Après deux mois de conflit, et comme le reste de la société, nous, salarié·es de Mediapart, savons qu’il ne nous reste plus beaucoup d’autres moyens que la grève dure et massive pour faire plier un gouvernement décidé à mener une réforme des retraites brutale et injuste, nous faire entendre d’un pouvoir qui ne reconnaît que sa seule légitimité politique, casse le jeu parlementaire et piétine les corps intermédiaires, dont les syndicats, même unis comme jamais. Mardi, la grève était suivie par 73 salarié·es dans notre entreprise, ce qui en fait le mouvement le plus suivi de l'histoire de notre journal.
Nous faisons grève car les secteurs les plus bloquants du pays – cheminots, raffineurs, routiers etc – ont raison de ne pas vouloir y aller seuls, une nouvelle fois, et de se prendre tous les coups. Nous, salarié·es du privé dans le secteur de la presse en ligne, nous voulons être plus que solidaires, nous voulons « en être » symboliquement et concrètement de cette grève générale, et visibiliser la participation de chacune et chacun à cette dynamique, se compter, se tenir chaud, pour faire de cette journée à la fois un moment d’unité sociale majeur et un tremplin.
A chaque fois pourtant, notre dilemme reste le même : que faire de notre devoir d’informer, auquel nous sommes également viscéralement attaché·es ? C’est pour tenter de répondre à cette double injonction que nous avons décidé, lors de l’assemblée générale des salarié·es de Mediapart organisée le 6 mars 2023 par la CGT, de laisser le site en total accès libre toute la journée du 7 mars, sans rien publier de nouveau sur notre site, afin de respecter et de visibiliser la grève dans notre entreprise. La Une du Club sera également gelée et entièrement consacrée à des textes et témoignages sur la réforme, nos réseaux sociaux coupés.
Ce qui n’entrave en rien notre travail d’information sur la réforme, ses angles morts, ses dynamiques politiques, avant et après la journée du 7 mars.
En AG, cette proposition a recueilli 60 votes pour, 8 contre et 9 abstentions.
Nous appelons aussi massivement à défiler et faire grève mercredi 8 mars, pour faire de cette journée pour le droit des femmes un jour de mobilisation féministe sans précédent, appuyé sur le risque d’une augmentation des inégalités que cette réforme des retraites fait peser. Regarder les politiques sociales sous l’angle du genre ainsi que les violences faites aux femmes est une pierre angulaire de notre travail à Mediapart, et cela s’incarne aussi dans le combat que nous menons syndicalement.
Nous considérons cependant que dans une perspective de grève reconductible massive, notre rôle sera, pour les journalistes, dans les jours suivants, davantage du côté de l’information. Le contexte médiatique va à coup sûr se tendre et l’on aura besoin d’une presse indépendante forte et présente sur le terrain.
Vos retours, vos commentaires, lecteurs et lectrices, mais aussi les chaleureux encouragements en manifestation ces derniers mois, nous confortent dans cette voie. Se tenir sur cette crête, avec pour passion le journal, et déterminé·es comme jamais à gagner ce combat collectif pour sauver notre système social.
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Retrouvez ici le lien vers l’édition participative ouverte par les salarié·es en grève de Mediapart. N’hésitez pas à continuer de nous solliciter pour relayer textes, infos, agendas, photos à cette adresse : grevistes@mediapart.fr
