C'est un exercice de rhétorique à deux. Une joute verbale est engagée entre deux personnes, orateurs aux opinions divergentes, opposées ou simplement différentes, en vue de susciter l'adhésion du public à l'une ou l'autre cause.
Quand il s'agit de politique le débat est médiatisé. Exercice orale donc, il sera diffusé en direct ou retransmis à la radio ou la TV.
Le débat a sa propre temporalité. Chaque situation de débat est unique et fugace. Chaque débat a son rythme, sa cadence et sa durée interne, située en son instant et son unicité. Bref, un débat possède sa temporalité, elle même inscrite dans le temps que nous traversons tous, nous auditeurs et téléspectateurs, public vivant.
Les mass-medias de tradition radio ou TV ne respectent pas le temps des autres. Ils imposent leur temps et leur cadence dans leur format et mesure. Dès lors, ce ne sont pas les protagonistes, les orateurs qui font le débat dans lequel ils sont engagés, mais l'animateur qui les invite à débattre dans le cadre de son émission. Maître du jeu, il anime les invités dans son débat, prétexte à l'émission. Dépassant la fonction d'arbitre et d'équilibrage qui le légitime, le formatage médiatique de l'émission du débat opère déjà avant la confrontation et bien après. Le fait, l'acte lui-même de débat ne résulte plus des participants, il est confisqué « in vitro » dans la salle des machines par la régie. Alors, l'avantage argumentatif est biaisé en faveur du spectaculaire. L'invité du débat convainc davantage qu'il colle au format par petites phrases-chocs, moqueries, sarcasmes, rires et pantalonnades. Les formulent lapidaires, slogans et syllogismes feront les choux gras du média et du prestataire. La cooptation s'installe, plus ou moins passive et dangereuse, devant chaque acteur de la chaîne du propos.
Ce mardi, 68 % des quelques 20000 votants de BFM TV se sont estimés plus convaincus par Mme Le Pen que par M. Mélenchon. Grand bien leur fasse, cela donnera peut-être matière à penser.