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Billet de blog 8 août 2015

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Kiev veut la guerre. Les accords de Minsk dépendent de la position de l'UE - par Fabrizio Poggi

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7.08.15 - Pendant que se poursuivent les bombardements des quartiers civils de Gorlovka (hier, un civil a été tué), Jasinovataja, Spartak, Makeevka (plusieurs civils blessés), Donetsk, Krasnoarmejskij et Mariinsky, avec l'utilisation par l'Ukraine de l'artillerie lourde et les chars, "le ministère de la Défense de la DNR n'exclut pas la possibilité d'une offensive des Forces armées ukrainiennes" ; c'est ce qu'a déclaré hier le commandant adjoint du corps du ministère de la Défense, Eduard Basurin.

Contropiano.org

par Fabrizio Poggi 

Cette possibilité est également prévue dans les évaluations du centre privé américain de recherche "Stratfor", reprises hier par plusieurs agences russes ; l'absence de progrès dans les négociations du Groupe de contact et la poursuite des affrontements, l'intransigeance occidentale et aussi la bonne saison : tout cela peut conduire dès les prochaines semaines à une nouvelle flambée de la guerre. Tous les derniers événements, selon les analystes de "Stratfor", démontrent que les accords de Minsk ne sont que des mots, et malgré que la tension se soit notablement réduite, cependant, une violation systématique de la trêve continue. 

En dépit de toutes les négociations, les parties ne peuvent pas parvenir à un accord sur deux points clés ; le premier est le statut particulier des régions et la tenue d'élections locales; le second est le rôle de la Russie dans la région à un niveau plus général. Moscou, écrit "Stratfor", estime devoir veiller à assurer la cohérence de ses propres intérêts dans les frontières de l'ancienne Union soviétique ; l'Occident n'a pas l'intention de le reconnaître et justement cela est à la base du conflit en Ukraine, avec de plus en plus de forces que l'OTAN est en train de déplacer vers l'est.

C'est dans une situation de ce genre, que les représentants de la DNR et la LNR se sont adressés hier aux dirigeants du "Groupe Normand", Angela Merkel et François Hollande, en leur demandant d'exprimer leurs évaluations des actions et des déclarations de Kiev. A leur avis, la partie ukrainienne non seulement ralentit les négociations, mais aussi fait des déclarations qui vont ouvertement contre les accords de Minsk, écrivait hier l'Agence Novorossija. " En fait, les politiciens ukrainiens veulent une nouvelle guerre " a déclaré Denis Pušilin, le représentant de la DNR aux  pourparlers de Minsk. " Bien sûr, nous ferons tout pour l'empêcher, mais nous sommes prêts à tout développement des événements. Kiev est prise entre deux forces de pression " a-t-il dit, "d'un côté, l'Allemagne et la France, de l'autre les États-Unis. Les autorités ukrainiennes écoutent les deux parties, mais prêtent plus d'attention à celle qui, en plus des conseils, offre également d'autres formes d'aide." 

Selon Pušilin, la procrastination des négociations a pour but d'augmenter la pression des sanctions contre la Russie . " Alors que l'Europe insiste sur la mise en œuvre de tous les points des accords de Minsk " a-t-il dit, " les Etats-Unis, au contraire, font tout pour assurer que l'Ukraine continue d'agression ", comme cela a été le cas, par exemple, pour la question de la démilitarisation de Širokino, demandée par la France et l'Allemagne. " Maintenant les accords Minsk dépendent de la position de l'Europe."

A Pušilin ont encore fait écho les porte-voix des parlements de Donetsk et de Lougansk, Alexei Karjakin et Andrej Purghin : " Nous aimerions savoir comment Mme Merkel et M. Hollande jugent les déclarations ronflantes de Porochenko, Grojsman et Parubij, selon lesquelles ils ne comptent pas appliquer les accords de Minsk, que le  Donbass n'aura pas de statut spécial, qu'il n'y aura pas d'élections locales et il n'y aura pas d'amnistie pour les participants au conflit des deux côtés. Pourtant, ce sont les clauses de base de la Minsk-1 et Minsk-2 ", ont dit Karjakin et Purghin, ajoutant que Kiev est intentionnée à faire la guerre. " Nous exigeons que les dirigeants de l'UE adoptent des mesures fortes pour contraindre Kiev à la paix et, si nécessaire, que l'on convoque de nouveau le "Format Normand" au plus haut niveau. Nous voulons que cesse l'agression ukrainienne, que l'on sauve notre peuple de l'élimination physique."

Chaque fois que Kiev reçoit de nouvelles indications "d'en haut", a-t-il poursuivi Pušilin, elle fait sauter les points sur lesquels porte la discussion. " Ça a été le cas au mois d'avril, alors que nous étions prêts à souscrire leur version " de l'accord constitutionnel ; " ça a été le cas en juin et l'histoire s'est répétée en juillet, lorsque le texte a été signé par le Groupe de contact " et maintenant de nouveau Kiev y a apporté des modifications inacceptables pour nous. 

Dans une interview à Vzgljad, Pušilin attribue le comportement dilatoire de Kiev à l'espoir ukrainien de voir la Russie en difficulté à cause des sanctions et, de cette manière, ne pas être en mesure d'aider économiquement le Donbass, qui donc serait réduit à la faim à cause du blocus économique décrété par l'Ukraine. Mais c'est un faux espoir, dit Pušilin : aujourd'hui c'est l'Europe qui est en difficulté à cause de ses propres contradictions. De plus, avec l'exclusion du Donbass de l'espace économique ukrainien, Kiev nous oblige à nous orienter vers d'autres variantes de développement. " Jour après jour, avec le blocus économique, l'Ukraine, par ses propres mains, nous rend plus sûrs, plus forts, plus en mesure de manoeuvrer."

Sur le front intérieur ukrainien, dans ces derniers jours c'était le tour de  l'historien américain Stephen Cohen de prédire l'éclatement en Ukraine d'une deuxième guerre civile, à cause de l'augmentation du nombre de groupes de l'ultra-droite et néo-nazis, qui ne permettraient pas à Porošenko d'entrer en négociations avec le Donbass malgré que le président, de l'avis (peut-être un peu naïf) de Cohen, soit fatigué de la guerre et enclin à l'application des accords de Minsk. C'est ainsi que Cohen, évidemment trop sûr de la diversité des objectifs (et pas seulement des méthodes) entre Porochenko et Pravyj Sektor, demande à ces politiciens états-uniens qui appellent à l'envoi d'armes à Kiev, à réfléchir dans quelles mains finiraient-elles. En ce qui concerne la perception du conflit ukrainien aux États-Unis et en Europe, Cohen - selon ce qui a été rapporté par RIA Novosti - reconnaît que les différences sont en train d'augmenter et la politique de Washington envers la Russie et l'Ukraine est vouée à l'échec : l'une des causes est l'insatisfaction croissante pour les sanctions contre la Russie. Parmi les trois raisons que les membres du Congrès des États-Unis indiquent comme raison des sanctions -  " annexion " de la Crimée ; abattement du Boeing malaysien ; " intrusion " russe en Ukraine - à la fin, a dit Cohen, même le soutien occidental à Kiev peut être considéré comme une ingérence.

Et la DNR fait savoir de ne pas avoir l'intention de coopérer avec le Comité de salut ukrainien, dont la constitution a été annoncée il y a quelques jours à Moscou par l'ancien Premier ministre ukrainien Nikolaï Azarov. Le Comité - avec lequel le Kremlin, par la bouche du porte-parole présidentiel Dmitri Peskov a exclu toute relation - se fixe l'objectif du remplacement de l'actuelle direction ukrainienne, à travers cinq mesures immédiates : cessation de la guerre; adoption d'une nouvelle Constitution basée sur le principe du fédéralisme ; rétablissement de la légalité et désarmement des bandes illégales ; abolition de toute loi inconstitutionnelle liée à la mobilisation et à la guerre ; création d'un programme anti-crise. A la demande de l'Agence  Novorossija, si la DNR est prête à travailler avec le Comité, le porte-parole du président du parlement de la DNR, Andrej Purghin a déclaré  " ne pas être prêt. "

http://contropiano.org/internazionale/item/32260-kiev-vuole-la-guerra-gli-accordi-di-minsk-dipendono-dalla-posizione-dell-ue

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