Deux articles parus sur le site communiste en ligne Contropiano.org sur la révision constitutionnelle au Japon qui entend mettre fin au pacifisme de la politique internationale japonaise depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.
Japon : protestations contre la dérive guerrière et nationaliste
Lundi 14 juillet - Même aujourd'hui quelques centaines de personnes ont protesté à Tokyo contre les récentes interventions gouvernementales contraires au contenu pacifiste de l'article 9 de la constitution réformé par le Premier nationaliste Abe pour permettre au Japon d'avoir une projection militaire internationale et permettre aux forces armées nippones d'intervenir à l'étranger.
La manifestation près du palais de la Diète (Parlement) a coïncidé avec le début de la session extraordinaire convoquée pour discuter le geste du gouvernement consistant à permettre aux Forces d'auto-défense d'agir dans des activités à l'étranger dans le cas où des pays alliés sous une attaque le demanderaient, selon la doctrine du "droit à la défense collective". Une décision critiquée par les pacifistes et par nombreuses forces politiques, comme le Parti social-démocratique, dont l'ex-présidente, Mizuho Fukushima, a participé à la protestation d'aujourd'hui.
Dans la tentative d'obliger l'exécutif dirigé par Shinzo Abe à faire marche arrière, les pacifistes japonais ont ouvert une campagne pour proposer la candidature de toute la population japonaise au Prix Nobel pour la Paix. A ce propos, vendredi dernier ils ont terminé la collecte de 150.000 signatures pour soutenir la candidature qui sera officiellement présentée au comité pour le Nobel. Un geste considéré comme un "repli" devant l'impossibilité de proposer pour le prix, la Constitution qui jusqu'à aujourd'hui, a garanti au pays qu'aucun coup ne soit tiré ni son propre territoire ni à l'extérieur de celui-ci.
Afin de contraster les accusations chinoises croissantes de nationalisme envers son gouvernement et de tentations hégémoniques, en plus de soutenir la nécessité de forces armées en mesure de garantir la sécurité de l'archipel et des engagements internationaux, le premier Abe a mis en évidence publiquement sa volonté d'avoir un colloque avec les leaders chinois au sommet pendant la prochaine rencontre de l'Apec (Asian-Pacific Economic Cooperation) prévu à Pékin en novembre prochain. Un geste attendu non seulement par la diplomatie nippone mais aussi par celles internationales qui regardent avec préoccupation aux tensions et aux contentieux territoriaux en cours entre les deux pays.
Rédaction Contropiano
http://contropiano.org/in-breve/esteri/item/25257-giappone-proteste-contro-la-deriva-guerrafondaia-e-nazionalista
Tokyo accélère l'affrontement militaire avec la Chine. Manifestations et protestations
Mercredi 2 juillet - Hier, le gouvernement de Shinzo Abe a approuvé une révision des articles de la Constitution imposés dans l'après-guerre au pays issus vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale. La nouvelle formulation permettra aux militaires de défende les alliés de Tokyo et d'autres partenaires non mieux précisés "en étroite relation" avec le Japon, dans celle qui par un euphémisme a été définie "auto-défense collective". Au-delà des formulations commodes, les forces armées japonaises pourront maintenant intervenir non pas seulement en cas d'attaque directe au territoire national, mais aussi en défense d'alliés sous attaque et même sans une menace immédiate et directe à l'archipel. Seront en outre réduites les limitations jusqu'à aujourd'hui imposées aux activités militaires japonaises au cours des opérations de ce qu'on appelle le "peacekeeping" sous l'égide de l'Onu, une couverture qui a permis à plusieurs grandes puissances d'envahir et d'occuper des pays en plusieurs continents.
Abe a dit que le changement de lecture de l'Article 9 de la Constitution qui imposait la renonciation à la guerre - l'équivalent de l'article 11 de la Charte italienne - serait nécessaire pour protéger le peuple japonais dans un environnement sécuritaire de plus en plus difficile. "Des navires de guerre japonais seraient en mesure de protéger les navires états-uniens qui défendent le Japon", a dit Abe dans un raisonnement tordu pendant une conférence de presse à la télévision en ajoutant : "La paix n'est quelque chose qui est donné, mais quelque chose que nous devons obtenir par nous-mêmes". En réalité aucune réelle menace militaire met en danger la paix au Japon. Mais depuis un certain temps Washington a sollicité Tokyo afin qu'il devienne un partenaire actif "en fonction anti-chinoise". Contre Pékin en effet soit le Japon soit les Philippines et la Corée du Sud sont en train d'augmenter l'encerclement militaire, soutenus et protégés par la croissante présence militaire étasunienne dans le Pacifique. Et par conséquent les nationalistes de Abe, élus sous l'acclamation populaire pour conduire le Japon et plus récemment de la capitale nippone, ne se sont pas laissés échapper l'occasion de revendiquer la possibilité d'un rôle militaire du pays dans la région en échange d'un soutien - d'égal à égal - à la stratégie anti-chinoise étasunienne.
Le réarmement de Tokyo a cependant amplement divisé le Japon, où sont nombreux ceux qui se préoccupent pour la croissante puissance militaire de la Chine mais en même temps soutiennent la clause de la Constitution qui empêche le pays de promouvoir des actions bellicistes et sont préoccupés d'un tournant possible vers le militarisme qui porta au bouleversement nippone dans la Deuxième Guerre Mondiale.
Dimanche dernier, un homme s'est donné au feu en proximité d'un carrefour très fréquenté de Tokyo - une rare forme de protestation au Japon - après avoir dénoncé la révision de l'article 9. Hier, pendant que Abe parlait à la télévision, environ 40.000 manifestants, parmi lesquels des retraités, des ménagères et des employés de bureau ont quitté le travail et se sont réunis près du bureau du Premier ministre bardés d'affiches et scandant des slogans comme "Ne détruisez pas l'article 9", "Nous sommes contre la guerre" et "Jamais plus Abe", appelés par les organisations pacifistes - dont certaines sont de matrice religieuse - et par les communistes. Environ 2.000 personnes ont ensuite protesté directement devant le bureau de Abe, affirmant que toute modification de la Constitution devrait être faite à travers un referendum public, et non pas simplement par une ré-interprétation de l'exécutif.
Pour être mise en acte, la révision belliciste de la Charte doit être maintenant approuvée par le parlement et, dans le processus de révision légale, pourraient être imposées certaines restrictions. Mais la course de Tokyo vers l'affrontement même militaire avec la Chine semble irréversible.
Marco Santopadre
http://contropiano.org/articoli/item/25007