12 DÉC. 2015 - PAR GIULIETTO CHIESA
"Je veux prévenir tous ceux qui tentent d'organiser de nouvelles provocations contre nos troupes, nous avons pris des contre-mesures supplémentaires pour garantir la sécurité des troupes russes et des bases aériennes. Elles sont maintenant renforcées par de nouvelles unités de défense aérienne. Dès maintenant, toutes les missions en cours se déroulent sous la couverture d'avions de combat." (Vladimir Poutine, Moscou, 11 décembre)
https://www.youtube.com/watch?v=9djk0iYcNo8
Celui d'hier devant l'Assemblée des Etats majors réunis des forces armées russes, a été un discours d'une exceptionnelle vigueur et d'une préoccupation évidente. Vladimir Poutine a invité les militaires des trois corps d'armées qui se trouvent en Syrie à agir avec une "dureté exceptionnelle", ce sont ses mots, et dès l'ouverture il a ajouté "n'importe quel objectif menace nos forces, ou notre infrastructure terrestre, doit être immédiatement détruit." En d'autres termes, il n'y aura pas une nouvelle provocation semblable à celle qui a amené à la destruction de la part de la Turquie du Sukoi russe près de la frontière avec la Syrie. L'avertissement Poutine est à 360°, le président russe affronte par la plus grande fermeté la deuxième partie de la confrontation avec la soi-disant Coalition occidentale, après avoir gagné la première partie de la confrontation. Il est évident que le cadre militaire sur le terrain est maintenant profondément transformé. Les coups assénés par l'intervention russe et même exclusivement par l'intervention russe jusqu'à présent, ont gravement réduit Daech et contraint par conséquent la France, les États-Unis, la Grande Bretagne à intervenir à leur tour contre l'État Islamique, bien qu'il soit apparu clairement que chacun l'a fait de manière très ambigüe et suivant des directions différentes. Il y a en somme une course contre la montre pour se positionner autour de la table des négociations en position de force. Il est clair que la Turquie, l'Arabie Saoudite, Israël, les États-Unis ne vont pas tous dans la même direction. Et il est évident - du moins Poutine a démontré de le penser ainsi - que s'ouvrent des espaces pour des manœuvres et des provocations plus ou moins graves. La Russie envoie des messages décisifs : il n'y aura pas de négociation sans Bachar al Assad, il sera certainement à cette table de négociations, à condition qu'on y arrive ; et d'autre part il ne pourra pas y avoir de représentants et d'alliés de Daech, la liste des soi-disant terroristes modérés compilé par les Saoudiens il y a quelques jours, en contient bien trop de ces terroristes modérés, bien que Washington a déjà béni cette liste et l'a approuvée. Et le prix du pétrole - il ne faut pas l'oublier - continue de descendre de manière anormale, par la claire décision des sultans arabes, et donc de ce côté-là ne vient aucun signe de désescalade, celui du pétrole aussi fait partie de la négociation. Et donc la Russie doit être préparée à tous les coups de queue sur chaque échiquier, y compris ceux européen et asiatique qui ont été soigneusement identifiés.
Mais il y a une nouveauté : Poutine a révélé que l'aviation russe "ne bombardera plus les environ 5.000 hommes", ce sont ses mots,"de l'Armée Syrienne Libre", qui a été définie exactement en ces termes qui, a dit Poutine, "dans certaines provinces combattent contre Daech", et même il existe "une certaine forme de collaboration jusqu'aux approvisionnements militaires." De cette manière Poutine a fait comprendre nettement que contre l'Armée Syrienne Libre il n'y a pas de conflit de la part de la Russie, soit il a fait assoir l'ASL à la future table des négociations.
Et il y a eu un autre point important à propos duquel le président russe a entendu mettre les points sur les i : la Russie, a-t-il dit, "n'est pas intervenue en Syrie pour défendre l'une de ses plages sur la Méditerranée", soit sa base militaire, ou bien pour - c'est ainsi que le président russe a défini la situation - d' "abstraits intérêts géopolitiques". La Russie "est intervenue en Syrie pour se défendre", l'armée de l'EI doit être détruite avant qu'il ne puisse se transférer soit sur le territoire russe - allusion au Caucase - soit sur ceux des états de l'Asie Centrale qui sont des amis de la Russie, et il est donc considéré comme une menace pour la Russie ; voilà la motivation que Poutine a voulu mettre au premier plan.
Après lui est intervenu le ministre russe de al Défense, Choïgou, qui a livré un cadre international assez difficile, "impressionnant d'extension", ce sont ses mots,"sous le point de vue de la réorganisation de l'OTAN, en particulier sur la Baltique, et en général sur toute la ceinture qui entoure la Russie", et il a dit une phrase importante, "l'exacerbation de la situation internationale continue et s'intensifie".
Donc, les mois qui nous attendent en 2016 seront difficiles et remplis de pièges.
Giulietto Chiesa, Moscou pour PandoraTv.it
Le texte ci-dessus est la transcription de la vidéo incluse dans le billet.