais, vu l'audience de certaines chaînes Youtube parlant de poêle dragon ou de groupes Facebook échangeant sur le mobilier en palettes, on peut se demander si cette tendance n'est pas le début d'un mouvement plus vaste. En effet, à l'heure où la maison connectée commence à mettre en ébullition le cerveau des publicitaires, les réseaux sociaux, chauffés à blanc par la perspective de l'apocalypse, rêvent de maisons off-the-grid (3), notamment grâce au photovoltaïque. Alors, l'offre crée-t-elle toujours sa propre demande, comme le soutenait Jean-Baptiste Say ? L'avenir le dira.
(1) Manuel Antonio Gomes (1868-1933), surnommé le Padre Himalaya à cause de grande taille, est un prêtre et savant portugais. Il prolongea les travaux d'Augustin Mouchot et construisit un concentrateur solaire pouvant atteindre 1500°C, une température suffisante pour provoquer la fusion du fer. (2)Sylvain est membre de l'association Autour, à la Tour du Pin. Son ami Lionel et lui proposent des ateliers autoconstruction. (3) Hors réseau. (4) Site partenaire : www.lampe-frontale.net
Le Solar'cyle en 5 étapes
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Ces photos ont été prises en mai dernier lors d'un atelier autoconstruction près du Vigan. Sylvain montre comment créer le support de la parabole solaire avec deux roues de vélo.
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Les rayons des roues sont utilisées pour fixer le réflecteur sur l'armature du cuiseur solaire.
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La parabole est ensuite fixée sur le support, pièce par pièce.
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Un film réfléchissant est collé sur la parabole avec du scotch double face.
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Un porte-bagage recyclé permet de poser la casserole sur le point focal de la parabole.
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