6.08.15 - Depuis deux jours on avait déjà compris que la nomination du nouveau président du Conseil d'Administration de la RAI (le service audiovisuel public italien, ndt) aurait été le "joker" joué par Renzi.
par Sergio Cararo
Alors que tout le monde s'acharnait sur la nomination d'un outsider compétent comme Freccero ou d'illustres mais inconnus porteserviettes à l'intérieur du nouveau Conseil d'Administration, le Premier ministre avait sa carte à jouer. Cette carte s'appelle Monica Maggioni, l'ancien correspondant international de la Rai, qui ces dernières années avait "normalisé" celle qui avait été l'île heureuse de Rainews24, alignant de plus en plus l'information "embedded" imposée par les grands pouvoirs. Une fonction désormais réalisée et suggérée par l'un des centres de pouvoir les plus forts : le groupe Bilderberg.
Madame Maggioni a participé aux réunions de cette organisation très réservée des puissants du monde et elle l'a fait tout en se faisant légitimer justement par la RAI dans laquelle elle s'apprêtait à devenir présidente. La Rai, sollicitée par une demande du président de la Commission de Surveillance Roberto Fico (M5S) sur la participation de Madame Maggioni à la réunion Bilderberg du 29 mai, s'est entendu répondre "Il est confirmé que le Dr Monica Maggioni a participé à Copenhague à la réunion annuelle du Bilderberg dans la période entre le 29 mai et le 1er juin. La Rai - bien que la participation citée l'ait été à titre personnel - considère qu'il est absolument légitime que, dans le cadre de son activité professionnelle, un de ses employés puisse si invité, participer à des événements organisés par un think tank d'une telle importance internationale et que cette participation constitue un élément de prestige pour l'entreprise elle-même."
Pour être honnête il convient de noter que Madame Maggioni n'est nullement l'unique journaliste dirigeante à participer aux réunions confidentielles du Bilderberg. Au cours des dernières années dans les hôtels de luxe qui accueillaient les réunions, on pouvait rencontrer Lilli Gruber, Gianni Riotta, Ugo Stille, Arrigo Levi, Ferruccio de Bortoli, Lucio Caracciolo. Surtout ceux du Corriere della Sera, étaient de la maison.
Sur la fonction du Bilderberg comme "facilitateur" dans le contrôle des points stratégiques du commandement, est intéressant le mécanisme décrit dans le livre de Domenico Moro ("Club Bilderberg"), à savoir celui des "portes tournantes", selon lequel un ministre (ou, dans le cas les États-Unis, un secrétaire d'Etat) se retrouve par la suite au sommet d'une multinationale, ou peut-être en a été membre auparavant, tandis que les grands gestionnaires publics comme Romano Prodi, après avoir effectué des privatisations massives se retrouvent présidents du Comité économique et financier du Conseil au sommet de l'Union européenne ; ou encore des hommes comme Mario Draghi, qui passent de président du Comité économique et financier du Conseil de l'UE à directeur général du Trésor italien, pour ensuite devenir vice-président de Goldman-Sachs, après quoi gouverneur de la Banque d'Italie et enfin président de la Banque centrale européenne.
En bref, une véritable oligarchie exclusive qui occupe systématiquement toutes les places importantes dans l'économie, dans la politique, dans l'information et dans la diplomatie internationale. Des gens qui, lorsqu'ils se rencontrent dans des localités exclusives et dans des réunions privées, sûrement ne discutent pas de la faim dans le monde ou du Tour d'Italie de cyclisme.
Avec un Premier ministre en odeur de tabliers comme Renzi (et comment l'avait écrit l'ex-directeur du Corriere della Sera, Ferruccio De Bortoli, immédiatement mis à la porte), la nomination d'une participante au groupe Bilderberg à la présidence du Conseil d'Administration de la RAI est tout sauf une surprise, il en est une confirmation.
source :
http://contropiano.org/politica/item/32243-le-mani-del-gruppo-bilderberg-sulla-rai-nominata-la-maggioni