Avant que de ne nous poser sur le sol Français, prenez ma main et suivez moi, je vous emmène dans les rues de Brcko. Petite ville de Bosnie-Herzégovine, au sud de la plaine de Pannonie qui lui donne encore un aspect champêtre de petite ville bordée par la Hrvatska. Evitant le festival de théâtre où les notables font preuve de raffinement et de distinction, où de la vie estudiantine de l'Université d'Economie, je vous vous emmène à l'Arizona Maret. Non, il ne s'agit pas du dernier club folk de la ville, mais d'un marché.
Sous la surface du marché, sont vendu quotidiennement Ukrainienne, Russe, Moldave Roumaine. Soumises, elles défilent nues devant les acheteurs qui jaugeant la qualité du bétail, surenchérissent. A moins de2000 kmde Paris, aux portes de l'Europe se tient encore un marché aux esclaves quasi officiel, qui alimente en chaire humaine le continent Européen.
L'importance de la traite de femme par les négrier des réseaux prostitutionnels ne cessent de croitre, la Commission des droits des femmes du Parlement Européen estime que 500 000 femmes entrent en Europe occidentale sous le coupe de ces réseaux.
La traite est l'activité couvrant le recrutement, le transport, l'hébergement ou l'accueil de personnes, par la menace de recours à la force ou d'autres formes de contraintes, par enlèvement, fraude ou tromperie..... À des fin d'exploitation ». Rappelons que la Convention de Palerme condamne la traite même s'il y a consentement de la victime. Ce qui revient à dire que le droit international ne reconnaît pas le consentement d'un individu à être exploité dans sa chaire (Prostitution, esclavagisme, vente d'organes).
Avant de revenir en France il faut prendre en compte l'ampleur prise sur la globe de l'activités consistant à réduire des femmes en esclavage et de louer leur sexe. Entre 1990 et 2000 il y a eu dans la seule Asie du Sud Est 33 millions de victimes de la traite à des fin de prostitutions.
En 2001 on évalue entre 40 et 42 millions le nombre total de prostitué dans le monde. 38 millions d'entre elles dépendent de proxénètes. 31,5 millions ont entre 13 et 25 ans.
Pour Revenir en France, il y aurait entre 15 et 20 000 prostituées dont 70 % d'étrangères et une trentaine de pourcent d'enfants (3000 à 8000). Une étude commandée par la protection judiciaire de la jeunesse propose une classification de la prostitution des mineurs autours de trois pôles :
« On peut distinguer deux types principaux de prostitution concernant les mineurs :
- une prostitution avec racolage sur la voie publique, pour laquelle le repérage par les acteurs associatifs et l’interpellation des pouvoirs publics semblent fonctionner en partie, à défaut de réponses adaptées en termes d’hébergement et de prise en charge ;
- une prostitution invisible, qui n’est pas nommée comme telle et qui n’est pas repérée, liée à une augmentation constatée des situations de précarité chez les jeunes. Elle est souvent liée à des difficultés de logement et peut faire supposer un accroissement des cas de prostitution de survie. Ces caractéristiques sont mises en évidence par l’analyse des parcours de vie de majeurs, au niveau des modes et des phases d’entrée dans la prostitution. Hamou Hasnaoui a suivi sur une décennie les évolutions de cette prostitution largement « invisible » et « innommée [17] Cf. H. Hasnaoui, Guide de prévention et d’insertion... [17] ». Cette prostitution exercée via les services Internet de rencontre et de drague, comme dans les lieux précités, est largement inconnue ;
- une prostitution « identitaire », liée à la construction d’une identité sexuelle en même temps qu’à la recherche de solutions de survie quotidienne. Elle concerne plus particulièrement des jeunes homosexuels. Une recherche de relations sexuelles tous azimuts peut fournir l’illusion que « l’on va y trouver l’amour », en fait une quête sans réponse. Certains lieux de drague gay offrent un cadre facilitant cet exercice et celui d’une prostitution de moindre visibilité, dans les saunas, backcross, boîtes de nuit, bars. Cette situation correspond en particulier aux jeunes venus de province qui découvrent à Paris les lieux communautaires gay et le monde de la nuit, et à certains qui ont grandi en banlieue parisienne. C’est ainsi que les situations de « michetonage », qui voit le mineur vivre et se faire entretenir par un homme plus âgé, rentrent dans ce cas de figure d’une prostitution invisible, et souvent non reconnue comme telle. »[1]
Il faut prendre conscience que pour une immense majorité des prostituées, la prostitution s’impose, elle est un métier de survie et s’inscrit dans un parcours de vie. D’après les statiques publiée par Florence Rush, 70 % des prostitués et 80% des toxicomanes de sexe féminin ont subi de graves abus sexuels dans leur enfance[2].
Les Réglementaristes, les associations de « défense » des prostituées laissent entendre que la notion de libre choix existe dans la prostititution. Mais les faits sont persistants, entre 90 et 95 % des femmes prostituées sont sous la coupe d'un proxénète. Et même s'il n'y en avait que 70 ou 80 % même s'il fallait pour une raison inconnue revoir les estimations à la baisse, il n'en demeure pas moins que l'écrasante majorité de ces femmes sont exploité par un homme où par un réseau.
Le retentissement psychique de la prostitution ne peut être ignoré
Il faudrait, pour certains, envisager de faire de la prostitution un métier comme un autre ? Peux t'on considéré qu'un métier qui génère des syndromes de stress post-traumatique chez 67 % des « travailleurs » est un métier comme un autre ? [3]
Peux t'on considéré qu'un métier qui favorise fortement l'apparition de troubles physiques et psychiques chez les travailleurs est un métier que nous devons créer et reconnaître ?
Alice Miller, relate l’intervention d’une de ces collègues psychanalyste auprès de groupe de femmes qui se prostituent. Anite est l’une d’entre elle, elle est prostituée depuis 15 ans et apparait comme adaptée au milieu et sans problème psychique particulier « elle maintient ses émotions en veilleuse . » Lors de la thérapie, elle exprime pour la première fois ses sentiments de haine, de façon désorganisée d’abord. Puis à mesure que la thérapie avance et après des tentatives de suicide ( dû en partie à l’abandon de la reconnaissance du groupe pour son travail de leader « syndical » revendiquant pour les droits des prostituées ) elle évoque son enfance. Brutalisé par son beau-père au domicile, Anita cherche à l’extérieur des foyer de compensation. A quatre ans, elle est agressée et abusée sexuellement par un homme. Son père entretenait avec elle une relation ambigüe, incestuelle. Dans la première partie de son analyse elle pouvait évoquer son envie de meurtre contre son souteneur, mais parlait de son enfance d’enfant maltraité avec détachement.
Grisela, l’analyste d’Anita, est bouleversée par son expérience dans le groupe et formule les questions suivantes « Que ce passe t’il réellement lorsque nous faisons comme si la prostitution était un métier comme un autre ? […]Est il seulement possible sans avilissement de la femme ? […] La lutte pour qu’on accorde un statut social aux prostituées n’est elle pas en définitive une façon de camoufler la véritable injustice sociale ? » [4]
Judith Trinquart[5] montre qu'au syndrome psychique s'ajoute des syndromes physiques qui retentissent dans la sphère intime des personnes prostituées. La diminution de la sensibilité d'abord partielle (hypoesthésie) évolue vers une anesthésie, à la douleur, mais vient aussi entraver les relations sexuelle « privée » que c'est personnes peuvent avoir.
Le milieu de la prostitution est un univers, il possède ses règles propres, il est de mauvais ton d'apporter le scandale, de dénigrer la profession sous peine d'être frappé d'ostracisme, de se voir rejeter, mis au ban. Et lorsqu’on est mis au ban dans la marginalité, il n’y a plus rien. Ulla, porte-parole des prostituées de Lyon qui se targuait d'être une indépendante, a, par la suite, reconnu avoir été (comme beaucoup) manipulée : « comment avez vous pu me croire ? » demande t'elle aux féministes et aux journalistes.
Diana, une prostituée, déclare dans un article du nouvel observateur d'aout 2003 : « La prostitution est tout sauf un métier comme les autres. Beaucoup de filles sont maltraitées, on se fait taper, parfois violer et voler. Non vraiment, on ne peut souhaiter cela à aucun être humain ».
Arrivé à ce stade de notre voyage, il nous faut convenir que l'image de prostituées libres, se réalisant personnellement dans leur activités économiques, images vendues par certaines associations et reprises sans recul dans la presse ne tient pas. Au mieux, les indépendantes représente 20 % de la « profession ». Et rien n'indique que ces 20 % aient « librement » consentis à leur situation. Les associations pointent que la grande majorité des prostituées a un vécu traumatique dans leur enfance ou dans leur adolescence : Abusées sexuellement dans leur enfance ou adolescence, victimes d'inceste, de viol, ou marginalisée par l'usage régulier de stupéfiants, les prostitués ont subie de continue de subir les conséquences d'un passé qui construit leur présent. Une énorme majorité d'entre elles (92 à 95%) aspire à quitter la prostitution. Cette phase qu'elles décrivent comme une « transition » mais qui tend à s'éterniser.
La Convention des Nations Unies de 1949 pour le Répression de la traite des être humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui proclame : « La prostitution et le mal qui l'accompagne, à savoir la traite des être humains en vue de la prostitution, sont incompatible avec la dignité et la valeur de la personne humaine ». La France l'a ratifiée en 1960, elle prévoit que les états signataire s'astreignent à punir toute personne « qui embauche, entraine ou détourne en vue de la prostitution une autre personne même consentante » car les travaux préparatoire à la Convention était arrivée aux même conclusions que celle de nos associations d'aide aux prostitués : le libre constamment n'existe pas. Il est contraint économiquement et /ou par des facteurs extérieurs : drogues, cassures dans l'histoire de vie.
La Politique pénale que nous choisissons doit avant tout être au service des prostituées.
Reste un argument que nous devons prendre en compte. La législation que nous choisissons pour la France doit servir les intérêts des femmes, et des prostitués. Elle doit protéger les prostitués, favoriser leur possibilité de sortir de la rue, des réseaux, de la prostitution et des violences qu'ils connaissent. Les hommes ne sont qu'une faible minorité de la population prostituée, mais ils doivent tout autant être protégés. Il faut donc nous interroger sur le type de lois servant le mieux les intérêts des populations concernées.
L'Allemagne, les Pays Bas, la Belgique, l'Australie, se sont engagés sur la voie de la réglementation en ce qui concerne la prostitution. C'est à dire une position qui légalise cette dernière dans un cadre défini par la Loi. Elle ouvre la possibilité de construire une activité économique consistant à loué le corps d'une femme à un client (un homme).
Pour qu’elle résultat ?
Une étude de la situation aux Pays Bas met en lumière toute les difficultés d'une telle législation. Il apparaît que de 50 % à 90 % des prostituées exerçant dans le secteur légal exercent sous la contrainte, que le secteur légale est passé aux mains du crime organisé, que la situation des personnes prostituées s'est dégradé et que se développe un secteur parallèle.[6]
Seul 4 % des prostituées se sont enregistrées aux Pays Bas depuis 2000. La prostitution des enfants a augmenté de 300 % entre 1996 et 2001 ainsi que la traite de femmes étrangère majoritairement nigérianes .
En Allemagne, le nombre de personnes prostituées est de plusieurs centaines de milliers, les jeunes femmes se voient proposer par les «pôles emploi» locaux des emplois d'escorte, et la situation est devenue incontrôlable. Voici ce que dit un policier principal, directeur du service d’enquête sur la prostitution depuis 14 ans à Stuttgart.
«La loi est à l’origine d’une érosion du droit pénal. Nous n’avons presque aucune possibilité pour poursuivre les hommes cachés derrière [l'organisation de la prostitution]. L’application de la loi nous a petit à petit vidé notre boîte à outil. Et le moindre espace qu’on laisse libre est occupé par les proxénètes. Nous avons dit dès le début: si cette loi arrive, alors il n’y aura qu’un groupe qui en profitera, et ce seront les proxénètes».[7]
Selon le parlement européen 80 % des femmes présentes sur le marché du sexe en Allemagne étaient issue des Pays de l'Est.
La suisse, à Zurich on en vient à imaginer de créer une « zone » de prostitution en périphérie des villes pour éviter l'augmentation des prostitués dans les rues de la ville. Une mesure qui s'apparenterait à créer des camps de travail du sexe.
En Australie, « les études révèlent que l'exploitation sexuelle s'est intensifiée et diversifiée pour répondre à la demande croissante des établissements du sexe. En plus de légitimer tout les abus, elle a pour effet d'accroitre la concurrence entre les femmes prostituées » et donc dégrade leurs conditions de « travail »[8].
Un rapport présenté au parlement en 2003 constatait que la législation Hollandaise n'a pas réussi à éliminer la clandestinité, ni la stigmatisation sociale, ni la violence, qui prédomine dans l'industrie du sexe.
La prostitution légalisée produit un chiffre d'affaire dont les communes et les Etats récupèrent partiellement sous forme de taxe. Une relation de dépendance économique apparaît.
De plus la légalisation de la prostitution n'a pas fait diminuer la fréquence des agressions sexistes dans les pays qui l'ont adopté. Comme le note Yolande Geadah quand les barrières de la loi tombe, les barrières sociales et éthiques fond de même. L'égaliser la prostituions c'est affirmé aux générations à venir que la femme est un bien sexuel que l'on peut librement consommer. Les études réalisé dans les pays ayant légalisé montre une augmentation de la prostitution et une augmentation des violences faîtes aux femmes. Plus l'offre prostitutionnelle est forte plus le territoire connait des agressions sexuelles sur des femmes.[9]
Tout montre que la portée symbolique de l'affirmation « le sexe d'une femme est un bien que je peux louer puis utiliser comme bon me gré » est parfaitement compris et à des répercussions sur le sort des femmes bien au-delà de la seule question de la prostitution. La légalisation de la prostitution dégrade l'image de la femme dans la société et laisse entendre qu'il est acceptable de la mal traiter.
Dans le même temps, en Suède la loi condamne les « clients » des prostituées. Elle proclame « Reconnaissant le fait que s'il n'y avait pas de clients, il n'y aurait pas lieu de prostituer des femmes et des enfants, la nouvelle loi criminalise le proxénète (4 à 6 ans) et le clients (au plus 6 mois) mais non la prostituée.
On constate une augmentation du nombre de plaintes de prostituées à l'encontre de clients violents et rien n'indique que cette loi n'est rejeté les prostituées dans la clandestinité.
[1] Un sujet peu traité, La prostitution des mineurs, Vincent Joseph , Adrienne O’Deyé [*] et Luc-Henry Choquet, Les Cahiers Dynamiques 2011/4 (n° 53)
[2] Alice Miler, C’est pour ton bien.
[3] Etude américaine récente (au USA, Turquie, Zambie, Afrique du Sud, Thaïlande)
[4] Alice Miler, l’enfant sous terreur, Chapitre 2 section 5
[5] Etude de Doctorat 2002
[6] Etudes émanant du Centre de documentation et de recherche scientifique du Ministère de la Justice (WODC) et des Services de Police Nationale
[7] http://www.slate.fr/tribune/69153/prostitution-abolition-impasse-reglementarisme
[8] Elaine Audet : la prostitution, un métier comme un autre ?
[9] Christelle Taraud établie le lien entre la prostitution coloniale en Algérie et l'augmentation des viols. On peut aussi citer l'exemple de la base d'Okinawa, base américaine ou les bordels abondent, et les 169 soldats passés par la cours martiale pour viol, y compris sur petites filles entre 1988 et 1995.