18.10.2014 - La rencontre - qui a eu lieu hier à Milan - entre le président ukrainien, l'oligarque Petro Porochenko, et le russe Vladimir Poutine, n'a pas abouti à faire des pas concrets dans un processus de paix qui sur le terrain ne trouve pas de confirmation, malgré l'aboutissement à l'accord sur la surveillance aérienne de la frontière entre les pays européens et Moscou.
Dans les dernières 24 heures deux militaires ukrainiens sont morts et d'autres trois ont été blessés au cours d'un affrontement avec les miliciens des Républiques Populaires qui continuent à soutenir leur indépendance, malgré que à Milan Porochenko et Poutine aient parlé seulement d'un certain degré d'autonomie possible dans les oblast de Donetsk et de Lugansk du gouvernement central de Kiev.
Selon le porte-voix des forces armées ukrainiennes, Volodomir Poliovi, un miliaire de Kiev aurait été tué par un sniper et l'autre par un coup de mortier.
Selon les commandements militaires de la République Populaire de Donetsk en outre, une salve d'obus tirés par l'artillerie ukrainienne aurait frappé par erreur une colonne de blindés gouvernementaux en proximité de l'aéroport, détruisant plusieurs véhicules et tuant plusieurs soldats, circonstance pour l'instant ni démentie ni confirmée par Kiev.
Dans les dernières heures, en outre, nombreux projectiles d'artillerie se sont abattus de nouveau sur la principale ville du sud-est ukrainien. A l'avoir dénoncé c'est le Conseil communal de Donetsk, tout en précisant que ce sont les quartiers de Kuibishevki et Kiivski qui ont été frappés et que "plusieurs immeubles résidentiels ont été détruits ou partiellement endommagés".
A distance d'un peu plus d'une semaine du vote de dimanche 26 octobre la campagne électorale à Kiev est désormais au rush final. Les élections parlementaires anticipées convoquées par le président Petro Porochenko sont un test important pour comprendre le degré de légitimation interne du nouveau régime, qui gouverne le pays après s'être imposé à travers un coup d'état militaire inauguré par les protestations philo-occidentales de la place Maidan et qui s'est conclu par les assauts des groupes néo-nazis contre plusieurs sièges institutionnels et des représentants des partis gouvernementaux et de la gauche pendant que les secteurs philo-OTAN des forces armées imposaient le changement de régime.
Mais la conflictualité et la compétition entre les différentes aires du nouveau régime est très rude, il suffit de voir les manifestations persistantes et violentes de l'extrême droite - en particulier Pravyi Sektor et Svoboda - qui bien que pouvant compter sur des ministres et sur quelques postes clés à l'intérieur des appareils militaires revendiquent un plus grand pouvoir et une reconnaissance, y compris à travers des constantes épreuves de force à l'égard du reste de la majorité ayant débouché à plusieurs occasions dans des assauts au siège du Parlement ou du Gouvernement.
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Aux prochaines élections le 'roi du chocolat' Porochenko se présente avec le Bloc qui porte son nom, alliance constituée par son parti "Solidarité" et par les libéral-nationalistes de "Udar" avec à sa tête le préféré d'Angela Merkel, l'ex champion de boxe Vitaly Klitschko.
Dans son programme l'actuel chef de l'état a inséré la bataille contre la corruption et le népotisme, qui a sûrement caractérisé les institutions depuis l'indépendance renouvelée du pays au début des années '90. Mais il est déjà possible de prévoir que Porochenko emmenera avec lui au parlement nombreux parents et 'amis'. Parmi les papables il y a Oleksiy Porochenko, le fils de 29 ans de l'entrepreneur candidat dans la circonscription blindée de Vinnitsa en directe tv depuis plusieurs semaines sur la 5e Chaîne, la télé de famille. Après avoir étudié en France et en Angleterre Oleksiy Porochenko a travaillé pour l'entreprise de famille, la "Roshen", et a commencé sa carrière politique en 2010 lorsqu'il eut son premier mandat dans la diplomatie pour ensuite être élu à la Rada.
En plus du jeune fils, dans la longue liste électorale de Solidarité il y a aussi l'ex ministre de l'Intérieur Yuriy Lutsenko et sa femme Irina, qui est l'administrateur délégué de la 5e Chaîne et député de la Rada. Dans le "Bloc de Petro Porochenko" il y a aussi la fille du vice président de la Rada Serhiy Pavlenko, une femme de 31 ans, Oleksandra Pavlenko.
Ce n'est pas mal pour un régime qui s'est affirmé avec la violence pour "libérer l'Ukraine des oligarques". Comme le fait remarquer Nikolay Kravchenko, responsable du Parti Communiste Ukrainien dans la région de Donetsk, Porochenko a déjà amplement surclassé" le président défenestré, Vicktor Yanoukovitch, pour le nombre de parents et compères glissés à des positions clés. "Il n'y a rien de rien de changé. Au contraire, tout a empiré de beaucoup. Maintenant des clans familiaux entiers sont en train de marcher sur la Verkhovna Rada" a dit Kravchenko aux agences de presse.
Un autre exemple de ce phénomène sont l'ex speaker de la Rada, Volodomyr Litvin, et son fils Ivan, qui deviendra le député le plus jeune du parlement. Les deux sont candidats dans des circonscriptions à nette dominance maidaniste. La campagne électorale du jeune Ivan est coordonnée par son beau-père Andriy Derkach, fils à son tour de l'ex-chef des services de sécurité de l'Ukraine, Leonid Derkach. Une autre candidate, Oksana Kaletnik, est la nièce du président de la Commission agriculture de la Rada, Grigory Kaletnik et cousine de l'ex chef du Service douanier ukrainien et ex vice président du parlement, Ihor Kaletnik.
La région de la Trans-Carpatie est le fief personnel du clan Balog, qui est en train de se diriger vers la Rada sous les drapeaux du parti du président. Viktor Balog, l'ex chef du personnel de l'administration du président Yushchenko et actuellement membre du parlement, est en liste dans la ville de Mukachevo. Pavlo Balog, à Kust. Ivan Balog à Vinogradovo. Leur cousin Vassily Petevka à Tyachev. Les frères Dubnevich, Bogdan et Yaroslav, d'importants producteurs agricoles, sont sur les listes électorales dans la région de Léopolis.
Dans l'extrême droite 'de gouvernement' aussi le système est le même. Oleh Tyahnibok, le leader de l'ex parti nationalsocialiste "Svoboda" est le n°1 dans la liste électorale de Léopolis, citadelle fasciste, tandis que son frère Andriy est candidat dans la circonscription de Stary Sambor, toujours dans la même région.
Après le triomphe aux présidentielles de mai, le chef de l'Etat a été donné pour nettement favori par les sondages de la veille : entre 30-40% selon les instituts. Mais il y a beaucoup plus d'incertitude sur quels et sur combien de partis parviendront à dépasser le seuil de 5% pour entrer à la Rada. La formation d'un nouvelle majorité gouvernementale pourrait donc se révéler compliquée et Porochenko sera probablement contraint à se confier à de vieux ou de nouveaux partenaires.
Par exemple pour le chef du gouvernement Arseni Yatseniuk. L'actuel premier ministre, catapulté à la tête du Pays à la fin de février mais sans aucune légitimation populaire se présente aux électeurs avec une nouvelle formation - le Front populaire (estimé à 6-7%) - né de la scission de Patrie, le parti de Yulia Tymoshenko (estimé aussi autour de 6-8%).
Rédaction Contropiano
http://contropiano.org/internazionale/item/26996-ucraina-non-c-e-tregua-la-corsa-degli-oligarchi-al-parlamento