Mercredi 13h, il y a de moins en moins de monde dans les rues de Brou, les étals du marché commencent à fermer. L’étudiant moustachu avec qui je tracte depuis une heure se plaint d’avoir mal aux pieds, moi j’enchaîne les étirements pour soulager mon dos. Le ciel est couvert, il pleuviote et le vent souffle en continue, on se croirait en novembre, nous avons froid. D’autres militants qui étaient postés aux autres sorties du marché nous rejoignent. On fait le point, on échange nos impressions, on se répartit les tracts restant en vue des prochaines actions. La plupart auront lieu dans d’autres villes de la circo de Châteaudun, or dans une région comme la nôtre les circos sont grandes, ça me fera trop de route, je rends tous les miens. La femme âgée avec qui j’avais rendez-vous à l’origine refuse, elle, de rendre les armes, ses yeux voilés par la cataracte brûlent d’une détermination sauvage. Puisque le marché ferme, elle ira poser des tracts sur les pare-brises des voitures ou dans les boîtes aux lettres et, quand elle n’aura plus de tract, j’imagine qu’elle serait capable de graver “Votez Front Populaire” sur les façades d’immeuble avec ses ongles.
Je n’ai pas ce niveau d’acharnement et, surtout, j’ai faim. Je rentre donc chez moi pour déjeuner en vitesse, mettre un pull et repartir vers Nogent pour sauter dans le vide du porte à porte. J’arrive en retard, comme d’habitude, c’est maladif. Je pensais ne retrouver que mon communiste révolutionnaire sûr, la veille nous étions les deux seuls volontaires, nous sommes finalement cinq. Sont avec nous : une jeune retraitée, nouvelle dans la région, joviale et volontaire ; un étudiant en socio qui nous a rejoint en partie grâce à ce blog, propre sur lui et réservé au premier abord et un jeune prof au collège, cheveux longs et frisés, un peu geek, déterminé. Il est déjà presque 15h30, nous ne perdons pas plus de temps et nous montons dans la voiture de la retraitée, direction le quartier des Gauchetières où se trouvent la plupart des HLM de la ville. Le quartier est semblable à tous les quartiers “prioritaires” de toutes les villes de France : la chaussée est défoncée, les commerces à l’abandon ou décatis et les barres d’immeuble à la limite de la ruine. Je n’ai jamais habité très loin de ce genre de quartier, mon père y a grandi, j’y ai un peu travaillé, je les connais, mais cela fait toujours un choc de voir un tel état de misère et de délabrement dans le pays du Festival de Cannes, de l’avenue Montaigne et des métros automatiques.
Nous nous divisons en deux équipes pour couvrir plus de terrain et ne pas submerger les gens. La jeune retraitée a déjà fait du porte à porte pour la France Insoumise dans le 20e arrondissement de Paris, elle prend la tête de la première équipe à laquelle je me joins avec l’étudiant en socio. Le jeune prof part en duo avec le vétéran de la lutte. Chaque équipe une barre. Premier obstacle : l’interphone, flambant neuf lui, la sécurité avant tout. Nous sonnons au hasard, le troisième nom est le bon, la porte de l’immeuble s’ouvre en même temps que celle de l’appartement du rez-de-chaussé. Un couple de personnes âgées que nous n’intéressons pas. “Mais vous n’êtes pas inquiets par la situation ?” “Non, je ne veux pas que les choses changent, elles sont très bien comme ça.” Nous n’en saurons pas plus. Nous montons au premier pour frapper à notre première porte. J’essaie de ne pas le montrer mais je n’en mène pas large, mon cœur s’affole, mes mains tremblent, c’est pire que le trac avant de monter sur scène, pire que de devoir téléphoner à un inconnu, c’est une de mes plus grandes angoisses. Notre cheftaine frappe, silence, personne. De l’autre côté du palier c’est mon tour, idem, pas de réponse. Ouf.
À l’étage du dessus, après nos coups à la porte - aucune des sonnettes ne fonctionnent - nous entendons distinctement des pas derrière la porte. Je suis presque pris de vertige. La porte s’ouvre et laisse apparaître une jeune femme, grande et mince au point d’en avoir l’air frêle, habillée et coiffée à la mode des années cinquante. Sa présence est presque incongrue. Comme la nôtre devant sa porte, j’imagine. Elle sait qu’il va y avoir des élections mais elle ne s’y est pas encore intéressée, elle ne sait pas quelles sont les forces en présence, les choix possibles. Nous lui demandons quelles sont ses plus grandes préoccupations. “Le travail” nous répond-elle du tac au tac en cherchant l’assentiment d’une personne dans l’appartement que nous ne verrons jamais. Elle est dans l’aide à la personne, nous dit-elle. J’ai envie de lui parler de François Ruffin et de son film Debout les femmes ! mais je me retiens. Nous sommes là pour écouter avant tout et de toute façon Ruffin est candidat dans la Somme, pas ici. Ici, nous n’avons pas de candidat, nous le lui expliquons, elle comprend, elle nous promet d’y réfléchir et de lire le tract de l’intersyndicale dénonçant les hypocrisies du RN que nous lui laissons. Nous nous souhaitons tous du courage et elle referme la porte. Nous décidons que c’était positif.
Elle était touchante cette femme, je ne cache pas que je m’inquiète encore pour elle, que je l’imagine être une des premières victimes d’un régime d’extrême-droite, que si je combat pour l’avènement d’une société plus juste c’est en partie pour des gens comme elle, pour ceux que demain angoisse, pour ceux qui seront les perdants de la loi de la jungle et du tous contre tous que promettent le RN et plus largement l’idéologie néolibérale. Et peut-être ai-je tord sur toute la ligne, peut-être cette femme fait-elle partie du mouvement trad wife - ce qui expliquerait sa tenue ; peut-être est-t-elle la dominatrice de cette personne hors-champ que nous avons à peine entendu ; peut-être est-t-elle capable de me casser le bras d’un coup de matraque télescopique ou de me mettre K.O. en deux mouvements d’un art martial dont elle est experte ; peut-être est-t-elle une raciste convaincue, une criminelle, une ordure, une psychopathe de la pire espèce. Qu’importe, je me bats aussi pour que ces gens aient une vie meilleure. Dans le monde d’après, exister n’est plus un combat, le crime et la haine sont superflus, inutiles, anecdotiques. Dans mon idéologie, il n’y a pas de eux et de nous, il n’y a pas de perdants ou de vainqueurs, il n’y a qu’une volonté sincère de paix, d’émancipation et d’amélioration de la vie quotidienne de toutes et tous.
Nous repartons dans les étages. Seul un jeune homme, la vingtaine, est présent pour nous ouvrir. Nous ne le dérangeons pas vraiment mais clairement il n’en a rien à foutre et il n’attend que de pouvoir retourner fumer le joint que j’ai senti quand il a ouvert la porte. Nous insistons un peu, il s’excuse presque de s’en battre autant les couilles et propose que nous en restions là pour ne pas nous faire perdre notre temps. Ok, au moins c’est honnête. Je veux croire que nous avons planté une petite graine dans son esprit et que le 30 juin il se souviendra de nous et ira voter. Mais je ne me fais pas d’illusion. Les autres portes restent fermées, les appartements qu’elles protègent silencieux. Nous avons fini notre première cage d’escalier, en route vers la deuxième.
Une fois la barrière de l’interphone passée, notre meneuse nous fait remarquer que d’habitude le porte à porte se fait en commençant par le dernier étage puis en redescendant jusqu’au rez-de-chaussée. L’immeuble dans lequel nous sommes aujourd’hui ne fait que quatre étages donc en soit cela ne change pas grand chose, mais, à posteriori, je comprends pourquoi les choses se font dans ce sens là : après un rejet ou une conversation difficile, il vaut mieux avoir à descendre un étage qu’à en monter un. Psychologiquement, c’est plus facile. Nous montons donc les étages quatre à quatre jusqu’au troisième où la personne qui nous a ouvert à l’interphone nous attend dans l’encadrure de sa porte. C’est une femme âgée qui s’occupe de ce que je suppose être ses petits-enfants, elle ne parle pas très bien français, elle n’est pas intéressée, nous n’insistons pas. Tant mieux, nous allons pouvoir reprendre notre souffle. Note pour plus tard : commencer par le dernier étage oui mais en ascenseur si possible, ou après une petite pause, histoire d’avoir l’air crédible.
C’est à nouveau mon tour de frapper, j’y vais, du bout des doigts… Silence… Dommage, au suivant. “Tu pourrais y aller avec un petit peu plus d’entrain, me fait remarquer ma camarade plus expérimentée, il faut que les gens t’entendent quand même.” Elle a raison mais l’exercice est tellement étranger à ma nature que, comme un enfant timide qui ne connaît pas sa leçon, j’essaie de me faire le plus petit et le plus discret possible. Au fond de moi, je ne veux pas que les portes s’ouvrent, je ne veux pas participer à cette punition collective, à ce jeu pervers décidé par ce président toxique, je veux jouer avec mon chien, lire un roman ou une bande dessinée, je veux écrire des blagues ou des histoires d’animaux malins, pas ces lignes qui me retournent les tripes. Sauf que j’ai une conscience et qu’elle me dicte de m’impliquer, si ce n’est pour moi au moins pour les autres qui ont moins de privilèges mais non moins de droit à une vie heureuse. “Tu n’es pas une île, me dit-elle, ton bonheur dépend de celui des autres.” Elle aussi, elle a raison. Putain de conscience.
Nous reprenons notre descente dans les étages. Une jeune femme nous ouvre, le tablier et les cheveux couverts de farine et de pâte à gâteau, un gosse d’à peine trois ans accroché à sa jambe. Elle non plus ne parle pas très bien français mais son premier réflexe est de nous inviter à l’intérieur avec une candeur désarmante. Nous mentionnons l’élection, elle n’est pas sûre de comprendre mais elle sait qu’elle ne peut pas voter. Elle s’en excuse presque et réitère son invitation, au point qu’il serait presque plus poli d’accepter. Mais l’heure tourne, nous refusons, nous sommes en mission, nous ne sommes pas là pour piquer à ce petit garçon les gâteaux de sa maman. Nous repartons vers d’autres portes closes, puis celle d’une femme en pleine conversation téléphonique. Ça a l'air important, professionnel. Elle nous écoute tout de même quelques secondes puis nous congédie gentiment. Ce n’est vraiment pas le moment, mais elle a compris pourquoi nous sommes là, elle est avec nous.
Il ne reste plus qu’une porte au rez-de-chaussée, vu l’heure elle sera la dernière de la journée, qu’elle s’ouvre ou non. Nous frappons, je reconnais les bruits de pas, caractéristiques maintenant, d’une personne qui se lève de son canapé pour aller ouvrir. La porte s’ouvre en grand sur un homme, la quarantaine peut-être c’est difficile à dire, en surpoids et, surtout, torse nu. Petit flottement. Il n’a pas l’air d’être particulièrement gêné de la situation et nous ne sommes pas là pour juger les gens. Et après tout, il est chez lui, il a bien le droit de se balader à poil si ça lui chante. Nous commençons notre petit laïus, auquel il répond timidement en fermant petit à petit la porte. Je pense : soit il est envahi par la pudeur, soit il n’a pas le courage de nous dire franchement qu’on le dérange, tant pis, on aura essayé. Je me trompe, alors que la porte n’est plus qu’à peine entrebâillée et qu’il commence à disparaître dans l’ombre de son appartement, il nous interrompt. “Attendez, je vais vous faire entrer.” Il ferme la porte et la rouvre quelques secondes plus tard vêtu d’un t-shirt improbable. “Entrez, vite, les chats vont essayer de s’enfuir.” Ok, ni pudeur, ni lâcheté, mais une simple précaution face à la nature nihiliste de ses animaux de compagnie.
Nous entrons dans un petit deux pièces. L’immeuble date probablement des années 60 ou 70, l’appartement n’a pas beaucoup bougé depuis. Peu de décoration, peu de mobilier à part un ensemble canapé et fauteuils assortis en simili cuir, hors d’âge et sérieusement élimés par des années de bons et loyaux services et les griffes meurtrières des quatre félins qui partagent l’appartement avec notre hôte. Face au canapé, une table sur laquelle reposent une manette de playstation et un gros pot de tabac à rouler, comme on n’en trouve qu’à Andorre ou à la frontière belge et, contre le mur, la playstation et une télé allumée sur un jeu vidéo de course de voiture en pause.
Petite parenthèse : on pourrait s’étonner qu’un homme adulte dont nous apprendrons plus tard qu’il ne vit que grâce à une pension d’invalidité, ait dilapidé son argent dans une console de jeux vidéo mais on aurait alors un raisonnement étriqué de bourgeois condescendants. Si une console de dernière génération et un jeu neuf représentent certes un investissement de plusieurs centaines d’euros, sur le marché de l’occasion ces prix peuvent être divisé par trois ou quatre et, rapporté aux centaines, voire aux milliers, d’heures qu’il est possible de passer sur un jeu, cet investissement apparaît extrêmement rationnel. Qu’on ne s’y trompe pas, en considérant le coût par heure de divertissement, le jeu vidéo est de loin le produit culturel le plus rentable qu’offre notre société. Et d’autre part, il est disponible partout, même dans des régions où le premier cinéma ou la première librairie est à cinquante bornes. Fin de la parenthèse.
Sur son invitation, nous nous asseyons et nous reprenons notre conversation sur de meilleures bases. Notre hôte a entendu parler d’une élection oui, mais cela fait des années qu’il ne vote plus, il ne sait pas trop qui les français sont censés élire. Nous le lui expliquons, il hoche la tête timidement pour nous signaler qu’il a compris. Nous le questionnons prudemment sur sa vie, ses opinions politiques, ses problèmes. Ses réponses sont d’abord évasives mais, petit à petit, il se dévoile et finit par nous dire que dans une autre vie il était chauffeur de bus dans le nord de la France. “Moi aussi, s’écrie la jeune retraité, j’ai bossé 15 ans à la RATP !” Le visage de notre hôte s’éclaire, ils ne partageront rien de plus de leur expérience professionnelle mais quelque chose à changer, il sait maintenant que nous ne sommes que des gens, rien de plus, et qu’entre gens on peut se comprendre, on peut échanger, on peut partager.
Il nous en dit un peu plus sur sa vie, un divorce difficile, une dépression nerveuse, une tentative de suicide ; un drame, banal somme toute, moins spectaculaire qu’une infirmité physique mais, pour lui, une tragédie, un cataclysme, la fin d’un monde. Et, dans une société de manager, un inconvénient, une carence, une faute. Marqué du sceau de cette infamie, il n’a pas pu reprendre le boulot, ni en trouver un autre et, petit à petit, il a baissé les bras, il a accepté d’être défectueux, inutile. Et depuis il ne surnage dans l’océan du capitalisme que grâce à la faible bouée de l’allocation adulte handicapé, sans avoir conscience que les requins du néo-libéralisme et de l’extrême droite rôdent autour de lui en attendant l’occasion de lui arracher.
Au milieu de cette conversation qui me rend cet homme de plus en plus sympathique, quelqu’un frappe à la porte. “Merde, me dis-je, on n’est pas les seuls sur le coup, on va se retrouver face à deux centristes en basket ou deux skinheads en treillis militaire, ça va être chelou !” Je me tends, je regarde mes camarades. Nous n’osons rien dire à haute voix mais on se comprend, on est prêts, à tout, à rien, on ne sait pas, mais on est prêt. Notre hôte revient en s’excusant presque : “C’est mon filleul et sa copine qui viennent me rendre visite, ça ne vous dérange pas ?” Bah non, c’est nous qui dérangeons pour le coup. Entre à sa suite un jeune couple d’à peine vingt ans, lui, coupe de footballeur sur un corps d’adolescent potelé ; elle, cernes sombres et bras striés de cicatrices rectilignes. Je les reconnais ces cicatrices, je sais ce qu’elles disent de la souffrance de vivre, des tourments intérieurs de celle qui se les est infligées volontairement. Nous nous présentons et leur demandons s’ils acceptent que nous restions pour parler de politique. Ils acceptent mais ils ont l’air encore plus ignorant que leur parrain des enjeux de cette élection. Nous prenons le temps d’expliquer le fonctionnement de l’assemblée nationale, le rôle du premier ministre et des députés. Ils comprennent vite, ils ne savent pas mais ils ne sont pas idiots. En revanche, ils ne pourront pas voter, lui parce qu’il est toujours inscrit dans le nord et qu’il n’a pas les moyens d’y retourner ; elle parce qu’elle n’est pas inscrite sur les listes électorales. Elle sait que c’est automatique à 18 ans, normalement, quand on s’est recensé pour passer son bac, quand on a une vie normale, à peu près. Mais elle, elle a grandi en foyer, elle n’a pas passé son bac et elle n’a pas eu droit à ce peu de normalité. Et pour cette élection, c’est trop tard, elle a vérifié.
Ils sont touchants ces deux jeunes, ils se battent, ils jouent le jeu du marché du travail, ils savent ce qu’ils veulent faire et ils suivent les règles. Ils essaient du moins, car personne ne leur donne leur chance. Et ils s’intéressent sincèrement à ce que nous leur disons ; la fille notamment s’anime et répond avec pertinence. Elle finit même par monopoliser la conversation pour dérouler une analyse très informée de l’état de notre société. Elle nous parle, avec ses mots, de super profits, de financiarisation, du changement climatique et des inégalités de genre. Le seul lien qui lui manque pour devenir une camarade de lutte, c’est la politique justement, les idéologies défendues par les différents partis et les solutions qu’ils proposent à tous les problèmes qu’elle a su identifier. Nous nous empressons bien sûr de combler cette lacune.
Mais il est temps pour nous de tirer notre révérence, nous avons rendez-vous avec l’autre équipe de porte à porte. Nous nous excusons donc non sans avoir fait promettre à nos hôtes de continuer à s’informer, à réfléchir et à discuter et au parrain de donner sa voix à ses filleuls s’ils arrivent à le convaincre. Une fois dehors, nous nous dépêchons de retrouver nos camarades puis le reste de notre groupe de militants qui nous attend au kiosque à gauchistes où nous avons rendez-vous tous les jours depuis le début de la semaine. Nous faisons un compte rendu rapide de nos rencontres. Chacun, à sa façon, est enthousiasmé par nos histoires et il y a de quoi, nous avons planté des graines, nous avons fait germer des convictions et nous avons rencontré de belles personnes. Et surtout nous n’avons vu aucun électeur du RN.
Je vois l’espoir renaître dans les yeux de certains, la combativité ressurgir sous le pessimisme. Je ne sais pas si nous avons persuadé quiconque d’aller voter mais nous sommes allés sur le front et nous en sommes revenus. Nous avons prouvé à nos camarades qu’il y avait des moyens d’agir, que tout n’était pas dicté par le national ou les médias dominants, que l’engagement pouvait avoir un impact. La lutte est une course de fond, une ascension de longue haleine et aujourd’hui nous avons ouvert une voie que les autres emprunteront peut-être derrière nous.
En tout cas je l’espère, car personnellement je suis vidé, physiquement et émotionnellement surtout. Je suis heureux d’avoir fait ce que j’ai fait, d’avoir rencontré tous ces gens sur le marché et dans leurs immeubles mais j’ai vu le dégoût de la politique et la misère sociale en face, j’ai entrevu le fond de l’abîme et il m’a glacé le sang.