Faim, soif, risques d’épidémies de choléra, déscolarisation… Le Secours Islamique France (SIF) et le Village d’Eva sont très préoccupés par les conséquences dramatiques d’une catastrophe climatique à l’intensité inouïe, qui exacerbe les vulnérabilités de milliers d’enfants déjà très fragilisés. Leur quotidien est dramatique, et leur avenir est déjà en péril : ensemble, nous appelons à faire du bien-être et de la protection de l’enfance une priorité absolue dans la construction des réponses humanitaires à Mayotte.
Le drame est absolu, et aucune des images qui tournent en boucle sur les chaînes d’information en continu ne pourront refléter l’intensité des souffrances des sinistrés. Les jours se succèdent après le passage dévastateur du cyclone Chido à Mayotte, et la population tente de panser ses plaies, de compter ses morts, et de retrouver d’innombrables disparus, dans l’angoisse la plus totale. C’est bien une crise humanitaire de grande ampleur qu’a provoqué la catastrophe naturelle la plus puissante depuis un siècle dans ce qui est le département le plus pauvre de France. Des milliers de famille ont besoin d’aide.
Et, comme c’est pratiquement toujours le cas lors d'une telle catastrophe, les enfants payent cette tragédie au prix fort. Particulièrement vulnérables, ils sont très nombreux à être désormais privés de toit, d’accès à l’eau potable, de nourriture, de soins médicaux. Quant à l’école, cruciale pour leur avenir, elle est désormais inaccessible, tant le cyclone a tout emporté sur son passage. D’où les profondes inquiétudes des équipes du Secours Islamique France (SIF) et de son partenaire local, Le Village d’Eva, qui accompagne de nombreux enfants très précaires sur place.
Ces enfants sont en grand danger, eux qui vivaient déjà, dans leur immense majorité, dans les conditions insalubres de bidonvilles désormais complètement rasés, et accusaient un retard scolaire conséquent. Leurs familles ont tout perdu, et sont plongées dans le dénuement le plus total. Face à cette urgence absolue, le SIF et le Village d’Eva se sont associés pour répondre, le plus rapidement possible, aux besoins les plus essentiels des personnes impactées, donc combattre la faim et la soif.
En ce moment même, les équipes du SIF préparent des distributions de nourriture et d’eau potable, qui seront faites dans les quatre centres de soutien à l’enfance du Village d’Eva, pour des milliers d’enfants démunis, et, bien entendu, leurs familles, ou toute autre personne dans le besoin : la protection de l’enfance, c’est aussi aider son cercle proche, pour lui assurer un cadre plus serein, et limiter au maximum les risques d’abus.
Agir dans ce sens est absolument crucial : les coupures d’électricité provoquent l’épuisement rapide des réserves alimentaires stockées dans les frigo, et les chaînes d’approvisionnement sont à l’arrêt. Les distributions d’eau potable et de kits d’hygiènes que nous avons prévues, sont tout aussi capitales : insalubre, l’eau peut provoquer des maladies hydriques mortelles, et une épidémie de choléra n’est pas à exclure. Or, les médicaments manquent, et les structures de santé sont à bout de souffle.
Une fois encore, les enfants, très fragiles, sont particulièrement exposés. Le SIF appelle tous les acteurs à apporter des réponses inclusives, qui ne laissent personne de côté. Elles doivent être adaptées aux besoins des personnes les plus vulnérables, en prenant en compte les facteurs de vulnérabilité spécifiques liés à l’âge, à la condition sociale, au genre, à une éventuelle situation de handicap, sans aucune discrimination selon l’origine, y compris par rapport au statut des sinistrés.

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Nous rappelons également qu’en ce qui concerne les enfants, l’école exerce un rôle primordial comme cadre protecteur. L’école est essentielle pour le développement des enfants, leur santé mentale et psychologique. C’est une porte d’entrée vers les services de protection en cas de maltraitance et d’abus. Leur retour à une scolarité normale doit donc être érigée parmi les priorités pour qu’ils puissent être accompagnés du mieux possible pour faire face à la situation, retrouver un sentiment de sécurité et de bien-être, et être orientés vers les services de protection adéquats si nécessaires.
Appuyé par l’expertise du SIF en termes de bien-être et de protection de l’enfance, le Village d’Eva réfléchit d’ores et déjà à des actions communes de soutien psychosocial, très importante pour aider les filles et garçons sinistrés à retrouver une stabilité émotionnelle et mentale. Vivre une telle crise à l’âge d’un enfant peut provoquer des cicatrices psychologiques irréversibles si les traumatismes ne sont pas pris en charge rapidement par des spécialistes. Bien souvent, les enfants ne comprennent pas ce qui s’est passé, ne parviennent pas à trouver les mots pour décrire leur mal-être, et se renferment sur eux-mêmes.
Par tous ces aspects, la catastrophe humanitaire de Mayotte nous touche tous profondément, équipes du SIF et du Village d’Eva. Ensemble, nous avons lancé un appel aux dons pour apporter des réponses d’urgence à la hauteur des besoins, absolument immenses. Face à une telle crise, chaque geste de générosité, chaque don compte.
Nous avons besoin de vous : selon les Nations Unies, au cours des 50 dernières années, plus de 2 millions de personnes ont perdu la vie à cause d’une catastrophe climatique, soit 115 par jour. Autre réalité alarmante, toujours selon les Nations Unies, 400 000 personnes meurent chaque année de faim et de maladies liées aux changements du climat dont de nombreux enfants. Force est de constater que la France n’est pas épargnée par les catastrophes rendues encore plus intenses par les changements climatiques.
Notre mobilisation à tous est cruciale : les associations comme le SIF et le Village d’Eva se tiennent aux côtés des autorités françaises pour apporter leur contribution humanitaire.