8.04.15 - Economie et politique étrangère, échanges commerciaux et desserrement du "revival de la guerre froide", un gazoduc et "un pont" pour donner la stabilité aux rapports entre l'Est et l'Ouest ainsi que dans la lutte au terrorisme jihadiste.
par la Rédaction Contropiano
Ce n'était pas une visite quelconque, celle qui a amené le Premier ministre grec Alexis Tsipras à Moscou, en colloque pour environ deux heures avec Vladimir Poutine. Et nous croyons que les tons, les thèmes et la portée de la discussion n' aient que très peu plu à l'Union Européenne, au Fond Monétaire International et aux Etats Unis. Bien que soit arrivée la confirmation que Athènes paiera régulièrement demain, l'échéance qu'elle devait à l'institut de Washington dirigé par Christine Lagarde.
Au-delà de la rhétorique, comme toujours dominante dans ces occasions, soit Tsipras soit Poutine ont voulu donner l'idée du "nouveau début" dans les rapports réciproques, tout en signalant la volonté de rompre le siège dans lequel ils se sentent tous les deux enfermés d'une certaine manière. Plus la Grèce que la Russie, certainement, parce que Moscou - à l'extérieur de l'Europe - est en train de tisser de solides rapports économico- politiques avec la moitié du monde. Tandis que Tsipras, ouvertement menacé par la Troïka ("tu dois devenir le Premier Ministre que nous voulons, et non plus le chef de Syriza"), il s'agit de trouver un plage alternative si la pression de l'Union dusse devenir insoutenable.
"Le but de ma visite est chercher ensemble à donner un nouveau début à nos rapports pour le bien des deux peuples", et la veille des Pâques orthodoxes est devenue l'occasion juste pour rappeler aux soi-disant "partenaires" européens que Athènes a une identité commune avec la Russie, y compris sur le plan - risqué - de la religion. Chrétienne oui, mais d'Orient.
Le cadre religieux et culturel qui constitue le fond et la motivation à la recherche d'une coopération renforcée soit économique soit politique. Il n'y a pas eu d'annonce d'accords particuliers, mais seulement la "recherche des modalités" pour développer la coopération dans les secteurs de l'énergie, des investissements, du commerce, du tourisme et de l'agriculture. Il n'y a pas eu de confirmation des indiscrétions de la veille, comme celle relative à la possibilité d'un rabais du prix du gaz russe et de nouveaux prêts à Athènes, en échange d'un espace plus grand aux investissements russes en Grèce.
Tsipras en personne a confirmé par contre qu'ils ont discuté de l'adhésion grecque au nouveau gazoduc russo-turc - le Turkish Stream, projet qui va remplacer le défunt Southstream - qui devrait passer sous la Mer Noire, en sautant donc à pieds joints l'Ukraine et ses tensions. Idem pour ce qui concerne l'exportation de produits alimentaires helléniques vers Moscou, soumis jusqu'ici à la double conséquence négative des sanctions imposées par Bruxelles à Moscou et par les contre-sanctions russes concernant les marchandises européennes.
Et c'est justement le thème des sanctions qui pourrait voir une forte différenciation entre Athènes et le reste de l'Union Européenne, au cours des prochaines réunions des organismes continentaux (il y a des propositions, au contraire, pour les durcir). "La guerre économique n'est pas la bonne voie", a répété Tsipras en répondant aux questions des chroniqueurs internationaux.
D'un autre côté, bien que personne n'admette avoir parlé d'éventuelles aides russes sur le front des difficultés financières de Athènes, il semble clair que le thème a été affronté d'une manière ou d'une autre. "La Grèce n'a pas demandé à la Russie d'aides financières, mais les prêts dans le cadre de la coopération sont possibles", a dit le président russe Vladimir Poutine. "Cependant nous voulons rassurer tout le monde : nous n'avons pas l'intention d'utiliser Athènes comme un cheval de Troie pour l'UE".
Pour l'instant il n'y pas de réactions dans les capitales du pouvoir multinational européen, mais le président du parlement européen, le socio-démocrate Martin Schultz, en parlant probablement au nom de toute la nomenklature continentale, avait expliqué hier que "En tant que Premier Ministre d'un Pays membre de l'Union européenne, l'UE souhaite" que Alexis Tsipras respecte les lignes de conduite tenues jusqu'à ce jour dans les rapports avec la Russie en relation à la crise ukrainienne : "A cet égard il devra orienter son action à Moscou".
Décidément, les choses ne se sont pas passées ainsi.
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