Jeudi, 4 09 14 - Cessez-le-feu oui cessez-le-feu non… hier la presse occidentale donnait pour certaine la fin des combats entre troupes ukrainiennes et insurgés du Donbass après le coup de téléphone 'distensif' entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko qui auraient concordé sur la nécessité de mettre fin au versement du sang dans les régions orientales de l'Ukraine, où les milices populaires ont infligé de dures débâcles à l'armée de Kiev en retraite sur tous les fronts.
Peu après est sorti même un 'Plan Poutine' en sept points, expliqué par le chef du Kremlin en personne aux journalistes, à la veille d'un sommet OTAN entièrement consacré à une agressive stratégie anti-russe.
Pour le chef de l'état russe entretemps, soit l'une soit l'autre partie devraient cesser toute hostilité, puis "retirer les unités armées des structures de sécurité ukrainiennes, rendant impossible l'éventualité de tirer avec l'artillerie et avec tous les types de lance-missiles. Troisièmement, prévoir la mise en action d'un contrôle international, complet et impartial" instituant une zone de sécurité. "Quatrième : exclure l'emploi d'avions militaires contre les civils et les installations humaines dans la zone de conflit". Puis encore "organiser la libération des otages". Enfin "ouvrir des couloirs humanitaires pour le mouvement des réfugiés et la consigne des aides humanitaires pour les villes et centres habités du Donbass, Donetsk et Lugansk. Et fournir la possibilité d'envoyer aux localités frappées dans le Donbass des équipes pour la réparation des infrastructures détruites" dans les combats et dans les bombardements.
Un plan somme toute pragmatique et équilibré, qui selon Moscou pourrait amener Kiev et la Novorossiya (sans la Russie qui, a tenu à préciser Poutine, n'est pas partie prenante dans le conflit) à s'accorder déjà demain dans le cadre du meeting prévu du groupe de contact.
Mais les enthousiasmes de ceux qui pensaient que la crise était résolue ont été vite frustrés. D'abord par le premier ministre ukrainien, le libéral-nationaliste Arseni Yatseniuk, selon lequel la feuille de route exposée par Poutine serait une tentative détournée de la part de la Russie de brouiller la communauté internationale pour éviter de nouvelles sanctions à l'égard de Moscou que l'UE s'apprête à décider.
Yatseniuk a même dit que l'unique plan à adopter devrait présupposer exclusivement le retrait des troupes russes - dont la présence cependant même Washington ne se hasarde pas à confirmer - et des 'milices séparatistes' des territoires orientaux du pays.
Le chef de la Junte de Kiev a ensuite conclu en accusant le président russe de vouloir "éliminer l'Ukraine et restaurer l'Union Soviétique" et en insistant avec l'OTAN et l'UE afin qu'ils interviennent pour "arrêter l'agresseur".
Des déclarations enflammées qui résonnent comme un démenti en comparaison des bonnes intentions proclamées peu auparavant par le président Porochenko et qui ne permettent pas de préconiser une solution négociée de la guerre civile en cours en Ukraine.
Au cours de la journée d'hier Barack Obama aussi s'est dit sceptique sur le cessez-le-feu en Ukraine en affirmant de retenir qu'il soit "trop tôt" pour se prononcer sur l'argument. Un euphémisme pour affirmer que la guerre doit continuer. D'ailleurs l'hôte de la Maison Blanche avait atterri hier à Tallin, en Estonie, pour rassurer les Républiques Baltiques du plein soutien de Washington - même militaire - contre Moscou. Les Etats Unis - a rassuré Obama - entendent renforcer leur propre présence militaire dans les Pays Baltiques en augmentant la présence des troupes et des avions de chasse dans la base aérienne estonienne de Amari, où sont déjà en poste 150 militaires USA.
En patrie, Barack Obama est pressé non seulement par l'opposition républicaine, mais aussi par les démocrates qui sont en train de faire pression afin que les Etats Unis envoient des grands stocks d'armes au régime nationaliste ukrainien dans la tentative de bloquer l'avancée des milices populaires dans le Sud-Est du pays.
Jusqu'à maintenant l'administration Obama a repoussé cette mesure, même si en réalité des armes à Kiev, il en est arrivées jusqu'à aujourd'hui beaucoup, bien que de manière plutôt discrète.
Mais le Parlement de Washington trépigne et veut une intervention plus ferme aux côtés du gouvernement philo-occidental qui a pris possession du pouvoir en février grâce à un coup d'état.
"Nous avons envoyé des aides non létales à l'Ukraine. Je crois qu'il est opportun d'augmenter le niveau de ces aides, pour faire de manière qu'ils aient une majeure capacité de résister aux incursions russes et rendre plus difficile l'avancée de Poutine en Ukraine" a tonné Adam Smith, le leader de la patrouille démocratique dans la commission des Services armés de la Chambre.
"Je crois que nous devrions être plus énergiques dans notre soutien au gouvernement ukrainien" a-t-il ajouté, en s'alignant, comme les autres démocrates, aux positions les plus agressives soutenues depuis longtemps par les républicains.
La même position a été exprimée par le collègue qui conduit la même commission au Sénat, le démocrate Carl Levin, qui a dit être favorable à l'hypothèse de fournir des munitions et des missiles terre-air à l'Ukraine, naturellement seulement pour "se défendre". "Des milliers de soldats russes sont là et ils sont directement engagés dans une invasion" a ajouté Levin, "ils ne sont pas des rebelles séparatistes, il s'agit d'une invasion".
Nous verrons ce que décide la Maison Blanche déjà entre aujourd'hui et demain ; tout dépendra de la disponibilité des partenaires de l'Alliance Atlantique qui en tout cas jusqu'à maintenant ne se sont effectivement pas démontrés hésitants à l'idée d'une escalade militaire à l'égard de Moscou contre laquelle l'OTAN devrait émettre une force de réaction rapide, l'ouverture de cinq nouvelles bases militaires dans l'Europe Orientale et du Nord et des vastes entraînements militaires aussi en territoire ukrainien.
Avec la participation, on le sait déjà, de quelques centaines de soldats états-uniens et aussi - nous ne nous faisons manquer rien - de 90 militaires italiens.
Pendant ce temps les oligarques au pouvoir de Kiev, timorés par les débâcles militaires en série et par l'arrivée de l'hiver, ont affirmé hier par la bouche du même Yetseniuk de vouloir construire un mur sur la frontière avec la Russie.
Marco Santopadre
Contropiano
http://contropiano.org/internazionale/item/26119-ucraina-sfuma-il-cessate-il-fuoco-i-democratici-usa-armi-a-kiev