14.11.14 - "L'Otan est prête à défendre l'Ukraine de l'agression militaire russe". Les tons de l'Alliance Atlantique sont devenus soudainement plus agressifs et explicites, tout en reprenant les accusations non démontrées relancées les derniers jours par le régime de Kiev à propos d'une présumée invasion militaire russe dans l'Ukraine de l'Est.
Le scénario est toujours le même, avec les responsables de la junte putschiste ukrainienne qui parlent de 'convois de moyens militaires sans enseignes' aperçus dans les zones de frontière avec la Russie dans la région de Donetsk et les responsables de l'Otan qui haussent la voix contre Moscou sans même pas s'apprêter à démontrer avec des photos, vidéos ou d'autres preuves ce qu'ils affirment. Une absence si totale de preuves que la porte-voix du Département de la Défense, Jan Psaki, a été obligée hier de déclarer que Washington ne dispose pas à cet égard d'informations telles de pouvoir être rendues publiques.
"Ils sont nombreux. Même actuellement nous sommes en train de les observer du ciel : chars armés, moyens blindés, canons, batteries anti-aériennes, camions. Sans enseignes, des colonnes qui vont et qui viennent, sans arrêt, de la Russie à l'Ukraine Orientale et le long de la frontière. Même les observateurs de l'Ocse et les reporters locaux nous le confirment depuis le sol" : c'est ce qu'a affirmé le secrétaire général de l'Alliance Atlantique Jens Stoltenberg au cours d'un interview accordée au Corriere della Sera. L'intervention du chef de l'Otan est sibyllin mais explicite : Stoltenberg se dit persuadé que "ce conflit ne puisse avoir une solution militaire" mais tout de suite après il affirme que "l'Otan soutient et soutiendra la pleine intégrité et souveraineté de l'Ukraine". Et comme un morceau d'Ukraine ne veut vraiment rien savoir de rentrer sous le contrôle des nationalistes de Kiev et est en train d'accélérer la création d'un état indépendant dans les territoires sud-orientaux habités par des populations russophones, il paraît clair à tout le monde que la position de l'Otan implique un soutien à la campagne militaire que le régime de Kiev est en train de mener désormais depuis des mois contre les rebelles des Républiques Populaires et ayant provoqué plus de 4.000 morts, des milliers de blessés, la destruction de villes entières et la fuite dans la Russie frontalière de près d'un million de civils.
Celles de Stoltenberg ne sont pas seulement des déclarations, et même le chef de l'Otan tient à préciser que "les opérations et les activités de contrôle" de l'Alliance Atlantique ont "quintuplé par rapport à 2013" : "Dans la région baltique le dispositif d'avions et de troupes, centralisé sur la base de Lask en Pologne a été augmenté. Et nous avons déployé plus de bateaux dans la Mer Noire, plus de troupes dans l'Est de l'Europe. Nous avons ensuite renforcé notre groupe d'action rapide, qui est aujourd'hui au niveau le plus haut depuis l'époque de la Guerre Froide, en mesure d'intervenir partout avec un bref préavis".
Juste ces jours-ci l'Otan déploie en Estonie ses manoeuvres militaires surnommées "Trident Juncture", commencées le 9 novembre et prévues jusqu'au 17 tout contre les frontières russes. Le chef du Département pour la coopération militaire du Ministère de la Défense russe, Sergei Koshelev, a déjà fait remarquer qu'il s'agit d'entraînements explicitement orientés à menacer et frapper son pays. Une circonstance confirmée par le général allemand Hans-Lothar Domröse, commandant des forces alliées de l'Otan en Europe septentrionale et orientale, qui a déclaré à l'agence Ria Novosti que les entraînements ont été conçus comme "réponse aux actions de Moscou". D'ailleurs l'Otan a déjà annoncé qu'elle accomplira en 2015 un total de deux-cent manoeuvres et entraînements militaires tandis que le quotidien allemand Die Welt a écrit que l'Alliance est en train de préparer un maxi entraînement aux frontières russes avec la participation d'un nombre énorme de soldats, de 25.000 à 40.000.
Une menace militaire directe à l'égard de la Russie qui ne pouvait être plus explicite, le coup d'envoi d'une escalade dont les conséquences pourraient échapper des mains et être gravissimes.
Du reste, affirment les chef de l'Otan, même si l'Ukraine ne fait pas encore partie du dispositif militaire au service des intérêts des Etats Unis et de l'Union Européenne son intégration est juste une question de mois, ou au maximum de quelques années. Et pendant ce temps les mécanismes de coopération entre les troupes de l'Otan et l'armée ukrainienne se renforcent. Ce n'est pas un secret que des conseillers militaires de certains pays de l'Alliance sont présents désormais depuis des mois à Kiev et que sur le sol ukrainien l'été dernier se sont tenus des entraînements militaires en présence de milliers de soldats et de moyens militaires provenant de quelques pays d'Europe et des Etats Unis.
L'escalade est reprise aussi sur le front économico-diplomatique, avec le gouvernement allemand qui a prévenu Moscou que à la Russie, les sanctions déjà en vigueur coûteront une forte contraction du PIL et jusqu'à 300.000 emplois, naturellement tout en taisant les conséquences analogues que l'embargo économique de Berlin à la Russie est en train de provoquer en Allemagne et dans le reste de l'Union Européenne.
Comme si ça n'était pas assez, lundi les ministres des Affaires Etrangères des 28 pays membres de l'Union Européenne ont prévu une réunion ayant l'objectif de discuter et éventuellement mettre en exécution de nouvelles sanctions. Dans une relation envoyée aux ministres, le Haut Représentant pour la Politique Etrangère et la Sécurité, Federica Mogherini, a invité chaque pays à présenter leurs points de vue respectifs sur l'hypothèse d'augmenter le nombre de dirigeants des Républiques Populaires et des entreprises russes à insérer dans la liste noire. Comme d'habitude les faucons sont les dirigeants des Républiques Baltes, de la Pologne, de quelques pays de l'Europe Orientale, tandis que les gouvernements de l'Europe centrale et occidentale freinent. "Cela dépendra beaucoup de la situation sur le terrain d'ici à lundi. Il est plus facile d'allonger la liste des personnes sanctionnées que d'imaginer de nouvelles sanctions économiques, une hypothèse très controversée" a expliqué un diplomate européen cité par des agences de presse.
Entretemps les bombardements de l'artillerie ukrainienne contre Donetsk et d'autres villes assiégées continuent, et augmente le tragique décompte des civils tués ou des blessés, dans l'indifférence la plus complète de l'opinion publique européenne.
Les dernières victimes sont au nombre de trois dont une fillette, tuées par des projectiles tirés sur les maisons de Trekhizbenka et Donetsk.
Marco Santopadre
Contropiano.org
http://contropiano.org/internazionale/item/27518-la-nato-minaccia-mosca-difenderemo-l-ucraina-rischio-escalation
Rappelez-vous les contorsions de James Cameron concernant la crise en Ukraine, pas un traître mot sur les gens qui crèvent sous les bombes de Kiev, dommage que Ed Miliband ne soit pas en mesure de lui tirer les oreilles - comme il l'a fait lors de la crise syrienne. Mais il se peut que les simples habitants du Donbass puissent faire entendre leur voix, ce serait la moindre des choses non ? puisqu'on prétend, plutôt de force c'est vrai, celle des coups de canons, qu'ils feront bientôt partie aussi de la Communauté EU... l'heure de vérité, on verra quel genre de citoyens auront droit de demander justice, un dossier à suivre avec la plus grande attention.
Moment de vérité: la CEDH va-t-elle reconnaître la responsabilité de Kiev?
14.11.14 - L'impunité ne peut pas durer éternellement. Enfin, espérons-le. Déjà 7 recours viennent d'être déposés par des réfugiés ukrainiens qui ont tout perdu, et leurs biens et leurs proches. En cela, ils accusent non pas les chars russes, les soldats russes ni les combattants du Donbass. Ils accusent le pouvoir ukrainien. Comment la CEDH va-t-elle réagir? Le moment de vérité sur l'indépendance de la justice européenne est arrivé.
Sous l'égide de l'Union des réfugiés ukrainiens mise en place par l'ancien député ukrainien O. Tsarev, une action de masse des réfugiés ukrainiens s'organise devant la CEDH à Strasbourg. Pour l'instant, 7 recours ont été déposés, dont un à plus de 200 000 dollars qui a déjà été enregistré. En tout, un millier de recours sont en cours de préparation par les habitants des régions de Lugansk et Donetsk et une cinquantaine doit être déposée dans les prochains jours. Les requérants accusent les autorités ukrainiennes de la destruction de leur biens immeubles et de la mort de leurs proches.
La CEDH va se retrouver dans une situation délicate. D'un côté, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe accuse la Russie de tous les déboires en Ukraine, d'un autre côté, l'instance juridictionnelle du Conseil de l'Europe, la Cour européenne des droits de l'homme, est saisie d'une pléiade de recours de simples citoyens ukrainiens contre le Gouvernement de Kiev. Les experts reconnaîtraient que ces simples citoyens, ces simples victimes, ont de bonnes chances de gagner, comme le soulignent même les Echos de Moscou. Si tel est le cas, l'Ukraine est en banqueroute.
Mais si la CEDH reconnaît le fondement de ce recours, ça peut créer une avalanche judiciaire intéressante. Rappelons-nous que l'Ukraine, en mars, a déposé un recours inter-étatique contre la Russie devant la CEDH. Or, la Cour a pris des mesures temporaires interdisant aux deux pays de prendre toute mesure pouvant causer un préjudice aux populations civiles. Or, par la soi-disant Opération anti-terroriste, Kiev a provoqué une vague de réfugiés qui s'adressent à la Cour. Donc, si la CEDH reconnaît le fondement des recours individuels, elle reconnaît que l'Ukraine a violé sa décision. Donc l'Ukraine est responsable et le recours contre la Russie doit être reconsidéré.
Sans oublier que, en plus, les hommes de Turchinov (président de la Rada) déclarent sur les chaînes de télévision ukrainienne que le pays est obligé de tenir un double discours. D'un côté, il faut déclarer sur la scène internationale que l'Ukraine fait tout pour mettre en oeuvre le plan de Minsk. D'un autre côté, il faut utiliser les bataillons déclarés incontrôlés pour leur mettre sur le dos le bombardement de Donetsk et Lugansk. Ce qui permet de dédouaner l'armée ukrainienne et donc le pouvoir officiel. Ainsi, l'Ukraine vient de reconnaître publiquement violer les accords de paix.
Les cartes sont dans les mains de la CEDH. Aura-t-elle le courage d'être indépendante? Aura-t-elle le courage de remplir la mission pour laquelle elle a été crée? Défendre les droits de l'homme, de tous les hommes. Car les habitants du Donbass, contrairement aux déclarations des politiciens ukrainiens, ne sont pas des animaux nuisibles, mais bien des êtres humains, qui ont des droits. Dont le premier est celui de vivre.
http://russiepolitics.blogspot.ru/2014/11/moment-de-verite-la-cedh-va-t-elle.html