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Billet de blog 28 sept. 2013

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Magique et so english : Luke Haines "Rock and roll animals"

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"Un conte psychédélique pour petits et grands" : "Rock and roll animals" est une histoire un peu improbable déclinée en quelques tableaux, qui prend place dans la ville imaginaire de Magic Town. Elle est menacée par le méchant Angel of the North, qui sera finalement défait par trois copains à fourrure : Nick Lowe le blaireau (merci pour lui), Gene Vincent le matou cabossé et Jimmy Pursey le renard.
Luke Haines emprunte des éléments au "Magicien d'Oz", mais autant le dire tout de suite : le côté conte est un peu court, et manque de densité côté narratif - on doute fort que cela captive les petits Anglais. Les transitions parlées assurées par l'actrice Julia Davis, avec son accent so british, sont un peu tarte-à-la-crème. Par contre, quelle belle collection de chansons pop impeccables ! On y retrouve les mar(m)ottes de Luke Haines : une Angleterre de carte postale confrontée à son déclin, la passion du rock et la fascination pour ses mythes, le tout avec un humour carnassier.
Oz vs. Haines


Haines nous offre son profil Dr. Jekyll : une guitare acoustique précise, ligne claire, dirige des chansons sur lesquelles brillent parfois des étoffes glam-rock ("Magic Town", la wah-wah miaulante du récréatif "Gene Vincent") ; "Rock and roll animals" est rampante et mystérieuse, avec chœur d'enfants en danger dans une atmosphère toxique. "A badger called Nick Lowe", "Three frendz" sont habilement ponctuées d'instruments à vent, ce qui fait parfois frôler le médiéval (les flûtes et les percussions sur "The birds… the birds"). Quelques notes de guimbarde rendent tout cela très léger, voire drôle, comme dans un western-spaghetti. Quand arrive la scène du duel entre nos trois compères et l'oiseau maléfique ("The Angel of the North", après un pont tout en finesse à l'harmonium), la narration est reprise par Julia Davis ; Luke Haines n'y tient plus et ne peut pas s'empêcher de la couper peu galamment pour se fendre d'un lapidaire "rock'n roll is a losers' game". Un cri du cœur, pour lui qui a regardé de loin la déferlante brit-pop dans les années 90.
Attaché à ses racines qu'il semble considérer à la fois comme un étendard et comme un boulet, Haines évoque de manière voilée sa ville natale de Walton-on-Thames à travers celle de Magic Town, et dans la chanson "From Hersham to Heaven". Pour finir, "Rock and roll animals in space" fait définitivement passer le disque du côté rigolard de la force. Luke Haines est bien un magicien.


Luke Haines      Rock and roll animals

2013

Pop Rock Note 8.0

Un CD Cherry Red

Une chronique SEFRONIA de Jérôme Fiori

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