Sefronia (avatar)

Sefronia

Univers de chroniques musicales et des environs...

Abonné·e de Mediapart

211 Billets

0 Édition

Billet de blog 16 mars 2020

Sefronia (avatar)

Sefronia

Univers de chroniques musicales et des environs...

Abonné·e de Mediapart

La vie après la nuit: Keeley Forsyth «Debris»

Dès les premières mesures de « Debris », immersion brutale : l’impression de revenir pour de vrai dans un endroit hanté, que l’on pensait n’avoir fréquenté qu’en rêve...

Sefronia (avatar)

Sefronia

Univers de chroniques musicales et des environs...

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Keeley Forsyth - Start Again (Official Video) © The Leaf Label

Dès les premières mesures de « Debris », immersion brutale : l’impression de revenir pour de vrai dans un endroit hanté, que l’on pensait n’avoir fréquenté qu’en rêve... ou dans les disques de Nico. Harmonium, piano funèbre, voix vibrante et cassée... Qu’est-ce qui peut bien pousser quelqu’un à aller chercher si profond une eau noire, que l’on ne remonte qu’à grand-peine vers le bord du puits ?
A peine le temps de se remettre du choc thermique que la voix se libère dès "Black bull", en s’élevant au dessus de cordes de guitare pincées et étouffées. On respire un peu malgré l’austérité du décor. En une poignée de minutes on a déjà parcouru un sacré chemin, comme le veut sans doute Keeley, actrice et musicienne qui a eu à se remettre de problèmes psychiques ayant conduit à une paralysie de la langue en 2017. "Debris" est donc plutôt le témoignage d’une reconquête que d’une destruction.
Les belles cordes de "It’s raining" (arrangements de Matthew Bourne) font déjà leur travail de baume réparateur. Originaire de Manchester, Keeley a dans la voix la puissance tragique qui convient aux chansons traditionnelles anglo-saxonnes (roulement des "r" compris). "Look to yourself" balance entre berceuse et complainte, en se complaisant un peu dans cet entre-deux ; dans ce titre l’électronique pointe le bout de son nez (programmations de Sam Hobbs). La partie médiane du disque, avec l’enchaînement de "Lost", aux cordes qui enflent comme dans "Boychild" de Scott Walker (1969), puis "Butterfly", est une ascension ardue. La guérison semble s'éloigner.

Mais la lumière diffuse du piano sur "Large oak" propulse très haut, comme la poussée irrésistible de la sève qui monte depuis les lointaines racines jusqu’à la cime des arbres. Si "Debris" semble habité par de nombreux spectres, c’est celui réconfortant de Mark Hollis qui ici tend la main.

L’électro glaciale de "Start again" (single et dernier titre du disque) ouvre de nouvelles perspectives. Les beats électroniques pulsent comme un coeur qui s'est remis à battre. Les nappes de claviers submergent comme autant de bouffées d’émotions. La vie est revenue.

Illustration 2

Keeley Forsyth - Debris     Angleterre 2019        Pop Rock    Note 9.0

Un CD Leaf   Import

Une chronique SEFRONIA de  Jérôme Heff

> Plus d'infos sur cette chronique ici

> Des milliers d'autres chroniques ici

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.