28 DECEMBRE 2016 - PAR GIULIETTO CHIESA
Le document que nous vous montrons est du soir du 27 décembre, deux jours après le désastre du Tupolev 154 et sept jours après l'assassinat de Andrei Karlov, l'ambassadeur russe à Ankara. C'est Maria Zakarova qui parle la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Russie, à la télévision, invitée à l'une des émissions les plus populaires de la Russie par un conducteur parmi les plus populaires, Vladimir Soloviov, invitée seule, comme l'on voit dans les images que nous allons vous montrer. Et ce qu'elle dit est d'une gravité sans précédents, même surprenante, c'est justement à cause de cela que je vous en parle. Tout d'abord, c'est une déclaration autorisée sans aucun doute, et de même pour le moment de cette déclaration. Il s'agit d'un événement inédit dans la longue histoire de la diplomatie soviétique et de celle russe de ces derniers 25 ans, une chose que les Russes ont toujours soigneusement évité de faire, à savoir faire connaître les textes et les phrases de rencontres très réservées. Voici la déclaration de Maria Zakarova : "Ces sont les mots que nous avons entendu au cours d'une rencontre (ou de rencontres) entre octobre et novembre 2015, dans des pour-parlers réservés. Les paroles textuelles sont 'ils nous ont demandé de transmettre le plus menaçants des signaux' ", transmettre à qui ? à la direction politique bien évidemment, et elle poursuit "la Russie devra souffrir pour ce qu'elle fait, on fera de la sorte que la Russie devra éprouver sérieusement ce qu'est la douleur, ne l'oubliez pas. " Ce sont les paroles de Maria Zakarova, à quoi fait-on référence ? au moment au cours duquel Vladimir Poutine annonce l'intervention russe en Syrie de l'aviation russe. Soloviov l'intervieweur l'interrompt "Mais ces choses furent-elles dites par des diplomates au cours de négociations diplomatiques ?" Maria Zakarova répond en précisant, tout en poursuivant la discussion "Prenez garde, nous dirent-ils, ce que vous ferez réellement sera enseveli par une campagne d'information qui couvrira chaque résultat de votre action, vous combattrez contre les terroristes mais vous serez décrits comme agresseurs", et elle ajoute "je ne peux pas citer ces textes réservés à la lettre, je ne peux que dire que ces mots ont été prononcés à plusieurs reprises plus d'une fois, il s'est agi de colloques entre les responsables des Affaires étrangères de la Russie et des collègues occidentaux. Je parle de collègues de Sergei Lavrov" poursuit Maria Zakarova "qui proviennent de personnalités qui sont représentatives de pays civilisés, il s'agit de personnes qui appartiennent à l'élite mondiale."
Je ne sais pas si Maria Zakarova se référait au Tupolev 154, bien que l'on ne puisse ignorer qu'elle parlait deux jours après l'accident, et elle ajoutait que 'nous sommes en train de souffrir, nous les Russes nous sommes en train de souffrir.' Voyons ce que dira l'enquête. Mais une chose me semble évidente : à savoir que toute le monde à Moscou y compris dans les hautes sphères ne pensent pas qu'il se soit agi d'un accident ou que nous sommes en face d'un accident quelconque, et ils veulent que cela soit su.
Et la deuxième chose vers laquelle j'attire votre attention est le contenu de ces colloques, ceux d'octobre-novembre 2015, lorsque les menaces sont devenues explicites. Dans ces colloques réservés, les Russes ont été ouvertement menacés.
Et ceux qui menacent, ne sont-ils des terroristes ? c'est l'élite mondiale, ce sont les paroles de Maria Zakarova, c'est l'élite mondiale qui menace - d'attentats, clairement. Il ne s'agit donc pas de quatre islamistes désespérés avec lesquels on nous rebat les oreilles tous les jours à travers les écrans de tout l'Occident.
De cette façon les choses deviennent plus claires et elles nous disent la gravité des dangers que nous tous risquons, pas seulement les Russes, pendant que nous tournerons autour du soleil, dans ce 2017 désormais au seuil de nos portes.