En 2019 déjà, de nombreux salarié·es de Mediapart s’étaient mobilisés contre le projet de réforme des retraites. Celui de 2023, – le 8e en 30 ans ! – nous semble encore plus inacceptable, en ce qu’il a de brutalement comptable.
Cette réforme, comme le soulignait l’économiste Michaël Zemmour sur le plateau d’À l’air libre, n’est ni nécessaire, puisque le système n’est pas en péril, ni juste, puisqu’elle pénalise tout le monde, y compris les plus précaires et les femmes. Et aucune mesure d’accompagnement, qui consiste principalement à refaire ce que Macron a défait lors de son premier quinquennat, ne suffira à redresser la balance.
L’objectif principal de cette réforme, comme le décrit justement notre collègue Mathias Thépot, est de faire des économies (plus de 10 milliards de gains financiers en 2027). Le tout pour réduire le déficit public mais également financer les baisses d’impôts promises pour ce second quinquennat d’Emmanuel Macron.
En conséquence, et parce qu’Emmanuel Macron et son gouvernement refusent chacune des mesures alternatives (augmenter les salaires, appliquer une stricte égalité femme-homme, augmenter les cotisations patronales), tout le monde en prend pour son grade, y compris les défaitistes qui grommellent que « de toute façon, on n’en aura plus, de retraites ».
Si on ne se bat pas, l’âge de départ sera décalé de 62 à 64, alors que la durée de cotisation pour avoir droit à une retraite complète passera de 42 à 43 ans dès 2027. En actionnant ces deux leviers, et si l’on considère la situation réelle du marché de l’emploi, l’âge moyen de départ va dériver pour nombre d’entre nous vers la dernière borne, 67 ans.
En réalité, seules 35 % des personnes de plus de 60 ans sont en emploi (lire ici le reportage de Cécile Hautefeuille). Les contreparties pour les carrières longues ou la pénibilité sont très largement insuffisantes, mal financées, et la retraite à 1200 euros pour toutes et tous ressemble pour le moment à une sacrée arnaque.
Reste ce constat, désastreux, devenu un symbole : un ouvrier aura beaucoup plus de mal qu’un cadre à profiter de sa retraite en bonne santé. Rien que cela devrait suffire à nous mettre dans la rue. La retraite est une affaire de justice sociale, et pour défendre ce droit, nous, salarié·es de Mediapart, sommes en grève ce jeudi 19 janvier 2022.

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