Attention, méchante perle ! George Jackson était "staff writer" pour le petit label de southern soul Fame, le job typiquement américain de préposé à l'écriture des chansons (paroles et musique) des artistes signés par son patron, un job qui pouvait devenir prestigieux quand les hits étaient au rendez-vous, mais souvent ingrat.
A la fin des années soixante, Fame est cependant un label reconnu, petit frère de division 2 d'un Stax, dont les locomotives du catalogue se nomment Candi Staton, Clarence Carter, James Carr ou Bettye Swann, et qui dispose de ses propres studios et d'un "groupe maison" (house band) à Memphis où l'on retrouve rien moins que David Hood ou Roger Hawkins...
George Jackson avait coutume de présenter ses morceaux à ses patrons et aux artistes via des démos qu'il chantait lui-même. Ce sont ces archives jamais publiées que le label Kent exhume aujourd'hui de la poussière et de l'oubli ("Don't count me out", un premier volume, est paru en 2011).
Et à écouter ces chansons que l'on a connues chantées par d'autres - "I'm just a prisonner" pour Candi Staton (à écouter ci-dessous), "Victim of a foolish heart" pour Bettye Swann (repris bien plus tard avec succès par Joss Stone) -, on comprend que le grand Wilson Pickett, pour qui Jackson avait écrit ("Mini skirt Minnie") ait incité Jerry Wexler, le boss d'Atlantic, à le signer comme artiste. Jackson a préféré rester fidèle à Fame et à ses groupes, mais avec une telle voix et une telle conviction, George Jackson avait assurément la trempe et la carrure de se frotter à ses congénères de chez Stax ou Atlantic.
Quant à ces vingt-quatre titres, on a du mal à les appréhender comme des "démos", tant ils sont correctement produits. Et il y en a parait-il plein d'autres encore !...

George Jackson Let the best man win - The Fame recordings Vol 2
Rhythm & Blues Note 8.5

1967 1975
Un CD Ace distribué par Socadisc
Une chronique SEFRONIA de Francois Branchon