1.12.14 - Un journaliste de Donetsk et sa femme ont été brutalement assassinés ce week end près de Slavyansk, dans une zone du Donbass arrachée en juillet par les forces de sécurité ukrainiennes aux guerrilleros des Républiques Populaires. Les corps lardés de plusieurs coups de couteau ont été retrouvés dans leur maison de campagne. Alexander Kuchinsky, rédacteur du Journal Criminal-Express, et sa femme sont à compter parmi les dernières victimes d'une agression militaire du gouvernement ukrainien contre les populations des régions sud-orientales qui dure désormais depuis beaucoup de mois.
Après les élections législatives du 26 octobre le parlement ukrainien s'est déplacé encore plus à droite et donc les opérations militaires contre la résistance dans le Donbass ont repris en grand style tout en faisant monter le nombre des victimes officielles à environ 4.400 morts, en réalité beaucoup plus étant donné que l'un et l'autre côté tendent à sous-estimer leurs propres pertes et que beaucoup de civils victimes des incursions gouvernementales ont été tués sommairement et ensevelis dans des fosses communes, dont seulement quelques unes ont été retrouvées dans les dernières semaines.
Kiev en plus de continuer les bombardements et les incursions militaires souvent aveugles qui frappent les civils, dans ces derniers jours a augmenté l'isolement - un véritable siège - auquel est soumis le Donbass depuis désormais le dernier printemps. Ces derniers jours Porochenko et Iatseniuk ont ordonné aux ministères et aux administrations compétentes de bloquer les paiements des retraites et des subsides à des centaines de milliers de personnes qui vivent dans les aires contrôlées par les autorités indépendantistes. Comme si cela ne suffisait pas, la Banque Centrale de Kiev a déconnecté de fait les banques situées dans les aires rebelles. Depuis environ une semaine les distributeurs de billets de Donetsk et de Lugansk ont arrêté de fonctionner et les magasins n'acceptent plus les cartes de crédit après que les autorités de Kiev ont isolé le système bancaire des villes contrôlées par les Républiques Populaires. En outre le 14 novembre dernier le président Petro Porchenko a signé un décret pour l'interruption de tous les services publics, depuis les écoles aux hôpitaux, dans les villes sous contrôle des insurgés. Une véritable tragédie dans une aire déjà dévastée économiquement et socialement par des mois de guerre.
Comme si cela ne suffisait pas, le régime nationaliste de Kiev a décidé d'empêcher physiquement que des trains provenant de la Russie puissent entrer en territoire ukrainien. Comment ? en imposant à long terme un changement des voies des convois ukrainiens - ce qui empêcherait aux trains russes d'utiliser les rails de l'autre côté de la frontière. Une décision à laquelle Moscou a rappliqué en décidant immédiatement que les trains russes qui vont à Krasnodar et Rostov sur le Don ne traverseraient plus la frontière avec l'Ukraine au cours de leur trajet. L'administrateur délégué des chemins de fer russes Rza, Vladimir Iakounin, a expliqué que la construction d'un branchement pour contourner le territoire ukrainien commencera le plus tôt possible.
En même temps, les autorités russes ont envoyé ces derniers jours dans le Donbass un nouveau convoi d'aides humanitaires destinés aux populations assiégées. Environ 1.200 tonnes de biens de première nécessité et de matériel sanitaire, de matériaux de construction et de vêtements ont été transportés à bord d'un long convoi de camions qui après avoir dépassé la frontière avec l'Ukraine se sont dirigés vers Lugansk et Donetsk pour ensuite faire retour à Moscou après avoir consigné leur cargo.
Mais le 29 novembre dernier sont entrées en vigueur, avec la publication sur la Gazette officielle de l' UE, les nouvelles sanctions décidées par les 28 à l'égard de 13 personnes (et cinq non mieux précisées "entités" selon l'article, ndt) impliquées dans l'organisation des élections par les rebelles dans l'est de l'Ukraine le 2 novembre dernier (et où la participation a été beaucoup plus forte que celles qui se sont déroulées en Ukraine une semaine auparavant). La décision porte ainsi à 132 le nombre des personnes frappées par les sanctions de l'UE et à 28 le nombre des "entités" dont les biens ont été congelés. Les mesures concernent des personnalités qui ont participé à la gestion des élections séparées le 2 novembre, comme Alexander Kofman, vice-président du Parlement de la république de Donetsk, et Ravil Khalikov, ex chef du Tribunal de la république et actuellement chargé des questions de sécurité.
Si Bruxelles semble suivre, bien que très timidement , les invitations états-uniennes au durcissement des sanctions contre les rebelles ukrainiens - sur les nouvelles mesures contre Moscou l'UE est beaucoup plus tiède - c'est sur l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan que les points de vue des Etats Unis et de l'Union Européenne semblent se heurter.
Au cours d'une rencontre avec la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite - férocement anti-russe et philo-américaine - le président ukrainien Petro Porochenko avait revendiqué d'avoir déjà "mis au point les critères à travers lesquels satisfaire aux caractéristiques requises par l'Otan. Seulement après, le peuple ukrainien décidera avec un referendum si adhérer ou pas". D'ailleurs ce n'est pas un secret que, nonobstant des résistances de la part de Porochenko même et de son allié Vitali Klitschko, plus proches des intérêts européens, les cinq partis de droite et ultra-droite qui ont donné vie à la nouvelle coalition de gouvernement à Kiev dans leur programme, parlent d'une rapide adhésion à l'Alliance Atlantique, abolissant ainsi le statut de pays neutre et au contraire adhérant à un bloc militaire qui dans les derniers mois est en train de conduire un véritable encerclement à l'égard de la Russie. Si Kiev devait adhérer à l'Otan Moscou ne pourrait plus répondre coup sur coup et à ce point les préoccupations de la part du noyau de l'Union Européenne sont devenues explicites. A tel point que le gouvernement allemand a affirmé être "alarmé" par l'idée d'un referendum sur l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et de craindre que l'unique résultat pourrait être une augmentation des tensions avec Moscou déjà aux étoiles. Selon certains fonctionnaires du gouvernement allemand, cités par Bloomberg, l'adhésion ukrainienne à l'Alliance Atlantique "n'est tout simplement pas sur la table pour Angela Merkel" et pour l'instant ne peut non plus être insérée dans une hypothétique agenda future. Et un referendum n'aurait de résultats en termes d'entrée dans l'Otan, parce que la matière est prérogative des pays membres et non pas des électeurs d'un Etat qui veuille y adhérer. Sur la même ligne serait aussi le gouvernement de la France tandis que l'Italie, par la voix du ministre des Affaires Etrangères Paolo Gentiloni, a fait savoir de donner pour escompté la "non appartenance" de l'Ukraine à l'Otan "aussi pour le futur". Pendant que, naturellement, la rapide insertion de Kiev à l'intérieur de l'espace économique et politique européen ne semble pas du tout en discussion…
Naturellement les Usa pensent à l'opposé, et pour l'instant faute de déclarations officielles de la part des responsables de Washington les seuls à parler sont quelques uns parmi les bataillons punitifs formés par les néonazis ukrainiens qui, depuis quelques temps, avec les croix gammées et d'autres symboles nazis ont commencé à agiter aussi les enseignes de l'Otan. Comme celle dans la photo ci-dessus avec des membres du bataillon Azov.
Marco Santopadre
Contropiano.org
http://contropiano.org/internazionale/item/27842-ucraina-e-scontro-tra-usa-e-ue-sull-ingresso-di-kiev-nella-nato