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Billet de blog 14 octobre 2014

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Ukraine et Isis : le vice-président de Obama révèle (par erreur) la vérité - Marcello Foa

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Ci-dessous un article du journaliste italien Marcello Foa qui, dans un article daté de la semaine dernière, revient sur le discours tenu par Joe Biden devant le jeune auditoire de l'université américaine de Harvard. Un discours relevé par toute la presse occidentale mais qui, selon Foa, n'a pas su, ou voulu cueillir le sens non pas de la "gaffe" par laquelle Biden a qualifié son rôle de vice-président par un mot pour le moins inattendu pour illustrer sa fonction, mais de deux phrases dont la portée dévoile ce que les médias sembleraient plutôt voués à dissimuler, d'une manière ou d'une autre.  

5.10.14 - Ce qui suit est un exemple de comment certaines informations ne circulent pas sur les médias occidentaux. Un ami qui pêche très bien en ligne m'a envoyé le signalement de quelques articles qui portaient un titre fort : "Le vice-président américain Joe Biden admet avoir obligé les Pays européens à adopter les sanctions contre la Russie".

Comme il est de mon devoir, je vérifie les sources. Et je découvre que, à donner cette nouvelle, est Russia Today et d'autres agences de presse russes. En expert de spin je me doute qu'il s'agisse d'une instrumentalisation de la part de Moscou. Et je vérifie ultérieurement. En quelques minutes.

Oui, Biden a tenu un long discours sur la politique extérieure à l'Université de Harvard, discours auquel les médias américains ont donné beaucoup de place mais pour mettre en évidence une réplique, ou plutôt même une gaffe sur combien soit frustrant de faire le vice-président, exprimée par un langage très coloré. Dans les articles, cependant, aucune allusion à la phrase sur l'Europe.

Alors j'enquête ultérieurement, je vais sur le site de la Maison Blanche où est publiée la transcription intégrale du discours de Biden. Et, comme vous pouvez le vérifier par vous-mêmes, la phrase rapportée par les médias russes est correcte et l'indifférence par laquelle elle a été accueillie par les médias occidentaux, mais aussi européens, est significative. Pratiquement aucun journaliste n'a su évaluer la portée des déclarations de Biden. Ce qui est grave professionnellement, mais pas surprenant : à donner le ton ce sont les agences de presse et les télévisions all news qui se sont arrêtées sur l'aspect plus léger et sensationnel, soit la gaffe de Biden ; tout le reste est passé au second plan. Même sur la presse la plus autorisée. Parce que Biden pouvait tenir à un titre, pas deux. Et ces déclarations formulées dans le contexte d'un long discours dans lequel Biden a touché beaucoup d'aspects, les spin doctor de la Maison Blanche se sont bien gardés de les souligner et elles ont glissé avec d'autres. 

Aucune manipulation, aucune censure : si vous connaissez les logiques et les faiblesses des médias vous pouvez les orienter à votre gré, aux Etats Unis, mais aussi en Europe.

En réalité les déclaration de Biden sont vraiment exceptionnelles, une gaffe en termes diplomatiques :

"Nous avons donné à Poutine un choix simple : respecte la souveraineté ukrainienne ou tu auras affaire à de graves conséquences. Et ceci nous a induits à mobiliser les Pays européens majeurs et les plus développés au monde afin qu'ils imposassent un coût réel à la Russie. "C'est vrai qu'ils ne voulaient pas le faire. C'est la leadership américaine et le président américain à insister, tellement de fois  qu'il a dû mettre dans l'embarras l'Europe pour réagir et décider pour les sanctions économique, malgré les coûts".

L'admission est fortissime : c'est l'Amérique qui a obligé l'Europe à punir Poutine, contre sa propre volonté.

Ensuite une autre étonnante admission, sur l'ISIS, que l'Amérique combat avec des tons émus sauf pour admettre que le danger pour les américains eux-m^mes n'est pas si important :

"Nous sommes en train d'affronter un danger existentiel pour notre style e vie ou notre sécurité. Tu as deux fois plus de possibilités d'être frappé par la foudre dans la rue que d'être victime d'un acte de terrorisme aux Etats Unis".

Donc l'ISIS n'est pas une menace sérieuse, de la même manière que le terrorisme ne l'est plus aux Etats Unis.

Lorsque quelqu'un dit la vérité - et qui plus qu'un vice-président américain ? - le monde apparaît très différent, comparé à celui de la propagande officielle. En Ukraine et sur le terrorisme. 

Mais si les médias n'en parlent pas, la propagande devient, ou plutôt reste de la vérité apparente. Et la vérité limitée à quelques uns qui savent vraiment la cueillir et la transmettre.

Marcello Foa

blog.ilgiornale.it 

Pendant longtemps journaliste au quotidien italien Il Giornale, puis directeur de sa version web, Marcello Foa dirige maintenant le groupe éditorial suisse Timedia et enseigne la communication et le journalisme. Il Cuore del Mondo est devenu un blog indépendant hébergé par ilgiornale.it.

Tous les articles de Marcello Foa sur ilGiornale.it

http://blog.ilgiornale.it/foa/2014/10/05/ucraina-e-isis-il-vice-di-obama-rivela-per-sbaglio-la-verita/

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