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Y a-t-il un usage de gauche de la pensée réactionnaire ? par Yann Moulier Boutang

« Les extrêmes sont toujours fâcheux, mais ils sont sages quand ils sont nécessaires. Ce qu’ils ont de consolatif, c’est qu’ils ne sont jamais médiocres et qu’ils sont décisifs quand ils sont bons » Cardinal de Retz, Mémoires, II partie, Edition Pléiade, p. 108.

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http://www.multitudes.net/y-a-t-il-un-usage-de-gauche-de-la/

par Yann Moulier Boutang (Multitudes)
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Une anecdote pour entrer en matière : la publication d’un livre de Carl Schmitt au Seuil.

Deux événements récents ont placé sous les feux de la rampe l’examen de la pensée réactionnaire. En novembre 2002, paraissait au Seuil dans la Collection, l’ordre philosophique, dirigée par Barbara Cassin, un livre de Carl Schmitt de 122 pages sur le Léviathan de Hobbes (1938). Le livre avait beau être préfacé par Etienne Balibar (64 pages) sur et postfacé par Wolfgang Palaver (51 pages), deux auteurs peu susceptibles de complaisance à l’égard de ce penseur effectivement très à droite, il n’en souleva pas moins un ou deux articles fielleux dans le Monde. L’un d’une journaliste, assez superficiel, expliquait qu’il y avait problème à faire entrer une collection prestigieuse de philosophie un auteur compromis avec le régime nazi et que cela illustrait un « climat » tout à fait bien décrit dans un ouvrage qui paraissait au même moment, Rappel à l’ordre de Daniel Lindenberg. L’autre plus inexcusable, car il émanait du grand spécialiste universitaire de Hobbes en France, déclarait froidement que l’on ne pouvait prendre en compte tout texte de Schmitt que comme un témoignage historique, mais que l’on ne devait en aucun cas lui faire l’honneur de lui conférer un statut philosophique. Barbara Cassin répondit à cette pseudo argumentation en faisant remarquer qu’à ce titre, il ne resterait pas beaucoup de grands philosophes à publier : le réactionnaire Platon, l’ambigu Machiavel, et le très absolutiste et anti-révolutionnaire Thomas Hobbes lui-même. Elle ne se donna pas la peine de répondre à l’accusation de faire le jeu des « nouveaux réactionnaires ». L’article s’appuyait d’ailleurs sur une incise du livre de Lindenberg (p. 59) qui notait le glissement de référence de Tocqueville à Schmitt et taxait de « schmittiens de gauche » la revue Multitudes dont Barbara Cassin fait également partie. Je précise que personne dans la revue Multitudes, ne s’affirme comme tel. Mais cette inexactitude est intéressante car elle permet de clarifier une question importante pour la gauche : faut-il lire les penseurs réactionnaires ?

la suite à lire sur le site de la revue Multitudes...

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