L'orchestre du mensonge a mis moins de 24 heures pour les premières notes. Et même si ce n'était pas une opération sous fausse bannière, ça fonctionne tout comme. (Giulietto Chiesa)
Dimanche 20 juillet - L'orchestre du mensonge a mis moins de 24 heures pour produire les premières notes. Une cacophonie, bien entendu, comme celle du film de Fellini. Mais les false flag operations (opérations sous fausse bannière) requièrent justement la cacophonie. Soit, pas seulement des fausses informations, mais des informations qui se contredisent l'une l'autre, pas des informations, des divagations, analogies plus ou moins bidons, sélections arbitraires de faits, omissions, bêtises vendues en tant qu'analyses.
Il suffit d'examiner cette soupe pour arriver à une conclusion que, justement, nous sommes devant une "opération sous fausse bannière". Naturellement je ne sais pas si le Boeing 777 de la Malaysia Airlines a été effectivement abattu ; je ne sais pas exactement à quelle hauteur il volait ; si il a été abattu je ne sais pas qui l'a abattu ; je ne peux pas dire - parce que je ne le sais pas - si il a été abattu intentionnellement ou par erreur. Un tas de choses que je ne sais pas. Autant que je pourrais dire que je ne sais presque rien. Je ne sais presque rien parce que l'enquête n'a pas encore commencé et, donc, il n'y a pas les éléments pour en tirer aucune conclusion. Dans la même condition que la mienne, 24 heures après le tragique incident, se trouvaient tous les chefs d'état et de gouvernement ; tous les journalistes et les commentateurs.
Et cependant il suffit de feuilleter les quotidiens et regarder les journaux télévisés de tout l'Occident libre et démocratique, pour parvenir à une conclusion univoque : tous, sans exceptions, disent, écrivent, laissent comprendre, font entendre, font allusion, insinuent que les responsables de l'abattement sont les "philorusses" qui combattent contre le gouvernement central de Kiev. Celle-ci est la première "évidence" qui émerge. Naturellement indépendamment des données, des faits, mais émerge nettement, comme "l'unique hypothèse possible". La deuxième "évidence", qui émerge bien que restant légèrement dans le fond, est la "responsabilité russe". Qui consisterait dans le fait d'avoir appuyé les "terroristes" du Donbass et du Lugansk, soit les "responsables" de l'atroce délit. "En effet" - ça n'a rien à voir, naturellement - le jour d'avant à Bruxelles ils étaient en train de discuter de nouvelles sanctions contre Moscou et, "donc", il sera opportun suivre les indications de Washington et imposer de nouvelles sanctions.
Voilà : si ça n'a pas été une false flag operation, on peut dire tout de suite que, quoi que cela ait été, ça a fonctionné comme une false flag operation.
Se retrouver dans cette mer de purin est impossible. Les "opérations sous fausse bannière" sont pensées exactement pour cela. Il y a des groupes de spécialistes des services secrets qui les construisent sans cesse. C'est leur métier et ils savent le faire assez bien. Il se fonde sur quelques principes, pour la plupart exacts : créer des situations dont la vérité ne sera jamais découverte. Ou bien elle sera découverte après une certaine période de temps, lorsque désormais les jeux qu'on devait faire sont déjà clos. Confier dans le fait que le système médiatique est moyennement composé par des imbéciles de différents degrés, et des malhonnêtes qui joueront l'accompagnement (dans la meilleure des hypothèses des personnes qui, étant bâillonnées, ne peuvent dire la vérité, même pas dans le cas où elles seraient intentionnées à la chercher). Enfin compter sur le fait - vérifié expérimentalement dans des dizaines d'occasions (rappelons-nous le 11 septembre 2001 comme exemple très clair, mais aussi la plus récente "bombe de Boston", ou alors la énième mort de Osama ben Laden) - que ce qui compte est l'impression crée dans le premier instant sur des millions de spectateurs-auditeurs.
Ce qui viendra après ne pourra plus l'effacer.
Dans ces brèves notes je ne peux donc proposer de faire la chasse à l'erreur. Je saurais par où commencer, mais pas où terminer. La quantité de bêtises mélangées à des faussetés, sur la presse et dans les médias italiens est telle que l'expression - récemment employée par Pino Cabras sur megachip.info - de "papier toilette" pour qualifier "La Repubblica", en relation au massacre de Gaza (à la dernière, celle en cours) est même généreuse. Laissons donc tomber l'Italie.
Mais je voudrais essayer un petit "exercice d'école" sur comment la BBC, l'élevée BBC, a rapporté les événements connectés avec la destruction du Boeing 777 dans la journée de samedi 19 juillet. Un jour quelconque de sépulcres blanchis à l'énième puissance. Il s'agit d'une chaîne all news, qui répète des dizaines de fois, en les mettant à jour, les mensonges du jour. Je la suis pendant quelques heures. Le visage du présentateur exprime le deuil, mais un deuil modéré. Il nous propose une longue conférence de presse d'un porte-parole du gouvernement de Kiev. Qui expose, évidemment, les accusations du gouvernement de Kiev aux "terroristes". Suit une correspondance depuis Kuala Lumpur, d'aucune importance politique. Viennent ensuite les informations sur les sanctions contre Moscou, qui seront durcies sur demande de Washington. Puis les colloques téléphoniques entre Merkel-Obama-Hollande-Cameron. Brièvement aussi Poutine. De la réunion d'émergence du Conseil de Sécurité russe une image de la durée d'environ deux secondes. Donc des images depuis le Donbass, où l'on dit que les rebelles philorusses ne laissent pas arriver sur le lieu du désastre les membres de la délégation OSCE, ni les représentants du gouvernement de Kiev. Les images contredisent de manière éclatante le son. On voit des hommes en uniforme du ministère pour la protection civile ukrainienne qui se déplacent au milieu des débris. Le son fait allusion à des non mieux précisés épisodes de pillage et de vols d'objets personnels des passagers défunts du Boeing. Il semble, à entendre la BBC, que les rebelles aient caché, on ne sait pas où, et on ne sait pas pourquoi, des dizaines de cadavres. On intuitionne que l'enquête internationale rencontrera de graves difficultés à cause des obstacles entreposés par les philorusses.
Le tout entrecoupé par les "morceaux choisis" des experts ukrainiens. On voit le visage de Nalyvaichenko, chef des services secrets ukrainiens, qui communique la découverte des "preuves" que les "terroristes" ont abattu l'avion. Il est rapporté qu'ils visaient à abattre un Ilyushin qui transportait des victuailles à l'armée engagée dans les combats. C'est-à-dire qu'est introduite subrepticement la version de l' "erreur de visée", mais toujours par les rebelles. On procède de la sorte pendant plusieurs dizaines de minutes. Pas un mot sur le fait préliminaire que l'avion était, au moment d'être abattu, sous le contrôle du centre radar de Dneprotetrovsk, soit sous la responsabilité du gouvernement ukrainien. Un autre porte-parole ukrainien annonce qu'il existe l'enregistrement des colloques entre deux chefs militaires des rebelles qui confirmerait que ce sont eux qui ont abattu le Boeing.
Silence absolu sur les sources des rebelles. Lesquels, bien visibles sur toutes les chaînes russes, affirment de ne pas avoir d'armes capables de dépasser les trois-quatre mille mètres d'altitude. Et que, donc, si l'avion a été abattu, ce ne peut pas avoir été eux. Inutile de souligner que même celles-là ce sont des déclarations partisanes et elles sont à prendre sous bénéfice d'inventaire. Mais cela devrait valoir pour tout le monde. Les chaînes russes rapportent les déclarations des responsables militaires russes, desquelles on déduit beaucoup de choses intéressantes. Les russes ont enregistré les signaux radio de la position des missiles qui a lancé le missile. Et affirment savoir (évidemment des relèvements satellitaires) que l'armée ukrainienne avait au moins trois positions de missiles Buk (ceux en mesure d'atteindre 14.000 mètres d'altitude) dans les environs immédiats de la zone. Mais la BBC ignore jusqu'à la nouvelle. Mieux vaut ignorer que contester.
Quant aux enregistrements de la conversations entre les responsables du lancement par erreur, évidemment "terroristes", les télévisions russes montrent les résultats des analyses. Selon les experts russes il s'agit d'une grossière falsification, réalisée "en cousant" des conversations radio qui ont eu lieu dans différents moments et dans des lieux différents. Prenons avec des pincettes cela aussi, mais voulons-nous l'enregistrer ? La BBC l'ignore. Ignore-t-elle aussi la circonstance qui, si elle est vraie, serait explosive (mais voulons-nous l'enregistrer ?) que la conversation radio a été falsifiée "avant" l'abattement du Boeing malaysien ? A Kiev il y avait des prophètes, évidemment, mais il vaut mieux ne pas rendre compte des prophéties ukrainiennes.
En synthèse : l'ordre de l'écurie est celui de donner de la voix seulement aux sources officielles ukrainiennes et occidentales, tout en ignorant les autres. Seront tus aussi les "détails" de la situation sur le terrain. Le territoire où est tombé l'avion (mais quelle coïncidence) est entièrement dans les mains des rebelles. Mais cela n'est pas dit parce qu'il pourrait nuire à la propagande de Kiev. Et pas non plus la question la plus évidente n'est formulée : comment se fait-il que l'armée de Kiev a transporté dans l'aire proche des combats des positions de missiles anti-aériens ? Les rebelles, comme c'est connu, n'ont pas d'aviation du tout. C'est vrai qu'ils ont abattu une dizaine d'avions de chasse ukrainiens et une vingtaine d'hélicoptères, mais à quoi servent les batteries de missiles Buk contre un ennemi qui n'a pas d'avions ?
Il y avait, lorsque j'étais jeune, une émission radio de la RAI conduite par Arbore et Boncompagni, Alto Gradimento, qui employait le slogan "Non, ce n'est pas la BBC". Je l'écoutais tout le temps. Ce refrain c'était pour dire qu'on plaisantait : rien de sérieux, nous ne sommes pas comme ceux-là ! Voilà, maintenant le slogan irait bien. Celle-ci, dont nous sommes en train de parler est vraiment la BBC. Et c'est même l'Occident. Rien de sérieux.
Giulietto Chiesa
traduit de l'italien
source :
http://megachip.globalist.it/Detail_News_Display?ID=107102&typeb=0&Prova-d-orchestra-e-false-bandiere