Le score du Rassemblement national aux Européennes est un choc pour tout le monde, mais il doit interpeller aujourd’hui les salarié·es des médias.
Depuis plus de 20 ans, la concentration des médias dans les mains d’un petit groupe d’industriels a peu à peu grignoté l’indépendance des équipes rédactionnelles.
L’arrivée de Bolloré au capital de plusieurs groupes, le rachat de Canal+, la mort l’iTélé, la création de CNnews, les reprises du JDD et de Paris Match, les concentrations opérées par Altice Medias (avec l’Express, Libé reparti entre les mains de Daniel Kretinsky, et BFM), et les manoeuvres de Bernard Arnault au Parisien et aux Échos, ont été la démonstration de l’emprise des milieux financiers sur les médias.
Les conséquences sont là. Bolloré a transmis le JDD aux rédacteurs de Valeurs Actuelles, et en fait une version grand public de la presse d’extrême droite des années soixante dix. Au quotidien, il utilise CNews et C8 comme tribunes pour propager les idées nationalistes et réactionnaires au travers de figures comme Pascal Praud ou Cyril Hanouna - après avoir installé Éric Zemmour à des heures de très grandes écoutes. En accordant des entretiens à répétition dans ces médias, les membres de la majorité présidentielle n’ont fait que valider leur crédibilité.
Parallèlement à ça, et pour couronner le tout, le gouvernement a engagé à marche forcée, et sans concertation, la recomposition du service public de l’audiovisuel (fusion de Radio France et de France Télé), tout en mettant fin à la redevance, sa principale ressource.
Il faut aujourd’hui nous mobiliser aux côtés des équipes du service public de l’audiovisuel, et des rédactions dont l’indépendance est menacée.
Se mobiliser auprès de l’Arcom pour que les fréquences soient retirées aux groupes qui diffusent des idées d’extrême droite.
Aujourd’hui, la priorité est de se mobiliser pour mettre en échec le Rassemblement national aux législatives, car si le tableau dressé est déjà sombre, son arrivée au pouvoir risque d’ouvrir un nouveau chapitre d’attaques fortes contre la liberté de la presse. Le RN promet déjà de privatiser des pans entiers du service public - dont on peut être sûrs qu’ils en feront d’autres CNews.
L'extrême droite n'a sa place ni au gouvernement, ni dans les médias, ni dans nos mouvements sociaux. Où qu'elle soit, nous appelons l'ensemble des travailleur·euses à la combattre !
Nous invitons les salarié·es des médias à rejoindre notre collectif pour lutter contre l’extrême droite partout où elle se manifeste, à prendre part au mouvement en cours et à se mobiliser dans la rue et dans les urnes et à partager les informations et les projets d’action à mener partout.
La section Sud Culture et Médias Solidaires de Mediapart

Agrandissement : Illustration 1
