Jeudi, 5 juin 2014 - La chronique des événements d'hier, par Marco Santopadre - Contropiano.org
16.00 - Après celui de Donetsk, le gouvernement putschiste a fermé aussi l'aéroport international de Lugansk, au centre ces derniers jours de l'offensive militaire de Kiev contre les insurgés. C'est un communiqué sur le site officiel de l'aéroport qui le rapporte, sans préciser combien de temps durera la fermeture.
15.00 - La réaction du gouvernement de Moscou à la décision de Kiev ne s'est pas faite attendre. Celui-ci a ordonné de fermer partiellement les frontières orientales avec la Russie "pour empêcher l'arrivée d'armes et de militants dans les régions séparatistes de Donetsk et de Lugansk". "Au lieu d'ouvrir ces frontières pour tous ceux qui désirent laisser l'aire des actions militaires, elles sont fermées. C'est absolument offensif et inacceptable", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires Etrangères russe.
11.30 - Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a accusé les autorités ukrainiennes de "mentir" en niant l'absence de transfuges en fuite des violences dans l'est du Pays et a défini la situation humanitaire "sans précédents", en rapportant l'arrivée d'environ 3000 personnes par jour dans la région trans-frontalière russe de Rostov sur le Don.
Sloviansk, la citadelle de la résistance antiputschiste, et d'autres petites villes proches de la région ukrainienne orientale de Donetsk, sont restées sans eau après que l'attaque militaire de l'armée ukrainienne a endommagé une centrale électrique qui alimentait la Voda Donbassa Company, l'aqueduc qui fournit l'eau potable à toute la région. Plus de 8.000 citoyens ukrainiens sont arrivés dans la région méridionale russe de Rostov sur le Don dans les dernières 24 heures, afin de fuir aux violences dans l'est du Pays. C'est Pavel Astakhov qui l'a rapporté, délégué russe pour les droits des enfants. Le gouverneur de la région de Rostov Vasili Golubev a déclaré l'état d'émergence dans 15 districts à la frontière avec l'Ukraine à cause du flux de réfugiés.
La situation à 11.00
Pendant que continuent les infructueux colloques diplomatiques entre Ue et Russie sur la crise ukrainienne, continuent les combats sanglants dans l'est du pays. Le gouvernement de Kiev, face à l'impasse sur le terrain où les forces anti-putschistes semblent prévaloir même à la faveur de l'impréparation et du peu d'enthousiasme des troupes régulières, a ultérieurement intensifié les bombardements et les raids aériens, tout en impliquant les civils dans une guerre de plus en plus violente. Dans la journée d'hier les avions de chasse Su-25 ont frappé plusieurs fois les villages Nikolaievka et Semionovka, à quelques kilomètres de Slaviansk.
Mais toujours hier les commandements militaires de la résistance du Donbass ont revendiqué la destruction de deux - selon d'autres sources trois - hélicoptères militaires employés par Kiev pour bombarder Donetsk et pour transporter de nouvelles troupes au front. Des succès pour les combattants anti-putschistes aussi sur le terrain, avec la conquête de deux bases militaires dans la région de Lugansk, l'une appartenant aux gardes des frontières et l'autre aux nazis encadrés dans la soi-disant Garde Nationale, qui sur son propre site a fait connaître que la position, attaquée hier avec des mortiers, grenades et armes lourdes, a été complètement détruite avec beaucoup de véhicules.
Pendant ce temps les autorités de la République Populaire de Lugansk ont publié les noms des victimes des bombardements aveugles des derniers jours contre l'immeuble de l'Administration locale et dans le parc adjacent, qui a fait un massacre de civils. Les morts d'une attaque que Kiev avait auparavant nié - en cherchant à inculper les miliciens des auto-défenses - et puis a dû admettre, après la diffusion des vidéos sans équivoque possible, ont été à la fin 14 et beaucoup sont les blessés en conditions graves.
Pendant que le président ad intérim de l'Ukraine, Oleksandr Turchinov, a annoncé la possible imposition de la loi martiale dans les régions orientales du pays, le gouvernement a ordonné le blocus de la frontière entre l'Ukraine et la Russie dans les zones de Donetsk et Lugansk, dans le cadre des mesures de la soi-disant 'opération anti-terroriste', d'après la dénomination que la Junte attribue à la guerre sans quartier contre les populations qui s'opposent au coup d'état.
Pour essayer de renverser l'issue de la bataille et plier l'active résistance des milices du Donbass, après avoir envoyé dans les derniers jours au front le Bataillon 'Azov', contrôlé par des formations d'extrême droite parmi lesquelles l'Assemblée National-Sociale, Kiev a maintenant décidé la mobilisation du Troisième Bataillon de la Garde Nationale. Entretemps la situation humanitaire dans certaines parties des régions insurgées est en train de dégénérer rapidement. Beaucoup parmi les blessés dans les bombardements et dans les combats ne peuvent pas recevoir les soins adéquats à cause du siège qui empêche les ravitaillements hydriques étant donné que les lignes de haute tension et les conduites d'eau ont été endommagées.
Le durcissement des combats et la documentation depuis plusieurs parties, des crimes commis par le gouvernement n'empêchent pas l'Union Européenne et les Etats Unis de confirmer son soutien aux putschistes et d'accélérer les processus d'inclusion du pays à l'intérieur des mécanismes militaires et économiques d'intégration.
Les aides militaires directes que les Etats Unis ont envoyé aux putschistes ukrainiens depuis le début de mars s'élèvent à 23 millions de dollars, du moins selon les informations diffusées par la Maison Blanche hier. La majeure partie de ces financements ont servi à refournir les troupes ukrainiennes de milliers de rations de nourriture, de kit sanitaires, d'équipements.
Hier le président Barack Obama a annoncé que Washington est prêt à prendre en charge le plus tôt possible le financement plus massif de la junte de Kiev et de s'occuper directement de l'entraînement militaire des troupes gouvernementales non préparées. A la marge du face à face entre Obama et le nouveau président ukrainien Porochenko la Maison Blanche a annoncé la mise à disposition immédiate d'autres dizaines de millions de dollars en aides militaires, visant à doter les forces armées ukrainiennes de viseurs nocturnes, d'armes, de systèmes de pointage et de communication et allez savoir quoi d'autre.
L'annonce en a été faite à Varsovie, en occasion de l'anniversaire de la soi-disant 'libération de la Pologne' du communisme, et Obama a voulu envelopper ses proclamations bellicistes contre la Russie - accusée de manoeuvres obscures non mieux précisées - en comparant les 'gars de Maidan' à Kiev avec l'épopée de Solidarnosc, le mouvement catholique et conservateur leader pour plusieurs longues années de l'opposition au gouvernement socialiste de la Pologne entre les années '70 et '80. Obama a déjà annoncé qu'il demandera au Congrès un milliard de dollars pour financer une militarisation massive de l'Europe nord- centre-orientale en clef anti-russe.
Même l'Union Européenne, qui pourtant souffre du 'théâtralisme' états-unien sur le plan militaire dans ses ramifications orientales, n'est pas en reste par rapport à Washington.
L'accord d'association entre l'Ue et Kiev, à laquelle le président ukrainien Ianoukovitch dit un tardif 'non' en déchaînant la place philo-occidentale et en amorçant les mécanismes d'ingérence qui menèrent au putsch de février et à l'actuelle guerre civile, sera signé avant le 27 juin prochain. C'est le président du Conseil de Bruxelles qui l'a annoncé, Herman Van Rompuy, pendant le premier sommet des 'grands de la Terre' auquel n'a pas participé Moscou suite à l'exclusion de la Russie du G8 devenu maintenant G7. Si Poutine "ne retirera pas ses troupes de la frontière avec l'Ukraine et n'interviendra pas par la force pour arrêter les séparatistes", ont menacé les chefs de différents pays de l'Ue, l'Europe unie ne pourra que répondre par de nouvelles sanctions et par l'augmentation de l'isolement politique et économique de Moscou.
Marco Santopadre
Contropiano.org
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