L'événement se découpe en trois parties, inégales. La première filme sous le cagnard de l'après-midi le trajet de Lennon en Lincoln noire cernée de motards depuis l'aéroport, puis, les premières parties, au travers hélas d'un seul demi-morceau chacun, Bo Diddley en transes (très beaux plans de Pennebaker sur ses pompes à boucle), à l'unisson de son bassiste copulant avec la choriste, Jerry Lee Lewis comme à la maison la santiag sur le piano et Little Richard toujours aussi précieux.
Le set du POB va se dérouler en deux temps. Il fait nuit lorsque le groupe monte sur scène, Lennon sans sa moitié qui se pointe un peu plus tard, un drap de lit en étendard. Elle va s'y planquer en boule dessous, masse informe sur scène, agonie mouvante de fantôme, mais silencieuse et c'est là l'essentiel. Lennon enchaîne ses morceaux d'adolescence, "Money", "Lucille", "Dizzy miss Lizzy"... les chante bien, laissant Clapton se déchainer. Bon rock'n'roll. Le deuxième temps (la face B du vinyle d'antan) est un basculement d'univers qui a dû en laisser perplexe plus d'un... Yoko Ono, sortie de sous son drap s'exprime, chante. Enfin "chante" est un euphémisme pratique, car comment caractériser les sons émis par la dame : barrissement d'éléphant à l'approche d'un tsunami ? Égorgement de porc ? Écrasement de queue de chat ? Les mots manquent... Cette femme, alors cinglée, semble par ailleurs réjouie et heureuse, Lennon ne rien remarquer d'anormal et les musiciens en pilote automatique (boules Quiès dans les oreilles ?), calés sur un accord basique répété à l'infini... Mais c'est à ce pauvre public flower power qu'on pense, compatissant aux bad trips qu'il a dû subir là...

D.A. (Donn Alan) Pennebaker |
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