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Billet de blog 18 août 2016

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Ukraine cœur noir de l'Europe. Arrêtée une journaliste antifasciste

L'arrestation de Miroslava Berdnik, qui a eu lieu à Kiev le matin du 16 août 2016, atteste une fois de plus par sa réalité brutale, le sens, le drame et les dimensions de la violence du régime fasciste de Kiev qui brûle aux portes de l'Europe.

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18 AOÛT 2016 - PAR PATRIZIA BUFFA

Illustration 1
Miroslava Berdnik

L'arrestation de Miroslava n'est sûrement pas un cas isolé. En ce moment, dans la capitale ukrainienne, au moins une cinquantaine de femmes, dont certaines sont âgées, sont emprisonnées pour dissidence politique. Ce sont des femmes persécutées par un gouvernement ultra-nationaliste, réactionnaire et philo-nazi qui ne reconnaît pas les droits des minorités ethniques et politiques. Publiciste, journaliste, écrivaine et, surtout, anti-fasciste, elle avait dénoncé les crimes des néo-nazis ukrainiens et s'était opposée à la guerre au Donbass.

Une fois censuré son site Web à travers lequel elle avait révélé les liens entre le nazisme et le nationalisme ukrainien, Miroslava avait été forcée de vivre dans la clandestinité. Son dernier livre, intitulé "Pions dans le jeu de quelqu'un d'autre", a été considérée comme une attaque contre l ' "intégrité territoriale".

Que sa vie, comme celle de nombreux autres journalistes, fusse en grave danger, Miroslava l'avait déjà dénoncé quand, à Vérone, lors d'une rencontre publique sur la grave catastrophe humanitaire qui se déroule dans le Donbass, elle avait envoyé un message de chat dans lequel elle racontait de ses amis journalistes torturés ou tués, coupables de fournir des informations sur le Maïdan, les villes bombardées, les tirs sur les transports, les écoles, les maisons de retraite. Son message était aussi un appel aux peuples de l'Europe afin que se lève la voix de leur protestation.

À leur place voilà l'union eurocratique et atlantiste : une forteresse carolingienne qui défend la loi suprême du marché, à n'importe quel prix.

Et tandis que les femmes comme Miroslava mettent en péril leur vie pour la liberté de l'information, en Europe des crimes nazis sont en train d'être accomplis au nom d'une dictature totale, celle du profit, dans le silence complice et la collusion des médias grand public, en dépit de l'appel de Miroslava comme d'autres militants.

Le temps des crayons de couleur à la Charlie Hebdo est terminé.

Les desseins sont clairs : la question ukrainienne est une pièce qui peut et doit être comprise à l'intérieur d'un réseau  géopolitique plus large qui, de l'Afrique du Nord au Moyen-Orient, est la claire expression de politiques expansionnistes au nom d'un pôle impérialiste euro-alantique qui vise à opposer frontalement à la Russie le continent européen.

Soutenir Miroslava signifie percer le voile du silence de l'information servile.

Luttons contre le néo-nazisme en Ukraine, le fascisme en Europe, et les politiques de l'UE, par des expressions différentes, et pourtant concomitantes, d'un seul dessein impérialiste pour éviter que batte encore le cœur noir de l'Occident.

http://contropiano.org/altro/2016/08/17/ucraina-cuore-nero-delleuropa-arrestata-giornalista-antifascista-082589

Ukraine : l'appel dramatique de Miroslava Berdnik

L'écrivaine, active également dans le domaine de la science-fiction, à été contrainte de se livrer aux services secrets ukrainiens avec l'accusation de "séparatisme", et craint pour sa liberté. Avec une mise à jour.

mercredi 24 août 2016, Fantascienza.com

L'appel rebondit sur de nombreux sites Web et des journaux dans le monde, et nous croyons qu'il est en quelque sorte de notre devoir le rapporter ici. Miroslava Berdnik, écrivaine ukrainienne, fille de l'écrivain de science-fiction Oles Berdnik et active dans le fanbase ukrainien, est depuis un certain temps dans le viseur des services secrets de son pays. Surtout après la publication du livre "Pion le jeu de quelqu'un d'autre. Histoire secrète du nationalisme ukrainien", qui lui a valu il y a quelques années le prix Iaroslav Galan.

Déjà il y a dix jours Berdnik avait été arrêtée, avec sa fille de 22 ans, et les ordinateurs saisis, avant d'être libérée plus tard après une journée d'interrogatoire. Maintenant, elle a été appelée à nouveau, et cette fois elle craint de ne plus être liberée.

L'appel a été diffusé avant-hier, le lendemain M. Berdnik devait se rendre. Nous n'avons plus de nouvelles à ce jour ; les mises à jour seront les publiées dans cet article.

L'appel

Amis,

j'ai toujours senti votre main tendue, votre soutien de différentes parties du monde. Je me prosterne dans la gratitude.

Le temps est venu où j'ai particulièrement besoin de votre soutien.

Demain, le mardi 26 août 2016, dans 11 heures, je dois aller pour être interrogée dans le département central des services secrets ukrainiens la SBU.

J'y vais volontairement. Mais je ne peux pas exclure de ne pas sortir. Ils peuvent me retenir.

Je suis prête à cela. Je supporterai toutes les épreuves avec honneur et sans me plaindre, malgré mon état de santé terribles. Bien que, pour être franche, il me pèse avant tout ce que ce gâchis implique pour ma famille. Mon mari est harcelé, ma fille de 22 ans intimidée.

Ce sont les tactiques d'intimidation et de pression, et je le sais bien, j'ai eu l'expérience depuis l'arrestation de mon père, le dissident (à l'époque soviétique N.dT.) Oles Berdnik.

Je voudrais que vous sachiez :

- Je n'ai jamais approuvé le renversement violent des autorités et je n'ai jamais invité personne à des actions à cet effet.

- Je me suis toujours exprimée dans mes opinions dans les limites du droit constitutionnel de dire ce que je pense. Ceci est la liberté d'expression.

- Avec tout mon coeur, je suis préoccupée par l'Ukraine et tout ce qui se passe dans le pays, en tant que citoyenne, en tant que patriote de ce pays, comme une personne profondément religieuse orthodoxe, en tant que femme et en tant que mère.

Je ne cours pas loin de mon pays et je ne vais pas cacher. Entre la trahison de mes convictions personnelles et la prison, je vais certainement choisir l'emprisonnement.

Sans aucun procès ou enquête, j'ai déjà été déclarée comme une personne qui dans les faits menace les fondements de la sécurité nationale. Je n'ai rien à craindre, je n'ai pas commis de crime contre la sécurité nationale.

Ce qui est vulnérable est notre sécurité nationale si moi, une écrivaine, une pacifiste, et une simple  faible femme malade suis en mesure de la mettre en danger par le simple fait d'exprimer mon point de vue.

Je suis sûre que par leurs actions le SBU a violé mes droits, la loi et même les règles de la morale.

Ils ont rendues publiques les données de l'enquête préliminaire, qui ont mis en danger ma vie et la vie de ma famille. N'importe quelle chose arrivera ce sera leur responsabilité.

Je tiens à avertir immédiatement tout le monde : je ne suis pas encline au suicide, je ne prends pas de drogue ou la consommation d'alcool, je ne souffre pas de troubles mentaux, je suis en pleine possession de mes facultés mentales, ma mémoire est intacte et ma conscience lucide.

Je vais me battre pour mes droits exclusivement sur le plan juridique, bien que je n'ai pas d'illusions sur les conditions de la légalité.

Pour l'aide juridique, je vais confier à Elena Lukash et une équipe très professionnelle d'avocats, avec lesquels un accord a été signé. Je demande aux enquêteurs de contacter seulement Elena Lukash.

J'AIME MA PATRIE ET QUE DIEU NOUS BÉNISSE !

S'IL VOUS PLAÎT REPOSTEZ PLUS QUE VOUS POUVEZ. VOUS ETES MON BOUCLIER PRINCIPAL CONTRE LA TYRANNIE DU POUVOIR.

Miroslava Berdnik

Mise à jour

Sur la page Facebook de Miroslava Berdnik on apprend que heureusement, et sans doute aussi grâce à l'importance que a eu l'appel au niveau international (notre article a été lié dans le blog de Berdnik) l'interrogatoire est terminé dans la journée et Berdnik n'a pas été retenue. Il n'est pas facile de comprendre ce qui est arrivé en utilisant la traduction du Facebook ukrainien, cependant, un message publié hier écrit par l'auteure elle-même (la traduction de Facebook): Amis ! Nous sommes tous sains et saufs ! Mes comptes de messagerie, Skype (inintelligible). Et moi, il est important pour vous de savoir. Une déclaration sur la question dans l'enclos SBU. Prenez soin les uns des autres, mais ne perdez pas la vigilance. Et je suis désolée que, à travers moi, mais pas par ma volonté, mais on peut causer des ennuis. Io croient en une meilleure, on lutte et le Dieu de upravit!

Cela est suffisant, et si, même en une moindre partie, nous avons été utiles, nous en sommes heureux.

(trouvé sur la page facebook de M. Berdnik, traduit de l'italien)

Articles liés :

Appel du journaliste ukrainien Ruslan Kotsaba au Parlement européen

7 MAI 2016 

Ruslan Kotsaba est un journaliste ukrainien de Ivano-Frankovsk (Ukraine de l’Ouest) qui travaillait pour la chaîne de télévision publique KANAL 112. C'était le premier journaliste ukrainien à se rendre dans le Donbass pour voir de ses propres yeux ce qui s'y passait. Et il a vu. Il a vu que c’était une guerre civile, une guerre fratricide.

Mise à jour : Ruslan Kotsaba a été acquitté le 14 juillet 2016 par la cour d'Ivano-Frankovsk, après 524 jours en détention. Il a été soutenu par 34 députés du Parlement européen et par l'organisation Amnesty International qui l'a adopté comme prisonnier d'opinion. 

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