Après l’agression d’un professeur par un élève hier à Bordeaux, et celle d’une professeure par un parent à Poitiers, la réaction doit être unanime : la société ne peut accepter que des enseignants soient violentés dans leur institution. Je condamne donc sans ambiguïté les violences exercées contre les professeurs.
Ces agressions ponctuelles laissent entendre à chaque professeur qu’il est susceptible d’être victime de violence. Elles ont des répercussions sur l’ensemble du corps enseignant. L’Education Nationale ne peut remplir sereinement sa mission si les professionnels qui la composent ont le sentiment de vivre sous la menace permanente.
Il s’agit désormais de trouver des solutions adaptées pour rétablir un climat apaisé de travail dans nos établissements scolaires.
Certains analysent ces évènements comme des comportements individuels. Il suffirait, pour éviter la répétition de ces faits, de sanctionner (en coupant, par exemple, les allocations familiales aux familles des auteurs d’agression, en plaçant des policiers dans les établissements scolaires, en sanctuarisant les écoles...). D’autres replacent ces agissements dans une sorte de déliement du respect dû à l’autorité dans notre société et souhaitent remettre en place des cours de morale. Rappelons-nous que l’objectif assigné au cours d'éducation civique lors de sa réintroduction en 1985 sous l’impulsion de Jean Pierre CHEVENEMENT était de reconstituer un creuset républicain. Rapidement, on le sait, les cours se sont limités à de la transmission de savoirs sur le fonctionnement des institutions.
Depuis 1968 , l’Education Nationale connaît une crise. L'enseignant passe d'un statuts dans lequel il possédait une autorité "absolue " sur sa classe, autorité qui pouvait aller jusqu’à punir physiquement des élèves. L’exercice de la violence par l’enseignant n’était la plus part du temps pas nécessaire parce que chacun savait qu’il pouvait librement l'exercer. Il dispose d'une autorité absolue, qu'on ne remet en aucune manière en question. Des générations ont connu le moule de ce systeme et l’autorité des maîtres s’est construite dans les familles, en partie , de part cet autorité absolue, parfois appuyée de violence pour éduquer les enfants. Le calme dans les classes étaient plus dû à la peur de la sanction, par la peur du maître, qu'inspiré par la qualité humaine / ou technique de l'enseignant.
1968 est un moment progressiste qui réclame une nouvelle organisation sociale, une organisation où les enfants ne soient pas élevé dans la violence, c'est un moment de progrès. L’enseignant se voit donc déposséder de l’une de ses prérogatives. On ne peut que se réjouir que ces châtiments, qui étaient parfois excessif et toujours préjudiciable au développement de l’enfant ( l’auto-discipline ne s'atteint pas en ayant peur des adultes). Néanmoins les politiques se sont arrête au milieu du chemin en ne remplaçant ces punitions par rien.
Bien sûr les “heures de colles”, les lignes a recopier, les travaux d’interêt généraux peuvent apparaître comme une forme de sanction moderne. Mais c’est ignorer l’essentiel. L’essentiel est que l'autorité de l'enseignent passe d'absolu à relative sa place société est ébranlée. Peu à peu enseignement et éducation sont des notions qui se séparent. L’E ducation Nationale transmet du savoir mais n’éduque plus.
Il est essentiel de poser aujourd’hui le débat de l’organisation scolaire (pédagogie employée, formation des professeurs) et des missions de l’Education Nationale et ne pas se borner à colmater par des rustines les brèches que les feux de l’actualité rendent visibles. Je ne souhaite bien évidemment pas un retour à l’ancien système. Mais il faut que le débat sur la refondation de l’école qui est en cours donne toute sa place à la question de la position que la société entend réserver à ses enseignants et aux moyens effectifs et symboliques permettant la reconstitution d’un système où l’enseignant est respecté dans sa fonction d’éducation comme dans son autorité