25 septembre 2014 - Dimanche dernier une importante manifestation a traversé les rues de Moscou au cri de "Russie libre" (de Poutine, ndr), "bas les mains de l'Ukraine" et d'autres slogans de ce genre. Une manifestation en faveur du gouvernement putschiste ukrainien, pour l'entrée de l'Ukraine dans l'UE, contre le nationalisme de Poutine et favorable à un tournant libéral-libériste pour la Russie actuelle.
Certains parlent de 25.000, d'autres de 50.000 personnes, dans tous les cas de chiffres importants. Contextuellement dans toutes les villes européennes ont eu lieu des manifestations comparables, y compris à Rome. Certes, à Rome les manifestants étaient une cinquantaine, un nombre insignifiant même pour commenter la nouvelle. Ce que nous voulions cependant relever ce sont deux faits : toutes les manifestations en Europe étaient dirigées par des droites de plusieurs types : la manifestation de Moscou voyait la présence de détachements de fascistes russes, comme on peut le déduire de la photo.
Surgissent donc spontanément quelques questions : mais les fascistes russes n'étaient-ils pas du côté de Poutine et de son supposé expansionnisme pan-slave, pan-russe ou n'importe comment veuille-t-on le définir ? N'étaient-ils pas tous constamment rangés avec les Républiques du Donbass, vrai et propre creuset de l'ambiguïté et simple protubérance poutinienne ?
En réalité, les fascistes russes (non pas ceux ukrainiens, qui sont tous du côté de Porochenko), dans la suite ukrainienne, se trouvent un peu partout, selon les convenances et les tendances. Exactement comme ici en Italie, mais aussi comme les gauches européennes : un peu du côté des putschistes (au début, puis après avoir été massacrés à Maidan ils ont viré vers une apathie moins compromettante), un peu du côté des rebelles, un peu au milieu en s'en lavant les mains.
La présence de masse au cortège pro-UE devrait cependant nous pousser à regarder à ces dynamiques avec une posture un peu plus critique et moins écrasée sur la vision imposée par les médias, qui lisent toutes les vicissitudes concernant la Russie comme un gigantesque complot orchestré par des oligarques, Poutine, les nazi-maoïstes, les national-bolchéviques et les nostalgiques du socialisme, voué à la conquête de l'Occident, et que ceci soit entendu sans fléchir devant la figure de Poutine et sa vision politique, le fait qu'une manifestation contre la Russie et contre son Président ait été organisée et se soit déroulée, avec des nombres même importants, devrait en dire long sur comment un certain appareil médiatique décrit ce pays, soit comme un Etat autoritaire, semi-barbare, plus proche de l'ISIS que d'un état de droit.
Un peu plus d'objectivité ne gâcherait rien, et permettrait une analyse plus adéquate des événements, qui restent complexes et non superposables à des visions prédéfinies.
(Nota bene : nous ne sommes pas en train de dire que la Russie actuelle n'ait pas des accents effectivement autoritaires ; nous sommes en train de dire que si une telle catégorie devait être employée, ceci vaut pour tous, UE et USA in primis, et ne peut pas être mise en circulation dans le discours public comme une caractéristique intrinsèque de la politique poutinienne. C'est celui-là le mécanisme qui vise à la construction de l'ennemi comme "mal absolu", à combattre au nom de la liberté. Cette rhétorique est à refuser sans condition, même si elle fusse référée à la dernière bande de fous coupe-gorge. C'est pour cela que des catégories déterminées, comme celles par exemple d' "autoritarisme", "totalitarisme", "terrorisme" et ainsi de suite, sont à manier avec précaution et possiblement à éviter, ou alors à contextualiser parfaitement afin d'éviter de possibles glissements sémantiques qui conduisent par la suite à la justification des politiques capitalistes occidentales perçues comme meilleures par rapport à la barbarie anti-occidentale : cette barbarie est justement le produit de telles politiques capitalistes, et non pas une sienne anti-thèse).
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