Un article daté du mardi 3 juin 2014 - Marco Santopadre pour Contropiano.org.
La soi-disant "opération anti-terrorisme" lancée par le gouvernement putchiste ukrainien au début d'avril contre les régions insurgées de l'est, devait mener, dans les plans des promoteurs locaux et de ceux qui manoeuvrent en Occident, à une rapide solution du problème des Républiques Populaires, nées dans l'est du pays après les changement de régime de février dernier. Le nouveau président, l'oligarque Petro Porochenko, avait tout de suite annoncé, après son élection du 25 mai, une offensive décisive après des mois d'attaques pour la plupart infructueux, et de controffensives sanglantes de la part des insurgés contre l'armée ukrainienne et les nazis. Mais même dans ce cas aux déclarations retentissantes n'ont pas suivi de grands résultats, et les principales villes des 'républiques' de Lugansk et Donetsk sont encore hors du contrôle du gouvernement de Kiev et de fait, indépendantes du pouvoir central. Il est désormais évident que la 'blitz krieg' - la guerre éclair - déclarée par les putchistes s'est révélée jusqu'à maintenant une faillite. Pour Semion Semenchenko, commandant philo-gouvernemental du bataillon Donbass des forces régulières ukrainiennes, reprendre le contrôle de ces territoires n'est pas une question de semaines, mais de mois.
Ainsi, pendant qu'on continue à combattre dans les environs et dans toutes les citadelles anti-putchistes, il semblerait que les autorités de Kiev veuillent remédier à l'ineptie de son armée et à la vaillante résistance organisée des milices d'auto-défense du Donbass, en augmentant l'intensité des bombardements aériens commencés ces derniers jours sur Donets, une ville industrielle avec plus d'un million d'habitants, martyrisés par les bombes tirées avec des mortiers, et maintenant aussi par les avions de chasse et les hélicoptères. Et en faisant un massacre en plus des combattants, aussi sur des civils désarmés.
C'est arrivé de nouveau hier à Lugansk, où les bombes sont tombées du ciel larguées par l'aviation militaire ukrainienne. Des bombes à fragmentation - interdites par les conventions internationales - pour augmenter l'effet destructeur des blitz et viser les civils, avec le but de provoquer la terreur à l'intérieur des zones qui soutiennent les combattants anti-putchistes.
Après les dénonciations des autorités locales indépendantistes, selon lesquelles l'aviation ukrainienne aurait frappé aussi avec des missiles anti-char S-8, le gouvernement de Kiev a essayé de nier, il n'y aurait jamais eu d'attaque aérienne contre Lugansk, en se justifiant avec un "emploi inadéquat" des lance-grenades de la part de quelques membres des auto-défenses - c'est-à-dire ceux qui ont été attaqués. La version du représentant de Kiev à l'ONU, Yuri Serguéev, a été répétée plus tard par le porte-parole du centre de commandement des opérations militaires de l'armée ukrainienne dans la zone, Alexéi Dmitrashkovski. Après quelques temps est arrivée une nouvelle reconstruction commode de la part cette fois d'un représentant du gouvernement putchiste, selon lequel à frapper l'immeuble de l'Administration régionale de Lugansk aurait été un missile attiré par la chaleur provenant de l'une des installations d'air conditionné.
Mais après sur le web ont commencé à circuler plusieurs images, dont certaines tournées par les caméras de sécurité opérationnelles dans le centre de Lugansk, et les vidéos montrent la trainée laissée par les projectiles pendant qu'ils visent l'édifice, qui donc démentent les versions de Kiev selon lesquelles l'explosion aurait eu lieu à l'intérieur de l'immeuble où siège le gouvernement autonome de la République Populaire. Et même les énormes dommages causés à l'édifice et le grand nombre de victimes démentit qu'il se soit agi d'une unique explosion occasionnelle. Le même porte-parole du département d'Etat de Washington Jen Psaki qui, il y a quelques jours, avait donné le feu vert à l'assaut de Kiev contre les deux régions, tout en recommandant une hypocrite 'attention aux victimes civiles', n'a pu faire rien d'autre pendant la conférence de presse, que parler des 'données contradictoires' concernant ce qui est arrivé. Et à la fin les autorités putchistes ont admis avoir bombardé le centre de Lugansk avec environ 150 missiles partis des hélicoptères et des avions de chasse de Kiev. Un bombardement massif - et brutal - destiné selon les nationalistes à 'soutenir les gardes de frontière ukrainiennes' attaquées par les miliciens de Lugansk qui étaient en train de prendre le contrôle d'une des leurs positions. Selon la reconstruction du Ministère de la Défense ukrainien, pendant l'attaque les avions de chasse ont aussi tiré des fusées éclairantes thermiques (bengala termici) pour dépister la défense contre-aérienne des auto-défenses et empêcher d'abattre des aéronefs de guerre du gouvernement comme c'était arrivé la semaine dernière à Donetsk. Même l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe - OSCE - a reconnu dans un communiqué que l'attaque au siège de l'administration régionale de Lugansk a eu lieu avec des missiles lancés par des avions de chasse. D'ailleurs pendant la journée d'hier beaucoup de sites web philo-nationalistes titraient en gros caractères à propos du début des bombardements aériens contre les 'terroristes' à Lugansk, quitte après à changer rapidement les premières pages après que les terribles images des corps broyés par les bombes commençaient à faire le tour de la planète.
L'attaque d'hier a provoqué un massacre : huit morts, parmi lesquels la 'ministre de la santé' de la République de Lugansk Natalia Arjipova, et 28 blessés dont certains très graves.
Autre massacre aujourd'hui, mais de soldats ukrainiens. Il en seraient morts jusqu'à 10, dont quelques officiers, selon les sources locales de Lugansk, à cause du soi-disant 'feu ami'. Avions de chasse et hélicoptères de Kiev cette fois, auraient frappé par erreur leur propre système de communication radar avec une pluie de bombes. Selon la version des commandements l'aviation était convaincue que la station radar dans les environs du village de Alexàndrovka fusse occupée par des rebelles. Ce n'est pas la première fois que le 'feu ami' frappe les forces de Kiev : le dernier épisode remontait à la semaine dernière, lorsque des hélicoptères de la Garde Nationale tirèrent contre des éléments de l'armée près d'un village de Volnovaja, dans la région de Donetsk.
Ceux contre Lugansk n'ont pas été les seules attaques des dernières heures. Même la martyrisée Slaviansk a été l'objet d'une nouvelle opération militaire contre les milices qui s'opposent aux nationalistes qui ont pris possession du pouvoir par la force. Les combats, selon le ministre de l'Intérieur de Kiev lui-même, Arsen Avakov, se sont poursuivis pendant beaucoup d'heures. Même à Kramatorsk ont été signalés d'intenses affrontements pour le contrôle de l'escale aérienne locale et quelques immeubles, parmi lesquels quelques cabanons d'usines, auraient été bombardés et détruits par les forces putchistes pendant que quatre miliciens des auto-défenses seraient morts en sautant en l'air sur une mine.
Et aujourd'hui dans l'après midi l'hôpital de la ville de Krasni Liman a été sérieusement endommagé par des coups de mortiers tirés par l'armée de Kiev.
Marco Santopadre
Contropiano.org
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