17.10.15 - "Vos enfants resteront cachés à la cave pendant que nos enfants iront à l'école et se promener." Ce sont les mots prononcés par Petro Porochenko à la veille de la guerre engagée par Kiev contre les régions philorusses. Une guerre qui, comme l'avait prédit le président ukrainien, n'a épargné ni les civils ni les enfants.Témoignages et images recueillis par Eliseo Bertolasi à Gorlovka, une petite ville martyrisée par le feu ukrainien dans le district de Donetsk.
https://www.youtube.com/watch?v=sgZfMwwnhog
(traduction des sous-titres)
un homme :
J'aime l'Italie, c'est bien, l'Italie c'est super-bien…
Elio Bertolasi :
Avez-vous souffert beaucoup à cause de la guerre ?
l'homme :
Beaucoup. Nous ne sommes pas partis. Nous sommes ici. Nous ne trahirons pas notre Patrie. Si notre destin est de mourir alors nous mourrons. Mais nous vaincrons, le fascisme n'arrivera pas chez nous.
E.B.:
Bonjour. Quelle est la situation chez vous, à Gorlovka ?
trois jeunes femmes :
Maintenant normale, tranquille, grâce à Dieu.
Nous étudions petit à petit..
E.B.:
Ont-ils bombardé lourdement ?
t. j. f.:
Beaucoup. Nous vivions dans la cave.
Je peux dire une chose ? mon enfant est né le 27 juillet 2014, un projectile a frappé l'hôpital durant l'accouchement. Par conséquent, j'ai accouché dans la cave. C'est un garçon, il grandit.
une jeune maîtresse d'école :
Regardez ce qu'ils ont fait à notre école, où j'enseigne depuis plus d'un an. Un projectile d'artillerie a frappé en plein l'école, il y a eu un effondrement. Les gens sont en train de tout réparer avec beaucoup de zèle afin que les enfants puissent aller à l'école le premier octobre. Sont en cours de grandes restructurations.
un homme (hors champ) :
… le calibre. Il a atterri juste sur le terrain de foot, il a tout détruit. Nous avons ramassé ce qui est resté. Ici il y avait le trou très profond, ils l'ont rempli de terre est lissé la surface. Evidemment il n'est pas possible de réparer le revêtement, il faut le remplacer. Ici les enfants jouaient au foot. Il me semble qu'il s'agit de la deuxième école avec un terrain de foot synthétique. Chez nous il y a seulement deux écoles comme ça, à Zyrjanovka, il me semble, dans le district 245 et celle-ci. Où il y a un terrain synthétique et on peut jouer au foot toute l'année. Les meilleures choses vont aux enfants. Comme ce projectile de 152 mm.
deux femmes assises à l'entrée d'un HLM :
Le 25 il y a eu un bombardement. Voilà, nous sommes restés sans fenêtres.
Ils ont cassé toutes nos fenêtres. Des deux côtés. Vous voyez ? nous les avons fermées avec du cellophane, et maintenant nous attendons qu'on nous les change.
E.B.:
Savez-vous qui a été ?
les deux femmes :
Qui ? L'Ukraine, et qui d'autre ? Porochenko. Porochenko ne veut pas la paix, lui veut la guerre. Il nous considère des terroristes. Et alors ils tuent nos enfants, ils le font exprès.
Ils ont fait bombarder les écoles, une première puis une deuxième. Maintenant les enfants vont dans une autre école, jusqu'à quand les travaux de restructuration ne seront terminés. Il le fait exprès, il tue les civils.
Là il y a quatre arbres, peut-être y a-t-il encore des fragments ?
Maintenant je vous amène là. Regardez ce fragment. Il a frappé l'arbre, puis ils l'ont sorti avec un pied de biche.
E.B.:
Mais celui-ci est un quartier pacifique ?
l. d. f. :
Oui, il y vivent ses habitants, il n'y a même pas un soldat ici. Ils ont bombardé exprès. Regardez, il (le fragment de bombe) sortait de cette façon.
Voyez-vous le mur, il y avait un trou dans la maison. Un projectile est arrivé. Grâce à Dieu ils l'ont réparé. Il y avait un trou de trois mètres par trois, peut-être plus. Ils bombardent les gens. Qu'est-ce que les civils ont à y voir ? Probablement même les nazis ne faisaient pas comme ça.
E.B.:
D'après vous, comme évoluera la situation ?
une des deux femmes :
Comment le savoir… Nous attendons une forme quelconque de paix. Cela fait un an et demi qu'ils nous bombardent. Il avait dit aussi "vos enfants resteront dans la cave, et nous, nous irons nous promener, nos enfants irons à l'école, et les vôtres resteront à la cave".
Monstre...! je ne lui souhaite aucun bien.
E.B.:
Qui avait promis ces choses ?
f.:
Porochenko. Il avait dit même à la télévision : "nos enfants iront à l'école, et les leurs, c'est-à-dire nos enfants, resteront à la cave".
t. j. f. :
Ma nièce a trois ans. Elle aussi sait qu'ils bombardent, elle entend parler, elle comprend tout. Au début nous lui disions que c'était l'orage, mais désormais elle le comprend de nos discours qu'il s'agit pas de l'orage, mais de bombes, des bombardements. Elle comprend tout désormais.
Même mon enfant, lorsque commence un fort bombardement, il reste assis tranquille à la cave, il le sait ce que représente la cave. Il ne court pas, il ne joue pas comme font tous les enfants, mais reste assis tranquille, il écoute. Il entend le vacarme, indique par son petit doigt, là ils sont en train de bombarder.
Une jeune mère assise sur le bord d'une rue et sa petite fille :
Elle a tout vu. Elle a vu les explosions des Grad ; elle sait, lorsque tombent les bombes, lorsque ce sont les nôtres qui tirent, lorsqu'ils tirent d'ici. Toutes ces choses elle les sait. Voilà… elle s'appelle Nastia, elle a cinq ans et demi. Fais un sourire à ce monsieur.
Elle sait ce que c'est que la guerre et tout le reste.
E.B.:
Est-ce que tu sais à qui est dédié ce monument ? A qui ?
La mère :
Dis-le, n'aie pas peur…
Nastia :
Je ne sais pas…
La mère :
Aux enfants qui sont morts. Nous avons mis ici des jouets... vrai ?